Avait-il raison ce philosophe anglais en donnant, non sans humour, quelques conseils aux personnes «d’un certain âge», comme on le dit non sans élégance à notre époque…? 

A l’inverse de l’historien Jules Michelet qui parlait de la vieillesse «comme un long supplice» (mais il était devenu très pessimiste en vieillissant !), notre philosophe distillait des recommandations, qui sans être «paroles d’évangile» n’en étaient pas moins à considérer et, peut-être pour certaines d’entre elles, à retenir !

Mais en voici quelques échos :

«Pour être heureux en vieillissant…

Ne parlez pas trop de vous-même, 

N’imposez aux adolescents 

Votre présence que s’ils la veulent.

Ne vous montrez pas soupçonneux

Non plus qu’acariâtre ou morose.

Ne critiquez à qui mieux mieux

La façon dont on vit et cause,

Toutes les mœurs du temps présent

Et les plaisirs de la jeunesse;

Soyez au contraire indulgent

Pour leurs folies et leur faiblesse.

Ne bavardez pas sans arrêt…

Ne tranchez pas de tout sujet

D’un ton péremptoire et suprême…

Plus léger sera le fardeau

de l’âge en suivant ces préceptes,

Mais ne vous en targuez pas trop

Car le pis c’est d’être immodeste.»

Notons que plusieurs de ces remarques peuvent être reçues par tous, quel que soit l’âge…

Nées de l’expérience autant que de la réflexion, elles semblent intemporelles…

L’être humain ne changeant guère, ces enseignements pertinents auraient pu être donnés à diverses époques et en tous lieux.

L’observation, le bon sens amènent naturellement à ces conclusions.

«Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, écrivait l’Ecclésiaste, ce qui a été c’est ce qui sera, ce qui s’est fait se fera.»

Et de fait, toute l’histoire des hommes le prouve, tant dans le domaine du bien et de l’élévation de l’esprit, que de ce qui est bas, de ce qui dégrade l’être humain et l’avilit.

Cela s’observe dans les comportements des individus comme dans celui des tribus et des nations…

L’humour du philosophe réussira vraisemblablement à interpeller qui aurait refusé d’écouter un discours moralisant.

La simplicité n’exclut pas la profondeur…

Certes, il est des hommes comme des femmes, «les jeunes» diront certains, pas seulement pourra-t-on rétorquer, qui ne veulent ni écouter, ni entendre, «qui n’ont de conseils à recevoir de personne», comme l’illustre si bien cette affirmation aussi stupide que prétentieuse.

Mais beaucoup d’autres en souriant – sourire un peu jaune, s’ils se sentent très concernés ! – reconnaîtront la pertinence, voire la sagesse de ce petit appel à la lucidité et à la convivialité.

Qui n’a besoin d’écouter ?

Qui a atteint une telle maturité, une telle perfection, que toute remise en cause d’une manière de parler, ou d’agir, de se comporter, s’avère inutile ?

Peut-être ririons-nous cette fois, comme le firent les auditeurs d’une réunion où l’homme au micro se targuait d’une conduite exemplaire en tous points, quand soudain une voix se fit entendre, celle de son épouse : «Je suis là !»

Avoir l’humilité d’écouter ceux qui vivent avec nous, pour peu, bien évidemment, qu’ils nous aiment et veulent aider, et non blesser, abaisser, calomnier…

Savoir et vouloir entendre, permet de se voir avec des yeux que la subjectivité n’altère pas… et de redresser ce qui doit l’être.

Dans les propos de ce philosophe, il n’y a pas l’ombre d’un pessimisme verbeux, encore moins d’aigreur, ni de jugement sans appel.

Simplement quelques leçons dispensées avec gentillesse dont chacun, jeune ou «vieux», pourra faire son profit – car les jeunes d’aujourd’hui ne sont-ils pas les «vieux» de demain ? – à condition de vouloir entendre et réfléchir…

Car là est souvent la pierre d’achoppement, l’obstacle à tout progrès!, à toute victoire sur le caractère, l’atavisme, les habitudes dont on a hérité ou que l’on s’est forgées.

N’y a-t-il pas pour chacun, dans ce «petit poème», quelque chose à glaner ?

A l’aube de cette année nouvelle, 

temps où beaucoup aimeraient prendre des résolutions et décisions quant à leur vie, et… les tenir, cette parole peut avoir au moins le mérite d’attirer l’attention sur notre manière d’être, sur «l’art de vivre» !

Ne serait-ce que pour cela, il n’était pas inutile d’entendre cette voix venue d’outre-Manche, et qui ne nous veut que du bien.

Et quand, voulant aller encore plus loin dans la connaissance de soi, des comportements humains,… des réalités et vérités qui demeurent dans ce monde où tout passe, nous ouvrons la Bible, et y puisons les enseignements et encouragements dont nous avons vraiment besoin, alors… notre «route d’homme», notre destinée d’humain éphémère, mais au destin éternel, apparaît à nos yeux.

«C’est par ta lumière que tout s’éclaire», s’exclamait l’homme de Dieu en priant.

Une lumière venue d’en haut et qui transcende toutes choses.