Rayons de soleil et averses de pluie ont joué à cache-cache une partie de cet été, donnant une atmosphère un peu particulière aux gorges de Toul Goulic. 

C’est au fond de cette vallée encaissée, dont les berges abruptes se couvrent de chênes et de hêtres, qui s’élancent au gré des trouées de lumière, que serpente le Blavet s’étirant sur une distance de 300 mètres sous un chaos granitique abondant, ne laissant qu’entendre le grondement sourd de l’eau.

L’on pourrait s’aventurer à comparer ces gorges avec celles du Corong, qui bien plus larges et moins boisées, permettent aux promeneurs de cheminer avec plus de sécurité. Mais s’enfoncer au fond de cette vallée requiert une certaine prudence, car il faut avoir le pied agile pour mettre ses pas sur un chemin de fraîcheur rendu souvent glissant par la présence de mousse, lichens et autres fougères. Quant aux adeptes de l’escalade sur les imposants blocs granitiques, ils ne seront pas déçus, mais gare aux chutes. 

La voûte boisée très dense semble appeler le visiteur au calme, à condition de laisser son oreille saisir les bruits de la nature tout en gardant les yeux bien ouverts pour entrer dans un monde où l’imaginaire s’ouvre dans un décor un peu irréel. 

Cavités rocheuses, trous dans le sol, entrelacs de racines offrent autant de caches secrètes qui attendent une faune qui sait se faire prudente lorsque tombe le soir. Les fins observateurs sauront repérer les empreintes discrètes laissées de-ci de-là sur les berges. 

La loutre d’Europe y trouve son refuge, tout comme le murin de Daubenton, petite chauve-souris qui chasse les insectes à la faveur de la nuit, ou encore l’escargot de Quimper, espèce protégée, et la mulette perlière qui peuplent ces lieux. En 2014, les secours avaient dû extraire un cerf piégé par la rivière, bloqué entre les rochers.

Depuis bien des siècles, c’est un véritable combat qui se joue entre l’eau et la pierre. Des blocs qui se fracturent prennent des formes étranges, immenses roches de granit en déséquilibre semblant parfois défier les lois de la pesanteur. 

Cette vallée retirée au cœur de la Bretagne près du hameau de St-Antoine forme avec la forêt toute proche de Kerné Uhel, sur environ 160 ha, un site Natura 2000. Un peu plus loin, en amont, le barrage situé sur le Blavet crée une imposante retenue d’eau potable qui alimente une partie du département des Côtes-d’Armor. Ce plan d’eau entouré de forêt offre aux adeptes d’une nature préservée un lieu de calme où l’on peut profiter des couleurs de l’automne en suivant le sentier d’une quinzaine de kilomètres qui borde le lac.

La base de loisirs toute proche favorise d’agréables sorties en canoë, ainsi que la pratique de la pêche. Carpes, brochets, perches, sandres, gardons, ablettes, tanches, brèmes ou encore des rotengles peuplent le lac à moins que vous ne préfériez observer les poules d’eau, les hérons cendrés, les libellules déprimées, les martins-pêcheurs, ragondins et autres grèbes huppés qui ne manqueront pas de vous dépayser, le temps d’une promenade.