«En Corse, on perçoit tout de suite que s’annoncer comme breton vous donne une clé pour ouvrir, ou se voir ouvrir, des portes plus facilement! L’on sent une certaine proximité, une affection…

La perception d’une certaine similarité de destin face à l’histoire, au jacobinisme, joue manifestement un rôle en ce domaine.

«Vous êtes un peu des cousins!» est une phrase que nous avons entendue plusieurs fois…» 

C’est à une vaste «enquête corse» que Regard d’Espérance convie ses lecteurs dans cette édition d’avril, sur les pas de notre collaborateur Erwann Charles, Maître de Conférences à l’Université de Brest, et rédacteur de la page «économie et société» du journal.

Accompagné de deux collègues enseignants à l’U.B.O., celui-ci vient en effet de conduire un groupe d’une douzaine d’étudiants de cinquième année universitaire (Master II) dans une minutieuse «étude de terrain» de dix jours – faisant elle-même suite à près d’une année de préparation– dans la région d’Ajaccio: 

une soixantaine de personnalités corses, acteurs économiques, responsables politiques, journalistes… rencontrés et longuement interrogés; des centaines de kilomètres parcourus et des dizaines de sites visités pour s’imprégner des réalités profondes d’un territoire, le voir vivre, le comprendre dans ses facettes diverses, en analyser les ressorts, atouts et handicaps… afin de dégager les pistes d’un développement harmonieux pour son avenir.

Ces études approfondies, bien éloignées d’une vision superficielle et touristique d’un territoire, les promotions du «Master de Gestion des territoires et Développement local» de l’U.B.O. en effectuent une par an, ce qui les a menées, par exemple, de la modernité européenne de Bruxelles, ou de l’essor du centre-ville de Québec, à la rencontre avec des «Indiens» du Grand Nord canadien, en Abitibi-Témiscamingue…

Regard d’Espérance a donc de nouveau saisi l’occasion de proposer dans ces pages un voyage de découverte, savoureuse par l’anecdote et riche d’informations parfois méconnues, à travers la Corse, terre si lointaine – et pourtant si proche par certains côtés– de la Bretagne et des Bretons. 


Vous étiez récemment en Corse… Mais dans le cadre d’une enquête universitaire et non de «vacances au soleil» ! Quel était le but de ce voyage d’étude ?

«Les termes «enquête universitaire» sont assez justes, car il s’agit – dans ce que nous appelons une «étude de terrain» – d’aller étudier un territoire dont la problématique de développement est singulière, afin d’en comprendre les spécificités, les enjeux, avec quatre grandes pistes d’analyse: les atouts, les faiblesses et, en se projetant dans l’avenir, les opportunités et les menaces…

Pour les étudiants, ce genre d’enquête leur permet de mobiliser les connaissances et les «outils» acquis pendant leurs deux années d’études du Master, sur un territoire qu’ils ne connaissent pas et vont analyser, avant de partir pour six mois de stage, en fin de Master.

Même si l’on ne peut connaître un territoire en si peu de temps, l’enjeu est de parvenir à définir ce que nous préconiserions pour son développement si nous en avions la responsabilité.

Nous avons donc choisi de travailler en Corse sur un territoire «entre terre et mer» – la Communauté d’Agglomération du Pays d’Ajaccio (CAPA)– intéressant par les nombreuses dualités qu’il présente…»

 

Quel était le «programme» de cette récente semaine corse ?

«Ces études de terrain se déroulent toujours de la même manière: un premier temps est utilisé pour sillonner le territoire étudié afin de s’imprégner véritablement, concrètement, de ses réalités: une découverte «physique» de celui-ci, souvent en suivant un «guide», un bon connaisseur de la région… Cela nous permet de voir comment «fonctionne» ce territoire.

Après ce premier week-end de travail, se tient une réunion d’organisation très précise de la semaine d’enquête, sachant que le «timing» est très serré, et le travail très dense!

Le lundi matin, en séance plénière, tout le groupe rencontre deux ou trois «grands témoins» du territoire. Des personnes qui ont assez de connaissances de leur territoire pour nous en brosser un premier tableau aussi large et complet que possible. Cette année, nous avions le Directeur de l’Office de l’Environnement de Corse, et son adjoint, et ensuite cinq universitaires de l’Université de Corte spécialisés dans le développement territorial.

Après, les étudiants se dispersent en équipes d’enquête selon les axes définis pour rencontrer les interlocuteurs prévus de longue date, sachant que chaque soir a lieu une réunion de mise en commun et «débriefing» de la journée. Chaque équipe fait, pour tout le groupe, la synthèse de tous ses entretiens…

Après trois soirées de travail, se dégage ainsi une vision assez précise du territoire, qui permet de consacrer la deuxième partie de la semaine à un «affinage» de l’enquête, avec le recueil d’informations complémentaires, généralement plus marginales.

