Qui n’a soudain senti, marchant dans une rue commerçante, une délicieuse odeur de pain frais, de viennoiserie, de pizza, ou autre, venir lui chatouiller les narines et lui donner une brusque faim, ou du moins une furieuse envie d’entrer dans le magasin d’où provenait cette délicieuse fragrance, pour se payer l’objet de ce désir et le croquer ?…

Si tel est votre cas, vous avez peut-être été victime d’un leurre olfactif !

Car il existe désormais une grande variété de parfums artificiels destinés à attirer le passant depuis la rue afin d’en faire un client. Ainsi le parfum «pain chaud» se vend-il à près de 400€ le flacon d’un litre…

Après avoir exploré et exploité tous les arcanes du domaine visuel, la publicité cible ainsi depuis quelque temps le champ olfactif pour mieux captiver – et capturer – le chaland.

La caméra cachée a décortiqué depuis des décennies la moindre de nos réactions et émotions devant un rayon, un produit, sa position, sa couleur, sa forme, son esthétique et mille autres aspects plus subtils les uns que les autres afin de mieux guider nos stimuli et emporter notre décision d’achat…

Puis elle a fait de même en scrutant notre « balayage oculaire » face à l’écran d’ordinateur, analysant tout ce qui retient notre attention, suscite notre émotion et favorise notre mémorisation…

La science du «neuromarketing», fondée sur la psychologie cognitive et les neurosciences, a également étudié nos réponses à des messages incitatifs ou générateurs de stress tels que « dernier exemplaire en vente » ou «plus que trois (ou deux) en stock» ; mention souvent fausse mais très efficace pour pousser à l’achat précipité !

La neuro-économie s’empare donc maintenant du second de nos sens majeurs, l’odorat, pour mieux nous manipuler et nous conditionner à notre insu, ou avec notre consentement passif.

La «persuasion cachée» que dénonçait déjà en 1957 le journaliste Vance Packard nous place plus que jamais en liberté surveillée, et nous transforme en consommateurs captifs…

Dans un monde où l’émotion prime de plus en plus souvent sur la réflexion, il est aussi plus que jamais nécessaire de rester maître de soi, de ses pensées et réactions afin de ne pas être «mené par le bout du nez»… fût-ce par une bonne odeur – artificielle – de pain chaud !