« En politique, les deux grands « camps » étaient bien connus et bien marqués : il y avait les «blancs» et les «rouges»…

Les affrontements étaient plus durs, en paroles et en gestes, avec des insultes et des bagarres publiques…

Aujourd’hui, l’affrontement est plus feutré, du moins lorsque l’on ne se meut pas en coulisses… »

J.Y. Michel jette sur les êtres et les choses le regard scrutateur de l’historien qui aime aller au-delà des apparences et des lieux communs, fouiller avec rigueur et minutie la mémoire comme l’actualité pour mettre en évidence les courants et les ressorts profonds qui ont motivé les actes et les événements d’hier, et qui suscitent ceux d’aujourd’hui.

Un regard critique – au sens premier du terme – empreint d’humour parfois caustique ; une démarche qui permet aussi à l’homme habitué à fréquenter la longue marche de l’histoire, de
considérer le présent avec recul, et de le mettre en perspective.

Aujourd’hui retiré d’une carrière d’enseignant entièrement consacrée aux élèves de Carhaix – et vécue comme une vocation un peu à l’instar et dans l’esprit de ceux que l’on nommait naguère les « Hussards noirs de la République » – M. Michel n’en continue pas moins à éplucher les archives, à étudier sur le terrain et à rédiger, tel un chercheur universitaire, sondant l’histoire locale en des pages souvent inédites, car ne se contentant pas de redites…

Après un premier interview voici 15 ans, Regard d’Espérance a voulu ce mois feuilleter avec lui
plusieurs de ces pages locales où le passé éclaire l’actualité d’un jour singulier : grande et petite histoire de la vie politique – l’un de ses sujets de prédilection – souvenirs de la «Grande Guerre» dans le Poher, marques profondes laissées ici par la Révolution, entre autres… sans oublier les expériences vécues par l’acteur de la vie politique qu’il a été en tant que conseiller municipal à Plounévézel, ni celles du professeur qui a eu face à lui tant d’enfants de la contrée!


Voudriez-vous vous présenter brièvement ?

« Je suis originaire du Poher, né à Carhaix au lendemain de la Guerre. Mes grands-parents étaient de Poullaoüen, Kergloff et Carnoët, tous paysans ou charpentiers…

Mon père étant cheminot et contraint à des mutations professionnelles incessantes, je n’ai jamais été scolarisé à Carhaix.

J’ai fait mes études au lycée de Guingamp, puis à l’Université de Rennes, seule en Bretagne à l’époque, avec celle de Nantes…

Jeune enseignant d’histoire, j’ai eu la surprise d’obtenir satisfaction pour le premier poste que je demandais : Carhaix. J’étais alors très content, mais serais beaucoup moins enthousiaste aujourd’hui, à la lueur des 37 années que j’y ai passé…

Ma femme, Anne-Marie, a également fait sa carrière d’enseignante à Carhaix. Nos deux enfants, Youn et Katell, sont aussi dans l’enseignement, tous deux agrégés et normaliens,
l’un étant Maître de conférences en histoire à la faculté des lettres de Caen, l’autre enseignant l’allemand en lycée, en Alsace. Son mari est allemand et travaille en Suisse…

Nous avons quatre petits-fils.

L’on a toujours, dans la famille, attaché beaucoup d’importance – peut-être trop ? – à l’instruction. C’est une tradition familiale qui s’est transmise. Mon grand-père avait,
en 1906, son certifi cat d’études. Ce n’est pas grand-chose, mais à l’époque ce n’était pas rien non plus.

J’ai participé à la vie municipale de Plounévézel, en tant qu’élu, pendant 19 ans…

Aujourd’hui à la retraite, mes activités favorites sont la lecture – j’ai toujours lu une cinquantaine de livres par an –, des travaux de recherches historiques, la musique baroque: des musiciens tels que Bach, Vivaldi ou d’autres, qui ne sont pas tous très connus comme Boccherini, Schmelzer.

J’ai aussi une passion pour la culture des rosiers. »

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