La fin du séjour est plus récréative: les étudiants vont découvrir le territoire de manière un peu plus «touristique». Cette année, c’était la découverte du maquis corse, en quad, et la rencontre avec une famille de vignerons, qui produit son vin corse depuis quatre générations et promeut, dans son restaurant, les produits artisanaux du terroir corse, tels la coppa, le fameux brocciu ou encore les figatelli, le lonzu, etc.

Au retour, les étudiants, encadrés par les enseignants, consacrent 15 jours sans cours à la rédaction d’un rapport qui pourra notamment être envoyé aux personnes rencontrées, à celles qui le demandent, et bien sûr à la collectivité étudiée, cette année: l’Agglomération du Pays d’Ajaccio.

Car si ce travail est d’abord un exercice pédagogique, il doit avoir un niveau professionnel dans sa qualité.»

 

Avez-vous découvert là-bas la Corse que vous imaginiez ou qui correspondait à ce que vous en saviez déjà ?

«La plupart de mes étudiants n’étaient jamais allés en Corse. Il est vrai que l’on a l’impression de connaître la Corse grâce aux nombreux reportages, émissions, articles qui lui sont consacrés, autant sur ses paysages que sur sa vie politique, les «faits divers»…

C’est un territoire très médiatisé, et très touristique!

Pour ma part, cette étude m’a permis de découvrir des aspects que je connaissais moins, ou que j’ignorais – tant sur le plan géographique que dans le domaine culturel et humain – et d’autres que j’ai mieux compris ou perçus plus finement, plus précisément… Des spécificités à mon avis largement méconnues.»

 

«L’île de beauté», la Corse mérite-t-elle cette appellation plus que flatteuse qui revient comme «un lieu commun» ?

«Oui, vraiment! Les paysages sont superbes. Et personnellement, c’est l’intérieur, la montagne, les vallées corses qui me plaisent, davantage que la côte et la mer.

Mais l’arrivée en avion à Ajaccio est déjà magnifique: le bleu intense de la mer, les verts du maquis – à cette époque de l’année – et les montagnes coiffées du blanc de la neige, puisque la Corse possède 120 sommets d’une altitude supérieure à 2000 m… La Corse est vraiment une montagne qui plonge dans la mer! Et dès que l’on monte sur les hauteurs, on aperçoit des baies, des petites criques, la mer qui s’étale sous vos yeux.

Il y a de nombreux sites magnifiques: près d’Ajaccio, par exemple, la Parata et les Îles Sanguinaires (classées Grands Sites de France), mais on peut citer également un peu plus au nord, les calanques de Piana… Dans un autre registre, j’aime les lieux comme la citadelle de Corte…»

 

Qu’y avez-vous trouvé d’inattendu ?

«Je pense qu’une personne qui découvre pour la première fois ce territoire sera surprise d’abord par le côté montagnard et escarpé, puis ensuite surtout par le côté «sauvage» et préservé, à condition de ne pas rester sur quelques «spots» touristiques. Dès que l’on quitte les «grandes» villes – sachant cependant que la plus grande, Ajaccio, a moins de 70000 habitants, soit moins que Quimper – on se retrouve en pleine nature, et une nature très préservée, avec des endroits «perdus» et «sauvages» qui sont magnifiques pour la randonnée. On croirait y découvrir des lieux quasiment vierges de toute activité humaine.

La «verdure» du paysage est également étonnante: contrairement à ce que l’on pense généralement, il pleut sur la Corse notamment sur les montagnes. C’est, par endroits, proche de ce que l’on peut avoir dans le sud-ouest de la France, avec une instabilité orageuse et de forts cumuls. Ce qui n’empêche pas les pénuries d’eau et de graves problèmes de sécheresse parfois en été, parce que les pentes abruptes drainent l’eau vers la mer, et que les chaleurs sont fortes en cette saison…»

 

Qu’avez-vous mieux compris, sur place, des «enjeux» de la «corsitude» ?

«Nous avions comme objectif premier d’étudier un territoire spécifique, Ajaccio et donc il serait prétentieux de penser avoir fait le tour de la question de la «corsitude». Toutefois, la Corse est souvent assimilée, dans l’esprit des gens, à une destination touristique estivale… Et il est vrai que le tourisme y occupe une place majeure, puisque près de 3,5 millions de touristes y sont accueillis chaque année.

L’été, la Corse est donc extrêmement congestionnée, d’autant que ce tourisme se concentre beaucoup sur la côte. Avec à peine 100000 habitants, la Communauté d’agglomération du pays d’Ajaccio est confrontée aux mêmes problèmes qu’une agglomération bien plus importante sur le continent! Et que dire l’été, l’engorgement touristique est un vrai problème! Nous nous y sommes heureusement trouvés à contre-saison, pour autant il fallait prendre une bonne marge pour arriver à l’heure aux rendez-vous!

Mais comme nous l’a bien expliqué le responsable de l’Agence du Tourisme de la Corse, le tourisme est à la fois une manne financière –jusqu’à 35% de la richesse corse – et un véritable problème dans certains endroits. Les îles Lavezzi, au large de Bonifacio, sont tellement envahies que les reportages télévisés sur la beauté du site y sont désormais interdits, afin que l’on n’en parle plus et que le tourisme y amorce une décrue!

