«Dans la vie, il faut se lancer». Il y a ceux qui réfléchissent, tergiversent, hésitent, et il y a ceux qui vont de l’avant. C’est ce qu’a fait M. Pierre Gautier à 25 ans, en avril 2019. « J’ai fait le choix de me lancer dans le maraîchage bio sur la commune de Paule, une aventure raisonnée car j’ai les mains dans la terre, je gère des saisonniers, je vérifie mon niveau d’activité… mais je ne regrette pas mon choix.»

Issu d’une famille d’agriculteurs non conventionnels, Pierre Gautier est passé par le collège Saint-Trémeur à Carhaix avant de rejoindre le lycée de Pommerit-Jaudy. L’agriculture bio, il n’y pensait pas trop à l’époque, mais lorsqu’il termine ses études, l’opportunité se dessine de reprendre une exploitation de quelque 70 hectares qui était déjà en agriculture biologique. Sans hésitation, il se lance, découvre une autre manière de produire, se renseigne, rencontre d’autres producteurs bio…

«Cela fait maintenant 2 ans et demi que je me suis installé, et je n’ai pas encore tout le recul nécessaire pour faire un point d’étape, mais je constate que beaucoup de producteurs passent au bio ces derniers temps. Quant à moi, je me trouve bien dans ce que je fais.» 

Ici, pas d’intrant, c’est à la main que se fait le travail avec l’aide de quelques outils mécaniques de désherbage. «Le plus gros du travail, c’est au début, tant que la culture ne couvre pas le sol, il faut alors rivaliser avec les «mauvaises herbes» qui cherchent à gagner du terrain. 

Par exemple, pour les carottes c’est le plus difficile, il y a beaucoup de désherbages qui doivent être faits à la main, nous sommes parfois 14 saisonniers sur le terrain. Ensuite, il faut lutter contre la mouche de la carotte, capable de dévaster les récoltes. Nous devons alors poser un filet qui va couvrir 3 hectares, ce qui représente un coût important de 6000€ l’hectare. Heureusement le filet dure 3 ans.»

L’essentiel de la production, pommes de terre, carottes, oignons, brocolis, haricots, petits pois… est expédié à la coopérative Douar Den de Saint-Nicolas-du-Pélem. Pour le moment, M. Gautier limite ses ventes à quelques rares clients, car il lui faudrait s’équiper en matériel d’ensachage et organiser les livraisons, un coût supplémentaire. 

«Vendre des produits bio coûte plus cher et les grandes et moyennes surfaces de distribution s’intéressent tout particulièrement à nos productions; une guerre des prix pourrait finir par voir le jour. 

Pour le moment, notre coopérative veille à préserver les prix de nos produits; reste à voir comment le marché évoluera si la production augmente de façon trop importante.»