Le poisson pêché par les flottilles des ports bretons devra-t-il très bientôt disparaître des tables des cantines scolaires bretonnes ?…

Oui, en quasi-totalité à compter du 1er janvier 2022, à cause de l’entrée en application d’une énième réglementation aux conséquences ubuesques !

C’est pourquoi, le 22 octobre, l’association Breizhmer, qui agit pour la filière bretonne des produits de la mer, rassemble à Saint-Brieuc pêcheurs, juristes et élus, dans le but de promouvoir les «circuits courts» et des labels régionaux.

Cette effarante situation pourrait être parfaitement illustrée par la magistrale réplique qu’Uderzo et Goscinny mirent dans la bouche du poissonnier Ordralphabétix dans les célèbres aventures d’Astérix le Gaulois:

«Je vends du poisson de Lutèce, moi, Môssieur! J’ai le respect du client ! Je me fournis chez les meilleurs grossistes ! Je ne vais pas vendre du poisson sorti de l’eau sans garantie de qualité !» 

Car c’est à peu près ce qui se passera dès le 1er janvier prochain: seul le poisson sauvage et le poisson d’élevage labellisés «durables» pourront accéder aux assiettes des petits Bretons.

Or, les premiers sont labellisés par une société privée, et devront faire un long voyage pour arriver en Bretagne…

Cette véritable «usine à gaz» est trop compliquée pour être explicitée en quelques lignes, mais elle résulte principalement des «dommages collatéraux» provoqués par la combinaison du code de la commande publique qui s’impose aux collectivités, et d’une loi Egalim entièrement conçue pour l’agriculture, qui exigera au 1er janvier 50% d’aliments issus de l’agriculture «durable» (dont 20% de bio) dans la restauration des établissements scolaires, des Ehpad…

L’accès au marché public n’ayant pas été assoupli pour les petites et moyennes entreprises, les pêcheries locales bretonnes – et autres, en France – se font doubler par de grosses structures de négoce, qui proposent du poisson labellisé, mais à l’origine inconnue.

Et c’est ainsi que le poisson pêché par les marins-pêcheurs bretons ne pourra pratiquement pas être servi à leurs enfants à l’école, ni à leurs grands-parents en maison de retraite.

Une scandaleuse aberration, à l’heure où l’on nous rebat tant les oreilles avec les slogans «circuits courts», «développement durable», «consommation locale»… Et une parfaite illustration de ce qui arrive souvent lorsque des décisions technocratiques sont prises loin du terrain ; loin des territoires !