Ce responsable de l’Agence nous a dit que la Corse ne souhaitait pas davantage de tourisme, mais un meilleur tourisme…

«Venir en Corse, ce n’est pas faire du tourisme, mais faire un voyage», nous a-t-on dit pour résumer cela.

Si venir en Corse est aujourd’hui aisé, on comprend vite sur place les enjeux des déplacements et de la mobilité interne. Les Corses sont viscéralement attachés à leur voiture, parce que les transports en commun sont peu nombreux en dehors du littoral. Les routes sont des routes de montagne, très sinueuses, escarpées, les distances doivent être mesurées en temps…

Or, les Corses sont tournés vers l’intérieur, vers le village, vers la montagne… «Le Corse n’est pas marin» nous a expliqué le directeur de la Société Nautique d’Ajaccio. Et cela nous a été répété maintes fois! La mer, c’est le lieu d’où, historiquement et «ancestralement», vient le danger, l’ennemi, l’invasion…

Le village d’origine, la référence constante au «berceau territorial» des familles est une chose vraiment très ancrée en Corse. On nous l’a aussi répété, «la Corse c’est 200 familles, tout le monde se connaît»! L’histoire, les racines familiales, on s’y réfère encore beaucoup et ce n’est pas neutre…

Et c’est vrai que cette multitude de petits villages, ou hameaux colorés, dispersés dans la montagne, accrochés aux pentes escarpées, sont vraiment typiques d’une réalité!

Je crois que la société corse est aujourd’hui encore profondément rurale, au sens noble du terme.»

 

Quels autres aspects de cette île singulière vous ont particulièrement frappé ?

«La végétation méditerranéenne – même si on s’attend à la trouver– est dépaysante avec les chênes verts, les châtaigniers, les orangeraies, les vignes… Et le maquis.

Pour un Breton, la place de l’agriculture en Corse est singulière. Elle est à la fois petite en termes de richesse produite, étant surtout artisanale et ne représentant qu’une petite part du P.I.B., mais très présente et très emblématique – avec notamment le vin, les fromages, la charcuterie corses… – ce qui constitue une «marque de fabrique», le savoir-faire « nustrale » de l’économie locale. Les Corses sont très fiers de leur terroir et aujourd’hui notamment les jeunes veulent le développer.

Mais comme le soulignait le directeur de l’Office de l’Environnement, il existe aujourd’hui plus qu’un risque réel de désertification de l’intérieur de l’île. Le processus est en cours…

Nous nous sommes également laissé dire, à de nombreuses reprises, qu’il y aurait un «trait» singulier en Corse, à savoir une non-culture de l’entrepreneuriat, surtout dans le sud, et une certaine aptitude à se contenter de peu.

Ce qui ne serait pas sans lien avec le fait que les gros pourvoyeurs d’emplois soient le tourisme, l’administration publique – 31% des emplois! – la construction… l’artisanat comme l’agriculture ayant une part relativement petite.

Parmi les aspects particuliers, il faut citer la psychologie ou la mentalité que façonne la géographie: la Corse est une île. Et l’on y retrouve, en grande partie, l’esprit et les réflexes des îliens tels qu’on peut l’observer sur nos îles bretonnes, comme j’ai pu le découvrir en étudiant les îles du Ponant il y a quelques années: un esprit un peu «clanique», avec ses aspects positifs et négatifs.

Il faut avoir en mémoire que les Corses ne sont que 320000: 10 fois moins que les Bretons, sur un territoire tout juste 3 fois plus petit! Et nous avons effectivement pu constater que «tout le monde se connaît». Le «téléphone corse» marche au moins aussi bien que ce qu’on appelait naguère le «téléphone arabe»!

Le responsable de l’Agence du Tourisme nous disait en outre qu’il pouvait savoir chaque soir combien de personnes dormaient en Corse, puisque l’on y vient en bateau ou en avion, en étant donc enregistré…

En août, l’île fait plus que doubler sa population, abritant alors 720000 personnes…

L’esprit «îlien» est renforcé par l’histoire: la Corse a souvent été envahie. Elle a été longtemps tenue par les Génois, qui ont édifié ces tours de guet que l’on voit sur pratiquement toutes les pointes de l’île pour apercevoir l’ennemi venant nécessairement de la mer.

Les sentiments vis-à-vis de la France et des Français sont particuliers: la plupart des Corses se sentent français, mais d’abord corses. Et il y a des Corses et «les continentaux», appelés ainsi, les uns et les autres étant identifiables grâce à leur nom de famille: nom corse ou nom de continental!

Nous avons rencontré, par exemple, «un continental » qui vit et travaille en Corse depuis 22 ans, mais qui nous a dit qu’il reste un «étranger» aux yeux des Corses: bien accueilli, respecté, associé à beaucoup de choses, mais «pinzutu» jusqu’à la fin de ses jours! 

