«On est passés pour des rigolos», déclare en souriant M. Nicolas Besseau. Mais aujourd’hui, l’idée d’une micro-filature destinée aux particuliers ou petits éleveurs locaux est bien lancée avec un engouement qui a désarçonné quelque peu les investisseurs traditionnels. Tout a commencé par un simple cadeau d’anniversaire, un rouet, suivi d’un stage de filage. Il n’en aura pas fallu beaucoup plus pour convaincre Mme émilie Renard et son conjoint, tous deux fonctionnaires, de poser un autre regard sur leur vie professionnelle et laisser grandir l’envie de faire autre chose. 

étude de marché, formation, stage en Suisse, plusieurs années vont laisser mûrir ce projet qui semblait un peu fou. De son côté, Mme Renard qui file déjà la laine en amateur, s’étonne de recevoir tant de matière première provenant de moutons d’Ouessant ou autres, d’alpaga, de chèvre mohair, de lapin angora que leurs propriétaires, souvent des particuliers, délaissent faute de débouchés… 

2019 aura été l’année-clé pour la mise en route de la Petite Filature Bretonne de Kerléo en Plouguernével dans la longère qu’ils ont entièrement refaite. Après de longues recherches, les 13 machines indispensables pour le cardage, l’étirage, le filage de la laine…, sont arrivées il y a quelques mois du Canada, où se trouve le seul fabricant proposant ces outils capables de traiter les toisons à partir d’1 kg de fibres animales, quand une filature en demande 100 kg minimum. Du lavage de la toison fraîchement arrivée aux écheveaux ou pelotes de laine prêts à être travaillés, tout s’exécute sur place, sans intrants, 100% pure laine. 

Un très lourd investissement pour les porteurs du projet qui a été facilité par l’engouement suscité, appuyé par un financement participatif conséquent, et l’aide de plusieurs organismes. Une surprise pour les entrepreneurs, portés par une dimension quasi affective, enthousiasmante, toute particulière.

«Ce que nous proposons n’est qu’un vieux métier un peu oublié qui renoue avec une tradition de proximité, comme l’entreprise Pressi Mobile du Moustoir qui, avec les pommes de votre jardin, fait votre jus de fruit… C’est un marché de niche, nous sommes la troisième micro-filature en France. Notre chance, c’est aussi la prise de conscience de trop de gaspillage associé à une sur-consommation incontrôlée où certains achètent pour trouver un sens, des valeurs, un manque à combler, mais ils ne comblent rien en fait, c’est une fuite ».

Dorénavant, à Kerléo, vous pouvez soit apporter la laine de votre petit cheptel pour en récupérer à votre convenance le fil de votre choix, fin ou épais, chiné ou uni… ou le laisser si le tricot n’est pas votre passion…