C’est au cœur de la Bretagne, dans un espace naturel non remembré entre les landes de Locarn, le chaos de Toulgoulic et l’étang de Kerné-Huel qu’une ferme pédagogique a ouvert ses portes en 1980. «Pédagogique», un terme peut-être un peu repoussant pour des jeunes qui dans cet espace de vie naturel vont découvrir instinctivement tant de choses. Ici, c’est la nature et les animaux qui enseignent et l’obstiné descendra bien vite de son piédestal. 

Leila Salliou et Dorig Le Cras ont repris le flambeau des mains des parents de Leila qui ont créé cette ferme dans les années 80. Fils de paysan, Dorig, fin connaisseur de la nature, a aussi ce sens du contact, ce plaisir chaleureux pour la faire découvrir, la faire vivre, avec l’acuité de celui qui l’apprécie. 

Chaque année, de mars à juin, plusieurs classes des écoles de la région viennent s’immerger durant une semaine ou plus dans cet espace rural, source de multiples surprises. Traire les vaches, faire du beurre, s’occuper des cochons, découvrir la faune, la flore, les chemins, entretenir la serre, le grand potager, s’occuper des chevaux… et au fil de l’eau comprendre un peu mieux ce monde parallèle loin des villes qui foisonnent d’activités. 

L’été, la ferme se transforme en centre de vacances pouvant accueillir une cinquantaine de jeunes de 7 à 13 ans ou de 13 à 17 ans dans un grand gîte complété par quelques tipis. Il y a aussi les camps tout en breton pour les natifs de la région, l’accueil de groupes de personnes à mobilité réduite à Noël, la formation de jeunes au BAFA et BAFD. Leur association est agréée par la Direction Départementale de la Jeunesse et des Sports, par l’inspection académique et le Conseil Général.

Des jeunes qui viennent parfois de fort loin ne sachant pas toujours où ils «débarquent», « mais l’environnement et nos chevaux sont alors les meilleurs animateurs pour qu’ils remettent les pieds sur terre, » confie Dorig. 

«Notre cavalerie nous permet de faire de grandes promenades à cheval sur les chemins de la région et là, tout le monde trouve sa place, les relations s’apaisent, un vrai contact se noue.

Ici il n’y a pas de spectateur qui caresse les lapins, on vit de la ferme, on échange, on apprend, on découvre, selon les âges bien sûr, et très vite ce sont les jeunes qui questionnent. Les animateurs sont là pour répondre aux questions sur l’alimentation, l’agrobiologie, le soin aux animaux…

Il y a aussi le plaisir de faire une cabane, explorer la rivière, observer les abeilles, les oiseaux… il faut trouver un point de départ et le reste suit».

Diplômé en agriculture, parlant breton couramment, Dorig a au travers de son parcours découvert l’animation, exerçant un moment comme instituteur et avec Leila ils ont, chevillé au corps, ce sens du partage. A la ferme, la relation est franche, directe, le tutoiement naturel et aucun d’eux n’a «les deux pieds dans le même sabot».