L’identité corse, c’est aussi bien sûr la langue, que l’on entend parler – semble-t-il plus que le breton dans la Bretagne d’aujourd’hui – et qui imprègne le langage quotidien grâce à beaucoup d’expressions…

Nos interlocuteurs corses ont fait preuve très souvent d’humour voire d’autodérision, n’hésitant pas à avoir un regard critique sur des spécificités de leur société. L’une d’elles, moult fois répétée est: «Ce qui se fait sur le continent arrive en Corse, mais toujours avec quelques années de retard».

Et ce n’est pas faux! Un exemple, que nous avons particulièrement analysé dans notre étude : il y a aujourd’hui là-bas une fascination pour l’implantation de grands centres commerciaux en périphérie des villes, alors même qu’ils sont remis en question ailleurs… À Ajaccio, les premières conséquences néfastes sont visibles sur le centre-ville: la congestion… 

Un responsable de la Chambre d’Industrie et de Commerce nous disait: «Il est dommage que la Corse, qui est toujours en retard, ne se serve pas de ce retard pour éviter les erreurs commises ailleurs!»

 

Les Corses sont-ils accueillants ? Avez-vous été bien accueillis pour votre «enquête corse» ?

«Oui, très bien. Et ils ont un vrai «savoir-faire» en la matière! L’accueil est réellement chaleureux. À la CAPA, par exemple, même les directeurs des services ont été vraiment très disponibles. Et cela ne s’est pas démenti tout au long du séjour. Ce n’est pas seulement dû au professionnalisme touristique, ni au fait que les effectifs dans le secteur administratif soient pléthoriques. Un Corse qui vous voit changer un pneu crevé sur le bord de la route s’arrêtera pour vous donner un coup de main…

Une anecdote: un groupe d’étudiants allait rencontrer le maire d’un petit village de 340 habitants dans la montagne corse. Après leur avoir parlé, il a appelé le maire de la commune voisine, qui est venu s’entretenir avec eux… Et à midi, il a invité tout le monde au restaurant avec la famille. Convivialité, hospitalité, accueil sont vraiment des valeurs en Corse!

Mais cela ne signifie pas proximité. Le contact est facile, mais il y a au-delà une réserve. Ils ne se livrent pas. Et on sent bien que beaucoup de choses échappent au visiteur… Il y a un monde corse et un monde extérieur!

Mais il y a aussi une sorte de dualité: le souci de préserver la «beauté sauvage» de l’île, sa nature préservée – et l’identité de la Corse – tout en souhaitant son développement économique ; donc une perception de l’arrivant qui peut aussi être ambivalente: le touriste est celui que l’on accueille volontiers, mais qui peut également détruire un peu du joyau qu’est leur île… Accueil et méfiance vont de pair.

Au nombre des aspects qui m’ont le plus surpris, je dois mentionner la quiétude et la sécurité dans l’île: contrairement à l’image que l’on peut se faire de la Corse par la présentation qu’en font les médias, il y règne une grande sécurité. On peut laisser maison et voiture ouvertes. Les vols sont peu nombreux. Les enfants déambulent en sécurité… On nous l’a dit, et nous avons pu le constater. 

La vie est paisible. Les Corses expliquent ce phénomène par le fait que tout le monde se connaissant, les délinquants sont rapidement identifiés…

En fait, la période où cela est le moins vrai est l’été, en raison de l’afflux touristique.»

 

Y a-t-il entre eux une véritable solidarité, des liens qui vont bien au-delà de l’appartenance à une même ethnie ?

«Oui. Mais comme dans les îles bretonnes, il y a une solidarité un peu «clanique», notamment vis-à-vis de l’extérieur, mais aussi des antagonismes locaux très forts. Les rancunes peuvent être tenaces. La «vendetta» ne vient pas de nulle part… La rivalité Bastia-Ajaccio est réelle, et il existe un vrai «esprit de clocher». L’on nous a expliqué plusieurs fois qu’en Corse «on préfère faire perdre tout le monde plutôt que de permettre à quelqu’un ou quelques-uns de gagner». C’est un réflexe et un principe très forts. Si bien que les rivalités intercommunales sont fréquentes, les collaborations parfois difficiles… ce qui n’est pas sans similitude avec certaines situations en Centre-Bretagne!

Beaucoup de Corses nous ont dit, ce qui semble proverbial là-bas: «La jalousie est née en Corse!»

Quand nous avons évoqué la création d’un SCOT à Ajaccio, il nous a été répondu: «Avant que cela se fasse en Corse…»! Les querelles de clochers et la volonté d’indépendance rendent l’hypothèse actuellement inenvisageable.  Quand bien même il serait obligatoire sur le continent, en Corse…!

Quant à l’antagonisme politique, l’on nous a dit qu’un nouvel état d’esprit est en train de naître au sein de la nouvelle génération, qui accède aux responsabilités: la Corse a tellement pâti pendant si longtemps de ces rivalités, que de plus en plus d’élus – et autres responsables – veulent dépasser les clivages anciens. Ce sont des gens qui ont quitté le territoire le temps de suivre des études notamment, et y sont revenus avec un regard neuf et un certain crédit. Ils ont en commun un attachement viscéral à la Corse, mais une vision plus trans-partisane de son développement. Les différences et divergences sont là, et souvent fermement exprimées, mais les blocages paralysants sont de plus en plus souvent dépassés…

Nous avons beaucoup entendu les mots «renouveau», «nouvel état d’esprit», et «espérance» en Corse.»

