Pour ressentir pleinement l’atmosphère qui se dégage de ce lieu, il faut y être allé au moins deux fois. L’été, lorsque le soleil en fait un endroit plein d’attraits, où jonquilles et ancolies colorent la vallée, mais aussi en hiver, lors des mois sombres et humides, où le soleil rase l’horizon créant cette ambiance d’isolement et de solitude un peu inquiétante.

La légende raconte que les gorges du Corong auraient été créées lors du passage du géant Boudédé se débarrassant des cailloux le gênant dans sa chaussure. Il forma ainsi cet amas rocheux qui recouvre la rivière provenant de l’étang du Follézou.

En fait, ce magnifique décor naturel, constitué d’un gigantesque empilement de granit, qui tantôt laisse apparaître la rivière et à d’autres moments ne laisse percevoir qu’un sourd grondement, se serait constitué il y a des millions d’années par l’action de l’érosion dans les fissures naturelles de la pierre façonnant ce chaos.

Ce vallon boisé, avec ses pentes parfois abruptes, cache une tumultueuse rivière qui depuis des siècles heurte d’immenses blocs de granit, les contourne, les recouvre, s’y faufile en tourbillonnant puis finit par se calmer en pénétrant toujours plus loin dans le massif forestier, peuplé de chênes et de hêtres. La tradition orale désigne sous le nom de «mur de César» le principal ensemble de roches où se dressent de multiples fissures entre d’énormes blocs superposés, véritable barrière de granite. 

Marcher sur la rivière lorsque la pierre est sèche aux beaux jours, voire même pique-niquer sur un rocher plat est fort agréable, alors que sous les pieds l’eau gronde. Mais attention à ne pas s’y aventurer seul ou lorsque la pierre est humide car les risques de chute sont nombreux.

Vallon mystérieux où les légendes naissent au fil de l’eau, ce lieu fut aussi une cache pour les Chouans au début des années 1790. Aujourd’hui, il est devenu un véritable refuge pour une faune sauvage qui trouve là un biotope préservé où il n’est pas rare pour un observateur attentif de croiser une loutre puisque près d’un tiers de la population répertoriée en France vit en Armorique. L’escargot de Quimper y a aussi trouvé un refuge, tout comme 150 espèces de flore bryophytique, dont 24 très rares.

Le circuit balisé de 6,5 km au départ du parking du Quélenec fait découvrir tout à la fois les landes de Locarn, entre ajoncs, fougères et bruyères, avant de s’enfoncer dans le bois du Plessis, qui révèle les anciennes places où travaillaient les charbonniers s’ouvrant enfin sur l’un des quatre chaos granitiques majeurs de Bretagne.

L’association Cicindèle qui gère cet espace naturel depuis 25 ans est basée à la maison des landes et tourbières de Kergrist-Moëlou. Plusieurs animateurs passionnés par l’environnement proposent une foule d’activités de découverte tant pour les familles que les groupes scolaires. Expositions, animations, visites guidées, sentiers d’interprétation apportent un regard complémentaire sur ces patrimoines naturels qui nous échappent parfois mais qui méritent d’être découverts.