La météo du mois d’août en Bretagne n’a pas offert aux vacanciers les excès du mois de juillet. Un peu de fraîcheur et quelques petites pluies ont peut-être conduit les estivants à s’intéresser aux musées, manifestations et expositions mettant en avant culture et coutumes locales. Le traditionnel sabot breton fait sans doute partie de cette image d’Épinal qu’ont certains de la Bretagne, bien qu’il ne reste plus aujourd’hui qu’environ un fabricant par département. Il demeure cependant possible de découvrir cet ancien métier par le biais d’expositions locales. 

A Spézet, un vaste espace aménagé regroupe les outils manuels qu’utilisaient les sabotiers autrefois, installés dans leur hutte au cœur de la forêt bretonne, ainsi que les machines plus récentes ayant permis d’industrialiser cette production. Ce voyage au cœur d’un métier mal connu a été rendu possible grâce au don effectué par la famille Guillou, sabotiers de père en fils, originaire de Leuhan. Un don fait sous condition, celle de mettre en valeur ce patrimoine afin qu’en perdure la mémoire. 

Un défi relevé par la commune et surtout par M. Youenn Le Fur, cheville ouvrière de cette exposition. Tourneur sur bois amateur et passionné, toujours disponible pour rendre service, M. Le Fur s’est initié à l’histoire et aux évolutions du métier de sabotier sur lequel il a collecté nombre de documents historiques. 

Mais son véritable défi a sans doute été de sortir de leur gangue de graisse protectrice les machines soigneusement conservées depuis une trentaine d’années. Des semaines de démontage, nettoyage, passées à tout noter sur des cahiers, croquis à l’appui pour permettre aujourd’hui aux visiteurs, en compagnie de M. Le Fur, de suivre la fabrication d’un sabot à partir du morceau de bois fendu en forêt. «Je ne suis pas sabotier et je n’ai pas leur savoir-faire», confie ce dernier, qui n’a pas hésité à soumettre ses réalisations à M. Kervoas à Belle-Isle-en-Terre, issu d’une famille de sabotiers depuis le XVIIe siècle, ainsi qu’à M. Simon, sabotier à Camors dans le Morbihan. 

Dans cette exposition-atelier où s’amoncellent les copeaux de bois, on peut voyager de la fabrication la plus traditionnelle, à la main, jusqu’aux machines plus modernes, capables de reproduire à l’identique les dizaines de modèles de sabots conservés avec soin pour répondre aux besoins de la mécanisation. Un progrès autorisant une production de 12 paires par heure soit celle de deux sabotiers en 2 jours, conduisant ces derniers à abandonner leurs huttes forestières pour se rapprocher des lieux de vente. 

L’exposition-atelier spézétoise accueille Place Diaouled-ar-Menez écoles, groupes et particuliers tout au long de l’année pour une visite guidée d’une heure et demie particulièrement enrichissante.


Echos du Poher : Spézet


M. Simon, sabotier à Camors dans le Morbihan…