 

Goscinny et Uderzo dans leur remarquable B.D. «Astérix en Corse» ont décrit la Corse et le caractère corse d’une manière certes un peu caricaturale mais sympathique, bien que sans concessions ! Sont-ils vraiment ainsi ? Se reconnaissent-ils dans cette véritable étude de caractère et de comportement ?

«Nous y avons parfois fait allusion là-bas, mais plus au livre «L’enquête corse» de Pétillon, dont a aussi été fait un film, et plusieurs nous ont dit – y compris parmi des maires de petites communes, plutôt autonomistes ou nationalistes – qu’ils s’y reconnaissaient assez bien, en abordant avec humour les traits un peu forcés: la fierté, le goût des emplois administratifs et des postes un peu tranquilles, la place de la famille, le matriarcat de fait derrière un patriarcat qui est parfois plus affiché…

Une anecdote historique à ce sujet: les garçons héritaient souvent jadis de propriétés de plus grande valeur – les maisons, au village, dans la montagne – et les filles des terrains de moindre valeur, sur le littoral… Avec l’avènement du tourisme, la valeur de ces propriétés s’est inversée, si bien que les filles ont fini par détenir plus de patrimoine.

Mais il faudrait insister sur l’importance des valeurs familiales qui perdurent en Corse: la référence constante au village, au clan, à l’importance de se retrouver. Et même dans une ville comme Ajaccio, les habitants sont nombreux à «monter au village» pendant le week-end. Les Corses tiennent à ces valeurs familiales et entendent les préserver, ce qui s’étend à la préservation du terroir…»

 

Les Corses ne sont pas nombreux et pourtant ils font «plus de bruit» que des régions ou même des pays beaucoup plus peuplés ?

«Cela me semble venir de leur forte identité, de la forte affirmation et de la revendication de leurs racines, de leur combat pour les maintenir face au rouleau compresseur de la culture standardisée, au nivellement jacobin… et d’une capacité singulière à se faire entendre.

Plusieurs historiens nous ont dit que l’indépendantisme avait parfois conduit à des périodes et épisodes malheureux, mais qu’aujourd’hui un apaisement est vraiment possible pour peu que soient reconnues une certaine autonomie, les valeurs, les racines et les spécificités de la Corse. Le peuple corse s’y retrouverait et s’en satisferait…»

 

La diaspora corse est, elle aussi, très présente et influente… Où se manifeste-t-elle plus particulièrement ?

«Elle n’a pas beaucoup été évoquée par nos interlocuteurs… L’exode des Corses est semblable à l’exode rural des Bretons, et s’est fait pour des raisons semblables.

Mais les Corses n’étant guère de grands voyageurs, des marins, à la différence des Bretons, je doute qu’il existe une vaste diaspora corse à l’étranger (hormis en Italie et dans une partie de l’Amérique Latine), comme il existe une grande diaspora bretonne dans le monde.

Cette diaspora corse a donné lieu à des réseaux, surtout présents dans l’administration française, sans doute en raison de cette affinité des Corses pour ces emplois, dont nous avons parlé précédemment.

Elle est visible et connue parce que existant dans des lieux de pouvoir, surtout à Paris et dans le sud de la France; et parce qu’elle est à forte identité, étant en cela semblable à la diaspora bretonne. Corses et Bretons cultivent leurs identités culturelles, leurs racines.»

 

Comment nous voient-ils, nous les Bretons ? Bretons et Corses semblent si différents, et pourtant s’estiment et se reconnaissent… Pourquoi cette quasi fraternité ? L’avez-vous expérimentée ?

«On perçoit tout de suite que s’annoncer comme breton vous donne une clé pour ouvrir, ou se voir ouvrir,  des portes plus facilement! L’on sent effectivement une certaine proximité, une affection…

La perception d’une certaine similarité de destin face à l’histoire, au jacobinisme, joue manifestement un rôle en ce domaine.

Nous avons rencontré des journalistes de Corse Matin, et l’une nous a raconté avoir suivi l’épopée des Bonnets rouges en 2013, s’y étant d’autant plus intéressée qu’elle avait observé une grande similitude entre le traitement réservé par les médias parisiens à cette «révolte», et celui qu’ils réservent généralement aux questions corses…

De plus, cette journaliste était venue en Bretagne avec ses camarades de promotion de l’école du journalisme à l’époque des «événements de Plogoff». Elle a évoqué des moments inoubliables pour eux, chaleureusement accueillis pendant plusieurs semaines dans un bâtiment annexe de la mairie de Plogoff, et bientôt mis à contribution pour la rédaction de slogans, de tracts… Et participant même à des «coups» lors des manifestations contre le projet de construction de la centrale nucléaire. Ils avaient acheté chacun 1m² des terrains alors mis en vente par la commune pour bloquer cette construction. «Je suis donc propriétaire d’un mètre carré quelque part en Bretagne!» a-t-elle conclu avec humour.

