Une correspondante de la Presse française aux Etats-Unis, parlant avec une journaliste américaine, lors d’un très grave événement, lui demandait :

«Et comment vous allez présenter cela ?»

La réponse, évidente pour son interlocutrice, a dû la stupéfier.

«Mais, comme c’est !»

Il y a, en effet, tant de «médias», en notre époque agitée, qui ont abandonné l’objectivité, la recherche de la vérité, pour s’adonner au «sensationnalisme», cultivant les partis-pris, veillant avant tout à «l’audimat» et à leurs intérêts financiers…

La mission première, la raison d’être du journaliste, est d’informer en vérifiant avec soin la réalité de ce qu’il diffuse et commente…

Informer ! et non déformer, encore moins désinformer.

Je me suis fort réjoui en lisant tout récemment la courageuse et opportune prise de position de l’un des grands journalistes du «Figaro» :

il écrivait :

«…On ne dira jamais assez à quel point le manichéisme a défiguré le journalisme contemporain.»

Et je me suis alors souvenu de la déclaration faite par le passé lors d’un entretien par l’un des grands journalistes du quotidien «Le Monde» :

Il refusait, disait-il, le titre de journaliste à ceux qui se contentent de transmettre informations et nouvelles, sans les situer objectivement dans leur contexte.

Prenant des exemples, il démontrait que le flot continu d’informations et la manière manichéenne de présenter les situations et les événements, ne permettaient pas aux téléspectateurs, aux auditeurs… de connaître la réalité telle qu’elle est, avec ses nuances.

Il dénonçait aussi «l’information-émotion» où l’on joue sur l’émotivité pour produire des réactions dans le sens désiré !

En écoutant et en méditant ce véritable cours de journalisme, je me suis rappelé une réflexion semblable d’un autre spécialiste qui, comparant les manières d’informer des «médias», et notamment des radios, donnait en exemple la B.B.C. du passé, pour son objectivité :

Il faisait remarquer en particulier que le choix des mots, loin d’être neutre, pouvait transformer l’information en propagande !

Ainsi selon qu’on emploie le terme combattant, résistant ou terroriste… celui qui écoute, consciemment ou inconsciemment est influencé, et la répétition impose les vues de ceux qui «informent».

Les journaux d’opinion ont certes toute latitude pour commenter les faits et événements… mais à partir d’une narration vraie.
Le commentaire est libre, mais la relation doit être exacte.

Il en est de même quant au choix des «intervenants»…

«Des manipulations courantes…»

Et que dire des photos ! Selon l’angle choisi, les mimiques, un rictus, le sourire ou l’absence de sourire, le regard du moment, etc., il est possible de rendre sympathique ou antipathique, «intelligent» ou «borné»… n’importe qui !

Et la TV !!! Je faisais un jour remarquer, délicatement, à un président d’une Fédération nationale que son interview m’avait paru pour le moins «sommaire». Alors, catastrophé, il me révéla que l’essentiel de ce qu’il avait dit avait été «coupé» et qu’il n’en restait que quelques phrases hors du contexte.

Quant aux «sondages», quiconque en a un peu étudié le procédé sait que le choix des questions, les interlocuteurs sélectionnés, leur nombre…, sans s’attarder sur le commanditaire et ses buts… influeront peu ou prou sur les résultats, d’autant plus qu’il y a ces «redressements» tout à fait subjectifs ou orientés qui établissent les proportions définitives.

Et la publicité, direz-vous ?

Bien évidemment ! Mais là le but est clairement affiché : séduire, convaincre… vendre.

A côté d’authentiques journalistes, respectueux de leurs lecteurs et auditeurs, et soucieux d’effectuer un reportage qui soit le plus objectif possible, existent d’autres personnes, pour lesquelles la vérité n’est pas première !

J’ai entendu un homme politique de premier plan déclarer, sans s’en émouvoir aucunement, que ce qui compte, ce n’est pas la vérité, mais que «les gens croient ce que nous voulons qu’ils croient».

Il est vrai qu’un livre, paru en son temps, faisait l’apologie du mensonge. L’auteur le justifiait et l’exaltait !

Mentir, trahir, tromper…

Quelle est la qualité des relations humaines établies sur ces bases? Dans le couple? Entre amis? Entre collègues? Entre élus et électeurs?

Toute confiance est sapée, détruite! Et toute entreprise commune est hypothéquée.

«Le mensonge : une solution facile»

Dans un premier temps le mensonge paraît être la solution facile… et les hommes honnêtes et droits, des naïfs ! Mais le temps passant, ceux qui ont usé d’artifices et de tromperie auront à faire face à la défiance, puis à la méfiance… et même quand il leur arrivera de dire la vérité, ils ne seront pas crus !

La vérité est lumière, le mensonge engendre l’obscurité.

La vérité permet d’établir et de conserver l’indispensable confiance qui scelle l’amitié des cœurs et la communauté d’action.

La vérité est le signe même du respect de l’autre, de sa dignité, de sa personne, de ses choix.

Machiavel, et ses émules, ont de tout temps sublimé «l’art» de tromper, ne concevant pas que l’on puisse gouverner sans mentir, sans berner ceux qui écoutent ou sont administrés.

Dans combien de guerres, d’aventures, au cours des siècles, les peuples et pauvres gens qui les composent ont été lancés après avoir été «préparés» par des «informations» fausses ou partielles, partiales, par des discours enflammés d’apparence si sincère (!).

Combien, au cours de l’Histoire, sont allés ainsi à la mort, croyant défendre des causes nobles, et n’étant que pions sur des échiquiers, n’étant que des numéros utilisés pour des intérêts cachés.

Certes, ce ne fut pas toujours le cas; il y a eu, il y a des causes nobles pour lesquelles le combat se justifie… mais pas toutes celles qui sont présentées ou exaltées comme telles !

La vérité est exigeante, mais elle libère et ennoblit. Celui qui sait et peut choisir, est un homme libre.

«Le mépris…»

Il est attristant et révoltant d’entendre des personnages, comme je l’ai entendu récemment, regretter que l’on explique aux peuples la situation réelle, et les choix possibles engageant leur avenir, alors que les «décideurs» sont les seuls détenteurs du savoir; et s’irritant que le peuple soit électoralement consulté !

Mépris pour «la populace» ? Pour le moins, mais aussi prétention et habitude de l’autoritarisme et de la duplicité.

Le journaliste du «Monde» a raison. Et celui du «Figaro» honore sa profession.

L’accumulation des informations, le tri effectué selon des critères parfois très «orientés», l’ensemble présenté sans explications objectives et sans nuances, de manière manichéenne, est une grave altération de la mission de la Presse et des journalistes! Et plus encore quand la réalité est altérée, ou pire, dissimulée ! Et ceux qui s’y adonnent ou s’y prêtent finissent par perdre l’indispensable sens critique, et… leur conscience.

Le message de la Bible magnifie la vérité.

Luc, dans l’introduction de son Évangile, souligne qu’il a fait des recherches exactes auprès de témoins oculaires.

N’est-ce pas ce souci de vérité qui devrait habiter tous ceux qui écrivent… et parlent !

Seule, en effet, la vérité éclaire, réconcilie l’homme avec lui-même, avec Dieu et son prochain, et apporte la paix et la vraie liberté.

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