Nous ne pouvons guère, en ce XXIe siècle, nous définir comme «humaniste», d’autant plus que ce terme a recouvert au cours des âges des réalités différentes. Sans tenter de les répertorier, nous pouvons cependant rappeler qu’en 1490 ce mot désignait un lettré qui avait une connaissance approfondie de la langue et de la littérature antique grecque et latine, domaine appelé «studia humanitas», traduit en français à partir de la Renaissance par «humanités».
De manière générale et plus courante, «l’humaniste» était une personne érudite ayant une vaste culture quasi exhaustive.
Le commun des mortels ne peut donc, ni ne veut vraisemblablement pas se considérer comme tel, d’autant plus que les connaissances scientifiques et autres ont beaucoup progressé et forment un «univers» vaste, mais en laissant les complexités et diversités de cette étude, recevons le message essentiel que l’écho du terme humaniste fait retentir jusqu’à nous.
Humaniste… humain!
Là est pour nous le plus important et le plus concret.
Vivre, penser, agir avec humanité,
apporter à ceux qui nous entourent, avec humilité et délicatesse, le rayonnement d’un cœur qui compatit et qui aime,
d’une oreille attentive,
d’un désir de secourir, d’aider… est faire montre d’une véritable dimension d’humanité.
On peut être un personnage à l’intelligence brillante, aux facultés d’analyse très développées, un être «cérébral»… et manquer de sensibilité… et d’humanité.
Dans la parabole dite du «bon Samaritain», Jésus met en évidence la sécheresse de cœur de deux hommes chez lesquels on se serait attendu à trouver de la compassion et du dévouement envers autrui.
Mais ce «sacrificateur», homme pétri de religion, ainsi que le «lévite» n’accorderont pas plus qu’un regard indifférent au malheureux blessé gisant sur le bord de la route… «Ils passèrent outre» dit l’Évangile…
Mais un Samaritain, de ce peuple méprisé, interrompit son voyage dès qu’il le vit… s’empressa de soigner la victime de l’agression des brigands, et le chargeant sur sa monture, le conduisit dans une hôtellerie où il poursuivit ses soins et, devant partir, paya l’hôtelier, lui demandant de soigner ce pauvre homme, et l’assurant qu’à son retour, il le rembourserait de l’argent dépensé pour ce faire.
Quelle est la personne qui a montré de l’humanité dans ce drame, demande le Christ à ses auditeurs.
La réponse était évidente, mais gênante pour ceux qui, religieux ou non, s’identifiaient peu ou prou aux individus au cœur dur et égoïste.
Par delà les siècles, la question demeure pour chaque être humain et nous y sommes nous-mêmes confrontés!
Notre comportement dans la vie quotidienne, autant que face à des événements qui sollicitent notre intervention, nous apporte une réponse!
Parodiant un Rohan orgueilleux de son état de grand aristocrate, nous pourrions dire:
« »Humaniste », ne puis!
Indifférent ne veux!
Simple humain inspiré par une réelle humanité suis».
«Plus facile à dire qu’à faire» diraient d’aucuns…
Oui! et «plus facile à dire qu’à être» pourrions-nous ajouter.
Mais n’est-ce pas vers ces vertus belles et dignes que nous devons tendre?
Apprendre aux enfants à les reconnaître et les imiter,
et nous exhorter nous-mêmes à les cultiver et à les pratiquer,
accorder la primauté à l’humain sans négliger quelque autre voie doit être un réflexe constant.
C’est une voie simple qui mène à la victoire sur l’égocentrisme, l’individualisme, le repli sur soi… et fait s’épanouir dans les cœurs et les vies les valeurs éternelles que la Bible enseigne.
Nous avons besoin d’une aide venant d’en haut pour y parvenir. Mais elle nous sera donnée a dit le Christ.
Yvon Charles