«Vous êtes un peu des cousins!» est une phrase que nous avons entendue plusieurs fois. Et le propriétaire des gîtes que nous avions loués, maire autonomiste d’une petite  commune, nous disait venir souvent en vacances en Bretagne, où il se sentait bien, ressentant une vraie proximité avec les Bretons… Le drapeau breton que nous lui avons offert en fin de séjour lui a «fait chaud au cœur» nous a-t-il dit.»

 

La Corse a-t-elle des atouts en divers domaines que la Bretagne n’a pas ? Et inversement, la Bretagne possède-t-elle des avantages  dont la Corse est dépourvue ?

«La Bretagne possède une véritable industrie – notamment agroalimentaire – dont la Corse est totalement dépourvue. L’économie corse est très étroite, comme nous l’avons dit et reposant essentiellement sur le tourisme, l’administration, le bâtiment; une petite agriculture, et un artisanat qui ne représentent que 2% de la richesse produite.

Ils ont quelques «start-up» (Qwant, Happy Bike…), une volonté de développer l’aquaculture (Gloria Maris), mais guère de filières industrielles telles les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) et l’automobile… comme nous en avons en Bretagne. Citons tout de même l’entreprise Corse Composite Aéronautique basée à Ajaccio reconnue comme l’un des meilleurs spécialistes des pièces complexes en matériaux composites destinés à l’aéronautique. 

Là encore, le fait d’être une île – où l’import-export coûte donc plus cher – et un territoire très montagneux – où les déplacements sont plus difficiles – pénalise le développement économique.

Se pose aussi le problème de la «taille critique» de la population: 320000 habitants sur un grand territoire; et à l’inverse de la Bretagne, celui d’une absence de culture maritime… 

Une récente étude a d’ailleurs posé la question de la viabilité économique d’une autonomie poussée de la Corse.»

 

Vos rencontres et entretiens vous ont probablement livré des informations ou donné des aperçus qu’un simple voyage touristique ne peut permettre d’obtenir…?

«Oui, parce que nous menons vraiment une enquête fouillée. Nos interlocuteurs sont eux-mêmes des gens de terrain et de bons connaisseurs des questions abordées…

Des journalistes de Corse Matin, par exemple, nous ont donné des informations, y compris «en off», pour que nous comprenions l’arrière-plan de certains faits et situations, des enjeux, des «dessous de cartes» et des «jeux» de positionnements, politiques et autres, les arcanes et réseaux «souterrains» de l’économie corse…

C’est important partout, mais essentiel en Corse, d’autant que nous y arrivions au moment même où les dirigeants corses rencontraient le Président de la République.»

 

Quels ont été les moments forts et les rencontres les plus marquantes de ce séjour ?

«Ce furent surtout les rencontres avec des «personnages» – plus qu’avec des techniciens, qui nous livraient des informations sur le développement territorial – comme tel vieil historien, véritable encyclopédie et mémoire vivante sur la Corse, tels maires nous expliquant les réalités concrètes de leur métier et de la vie de leur commune, comme D. Grisoni, maire de Balogna: 140 habitants , qui n’ont de l’eau courante qu’une heure par jour en été, parce que les camions de ravitaillement ne peuvent accéder à la réserve d’eau communale située trop haut dans le maquis…

La rencontre avec les journalistes a été passionnante, car le métier n’est pas toujours simple à faire dans ce contexte corse où tout le monde se connaît…»

 

N’auriez-vous pas quelque anecdote savoureuse ou caractéristique à raconter ?

«Il y en aurait plusieurs! Mais j’évoquerai «Pierrot», préposé au service des boissons dans un restaurant d’Ajaccio où les responsables politiques de tous bords ont leurs habitudes. Son café bien tassé est manifestement célèbre…

Travaillant «à son rythme», de manière assumée et résolue, il ponctuait chaque commande annoncée par la patronne – sa sœur – et la serveuse – sa nièce–, d’un: «Si je veux!» très ferme.

Mais dès qu’entrait un des habitués, y compris des «notables» de la ville, c’étaient des embrassades, et des «Ah! Mon frère!» retentissants.

A un moment, deux «clans» semble-t-il peu enclins à dîner côte à côte ont appelé pour réserver des tables, que les patrons ont pris soin de préparer aux deux extrémités de la salle… Mais «Pierrot» est allé accueillir les uns et les autres avec la même accolade et le même : «Ah ! Mes frères !»

Un vrai personnage.

Il a fini à notre table, enchanté d’apprendre que nous étions bretons…»

 

Le journal Corse Matin a consacré un fort bel article à l’enquête de vos étudiants…?

«Oui, le contact avec la rédaction en chef et la responsable du secteur d’Ajaccio avait été excellent. Celle-ci nous avait consacré trois heures d’entretien, nous demandant en retour de lui donner en fin de séjour des résultats de notre enquête, jugeant que ce regard extérieur était intéressant et pouvait contribuer à «faire bouger les lignes» sur le territoire.

Elle nous a donc interrogés sur l’enquête elle-même, sur les impressions des étudiants, et sur les premières conclusions, et elle a publié un bon article, reprenant en titre l’intitulé de notre étude : « La CAPA, un territoire de dualités à la croisée des chemins».

Elle a obtenu de le faire paraître en bonne place, toutes éditions, et avant notre départ de Corse.»

 

Et les étudiants… Quels échos vous ont-ils faits de cette expérience ?

«Ils ont été enchantés de découvrir la Corse, et ont mesuré que toutes les formations n’offrent pas le privilège d’une telle expérience de terrain. Les financements pour ces enquêtes ne sont pas toujours simples à trouver!

La beauté des paysages, le terroir, la nourriture, et les Corses eux-mêmes leur ont énormément plu!

Enfin, ils ont pu mesurer l’importance d’être bien formé afin d’avoir la capacité d’analyser et comprendre un territoire.»

 

Avant de conclure sur ces «études corses», voudriez-vous évoquer d’autres territoires, pays et sujets sur lesquels vous avez ainsi conduit des études de terrain avec vos étudiants ?

«Il y en a eu beaucoup, puisque ce Master existe depuis 18 ans, et que nous en faisons au minimum une par an, alternativement en Europe et en Amérique du Nord, une année sur deux…

Nous sommes donc allés au Québec, en Abitibi-Témiscamingue, étudier l’impact qu’avait eu le «boom minier» sur les communautés autochtones, c’est-à-dire les «Indiens» de ces régions; à Ottawa, analyser la stratégie de développement durable; à Montréal, travailler la notion de «ville créative»; dans les Laurentides, pour comprendre l’effet de l’arrivée des «baby-boomers»; dans la ville de Québec, «décrypter» la revitalisation du centre-ville, une démarche assez extraordinaire mise en place pendant 16 ans par son maire, Jean-Paul L’Allier.

En Europe, nous avons travaillé – par exemple – sur «l’espace Mont-Blanc», situé sur 3 vallées – celle de Chamonix en France, d’Aoste en Italie, et le Valais en Suisse – afin de comprendre les coopérations transfrontalières qui pouvaient exister, et les spécificités de l’économie montagnarde…

Une autre année, nous avons travaillé sur les «territoires de mémoire», en choisissant la Normandie et les sites du débarquement de juin 1944, pour étudier les conséquences positives et négatives sur le développement: tourisme, protection des sites, «mise sous cloche», transmission de la mémoire…

A Bruxelles, nous sommes allés étudier l’identité, cette ville cristallisant des identités diverses – wallonne et flamande, bien sûr, mais aussi européenne, aujourd’hui – et l’impact des institutions européennes sur la ville.

Le but est à chaque fois de faire découvrir une problématique particulière, que l’on n’a pas l’habitude de voir dans les études traditionnelles sur le développement territorial.»

 

Quels lieux, découvertes et rencontres vous ont le plus intéressé ou marqué ?

«Un des moments les plus forts a été la rencontre, au Canada, avec les descendants des tribus indiennes – les «natives» ou «peuples premiers», comme on les appelle là-bas – et de les entendre nous expliquer comment ils vivaient la dépossession de leurs terres, leur situation dramatique aujourd’hui… Des moments très forts sur le plan humain.

Mais chaque étude de terrain est marquante à sa manière: ce sont des paysages – grandioses, au Canada – des expériences, comme une tempête de neige à -28°C; des rencontres, surtout, avec des personnes parfois très modestes, qui nous racontent la transformation de leur région. Au-delà de l’aspect «étude», il y a l’humain, comme cet échange avec un ancien maire de Chamonix, qui nous racontait comment sa réputation avait été ruinée et sa vie broyée par sa mise en examen dans le cadre du drame de l’incendie du Tunnel du Mont-Blanc, parce que cette tragédie s’était passée sur sa commune…

Chaque territoire est intéressant et enrichissant à étudier dans ses particularités, mais on se rend compte de ce que – au-delà des «décors changeants» – les gens ont les mêmes problèmes de vie et de développement, hormis quelques spécificités, et que les «outils» que l’on peut utiliser pour étudier nos territoires et essayer de les améliorer peuvent être utilisés presque partout».

 

Comment se préparent ces enquêtes ?

«Tout commence presque un an auparavant par une recherche sur le type de problématique de développement territorial que l’on voudrait aborder.

Puis, ce sont les territoires susceptibles de répondre à cette problématique qui sont recherchés, afin d’en proposer aux étudiants dès la rentrée de septembre, sachant qu’ils peuvent eux-mêmes soit améliorer la proposition, soit en faire une autre.

Après fin-septembre, début octobre, le territoire étant choisi, c’est toute la logistique et la programmation d’un voyage d’enquête d’une dizaine de jours à une vingtaine de personnes qui doivent être élaborées: hébergement, déplacements, personnes à rencontrer…

Ensuite, entre octobre et décembre, encadrés par les enseignants qui les suivront sur le terrain, les étudiants travaillent sur la connaissance «ex situ» – sur documents donc – du territoire choisi.

Une grande réunion de bilan permet, en décembre, de faire une synthèse des connaissances accumulées et de dégager des thématiques intéressantes à étudier sur ce territoire spécifique. Le «fil rouge» de notre étude de terrain est alors défini, et nous permet de scinder l’étude en 3 ou 4 parties, ou axes de travail, différents, pertinents pour le territoire, et de confier chacune des pistes de travail ainsi définies à un groupe d’étudiants, qui va préparer son enquête: personnes à contacter, sites à visiter…

En janvier-février, ces contacts sont pris, après mise en commun entre les groupes et les enseignants: 40 à 60 rendez-vous à fixer, généralement, sur une grosse semaine… Ce n’est pas une mince affaire que de faire cadrer tous ces rendez-vous quand le territoire est immense, comme au Canada!

Fin février, la «grille» doit être finalisée, pour une enquête réalisée en mars.»

 

Voudriez-vous présenter en quelques mots ce «Master de Gestion des territoires et Développement local» que vous animez? Quelles en sont la «philosophie», la finalité, l’originalité…?

«Ce Master a été créé par des universitaires, des élus et des dirigeants du monde économique qui ont pris conscience du risque de «décrochage» que certains territoires de la pointe bretonne couraient à la fin des années 1990, où cette partie de notre région vivait des temps difficiles. C’était, par exemple, à Brest, la période de la baisse d’activité de l’Arsenal, des reconversions à prévoir… Ils ont estimé qu’il était urgent de créer une force de proposition, une «ingénierie territoriale» pour penser l’avenir, et donc – notamment – de créer une formation en développement territorial à l’Université de Brest…

Le but de ce Master est de former des personnes qui – dans des collectivités territoriales par exemple – pourront être force de propositions, d’initiatives, de projets pour le développement des territoires.

C’est vraiment un Master professionnalisant: les étudiants qui en sortent doivent être en capacité d’être de véritables acteurs du développement.

La pédagogie a donc cette finalité. Il y a bien sûr des cours théoriques, surtout en première année, et beaucoup de cours pratiques et de rencontres avec des professionnels, en deuxième année notamment. Les étudiants ont des rencontres ou des cours avec environ 70 professionnels sur ces deux années de Master, qui suivent leurs trois années de licence.

Ils font aussi un très grand nombre d’analyses de cas pratiques, d’études de terrain. Ils se déplacent beaucoup hors de l’Université.

Nous leur répétons toujours qu’il y a une énorme différence entre analyser un territoire «en chambre» – au bureau – et aller le comprendre sur le terrain. Notre philosophie, c’est la connaissance du terrain! Le développeur territorial doit sentir et vivre ce que les habitants d’un territoire vivent pour être en mesure de proposer des pistes de développement pertinentes.

Nous prenons volontairement des petites promotions, afin d’assurer cette pédagogie active, une grande participation, une autonomie, une initiative des étudiants dans le travail, une interaction entre eux, avec les enseignants, les professionnels…»

 

Sur quels types d’emplois peut-il déboucher concrètement pour vos diplômés ?

«Pour l’anecdote, l’on peut dire qu’il n’y a presque plus de Communautés de Communes dont le Directeur général des services ou le Responsable du développement économique – ou les deux – ne soit issu du Master, cela non seulement dans la pointe bretonne, mais bientôt dans l’ensemble de la région, hormis – hélas – peut-être le Centre-Bretagne…

Cela montre que la création de cette formation répondait à un vrai besoin. Les quelque 200 anciens étudiants du Master, aujourd’hui en poste de responsabilité en Bretagne dans des instances diverses – Région, départements, Communautés d’agglomérations, Métropoles, Pays, Communautés de Communes, communes, ou encore dans des agences de développement, cabinets de consultants territoriaux, ou missions locales… – forment une sorte de réseau informel, qui crée des ponts entre les collectivités, s’entraident, collaborent, échangent des idées, ayant non seulement une affinité d’origine, mais aussi de pratique dans le travail…

D’autres anciens du Master sont gestionnaires de grandes structures – comme le directeur d’Océanopolis – ou travaillent dans le domaine de l’insertion, de l’emploi, la gestion de projets européens… Les débouchés sont très vastes. »

 

Cette récente étude sur la Corse vous a-t-elle donné de voir la Bretagne sous un jour un peu autre ?

«Elle m’a donné l’envie de mieux connaître encore la Corse, et m’a persuadé de ce que nos territoires ont beaucoup en commun – notamment dans la préservation de la culture, du terroir, de l’identité, de la langue…– et que des rapprochements sont possibles pour que Corse et Bretagne puissent continuer à être fières de leurs racines et rayonner en France, en Europe et dans le monde.»

 


Télécharger l’entretien au format PDF