Connaissez-vous l’indice barbecue? Non! Pourtant, en ce printemps, il pourrait bien vous être fort utile, surtout si, comme de plus en plus de Français, vous êtes adepte des grillades… et du plaisir qu’elles procurent, souvent autant convivial que gourmand, en famille ou entre amis!

En effet, trois Français sur quatre de plus de 25 ans ont fait des grillades en extérieur au cours des 12 derniers mois, 63% utilisant un barbecue, 15% une plancha. Et parmi le quart des «non-pratiquants», ce n’est pas l’envie qui manque, mais la possibilité, un sur deux affirmant ne pas le faire, faute d’espace extérieur.

La tendance est réelle… L’engouement semble même désormais flamber, puisque après une croissance régulière depuis 5 ans, l’an dernier, les ventes de barbecue ont crû de 10%, atteignant en France le chiffre d’affaires record de 174 millions d’euros! Un phénomène à plusieurs niveaux de lecture…


80% des Français associent d’abord l’idée de faire des grillades en extérieur à un moment de convivialité, notamment aux beaux jours, la météo étant un élément essentiel pour réussir un tel rendez-vous! D’ailleurs, pour ce faire, les habitants de la pointe de Bretagne peuvent compter sur le fameux indice barbecue! Car ce dernier, au-delà de son appellation et de son objet qui à n’en pas douter révèlent son origine presque potache, n’en est pas moins en réalité très sérieux!


Analyse multicritère pour mieux griller vos saucisses!

Il émane d’Actimar, le cabinet d’étude brestois, spécialiste mondial de l’océanographie opérationnelle: «Notre métier consiste à comprendre l’environnement marin et à anticiper ses interactions avec les activités humaines, pour des besoins immédiats et dans une perspective de long terme», explique Bertrand Pons, directeur exécutif.

Résultat, en deux clics, vous êtes informés de l’opportunité ou non de faire un barbecue en divers lieux de la pointe bretonne, et ce, après une analyse multicritère, mêlant température, flux solaire, vent, taux d’humidité, etc.

Mais il n’y a pas que dans la péninsule armoricaine que les aficionados du «barbacoa» sont de plus en plus nombreux! Si ce terme originel, d’après les historiens, viendrait des amérindiens arawak et désignait un treillage de bois pour cuire ou fumer les viandes, la cuisine au barbecue est arrivée en France des États-Unis (BBQ) dans les années 50 et deviendra à la mode dix ans plus tard.


Barbecue des villes et barbecue des champs

Mais aujourd’hui, «le barbecue» tend à devenir un réel phénomène de société… très largement partagé en France, particulièrement en milieu rural, mais aussi désormais de plus en plus en milieu urbain, où les pratiques et plus exactement les «machines» servant à faire des grillades sont des plus diverses et variées!

Car, en effet, le terme «barbecue» jadis qualifiant la technique de grillades sur feu de bois a, petit à petit, mué, désignant désormais davantage l’objet. Et le marché s’enflamme, puisqu’il s’en est ainsi vendu plus de 2 millions l’an dernier! Il faut dire qu’à gaz, au charbon, électrique ou à granules de bois, et même désormais « d’intérieur », le choix ne manque pas!

Les raisons de ce regain d’intérêt pour les saucisses, brochettes et autres côtelettes grillées sont multiples : la première d’entre elles est que, lors du confinement, nombre de Français ayant un jardin ont redécouvert le privilège, mais aussi les opportunités que cela leur conférait! Ajoutez le temps supplémentaire disponible et l’attrait renouvelé depuis plusieurs années pour la cuisine en général… Mélangez le tout, et vous comprendrez «l’engouement barbecue»!

Depuis, l’essor du télétravail et l’exode (définitif ou pendulaire) d’une frange de citadins vers la campagne a maintenu la flamme, mais avec désormais surtout une augmentation en valeur (+18% en 2 ans) des ventes de barbecue! Notons cependant que les ventes en volume sont, elles, en légère baisse (-1,6%). Qu’est-ce à dire? Que le taux d’équipement a quasi atteint son optimum… et que le renouvellement n’est pas encore à l’ordre du jour pour une majorité de Français!


2 millions vendus chaque année

Mais comment expliquer davantage cette augmentation des ventes en valeur? Eh bien, voilà une autre lecture de cette tendance barbecue…

On observe le même phénomène qu’il y a quelques années, pour ce qui «jadis» s’appelait les «gîtes ruraux»: ces locations de vacances simples, parfois rustiques, mais adéquates pour l’essentiel, à savoir passer un vrai temps de déconnexion, de ressourcement loin du quotidien… et qui petit à petit ont intégré tout le confort, et même bien plus (!), d’une maison habituelle.

Pour le barbecue, il en est de même.

Il faut dire que tant l’imagination des fabricants et de leurs experts du marketing, que la perte de connexion de plus en plus de Français avec une «vie réelle» proche de la nature et maîtrisant l’art de la cuisine sur feu de bois (qui caractérisait les premiers adeptes du BBQ) ont accéléré le phénomène! Même le barbecue s’embourgeoise… au risque de n’en garder plus que le nom!

Ainsi, sur ces quelque 2 millions de pièces vendues chaque année depuis 3 ans en France, les barbecues à bois ou charbon ne représentent plus que 40% des ventes… les équipements fonctionnant au gaz étant désormais les principaux vecteurs de l’animation du marché, tant en volume qu’en valeur.


Technologies ou gadgets… au prix fort!

Mais cet accroissement du prix moyen (+15% sur un an) s’explique surtout par ce qu’il est commun d’appeler une montée en gamme, une sophistication technologique, pour ne pas dire gadgetisation, de l’offre! Il faut dire que les fabricants y mettent les moyens: «À Chicago, notre service recherche et développement compte 35 ingénieurs et les prototypes sont testés par un chef qui cuisine toute la journée», explique Régis Flusin le vice-président de Weber pour l’Europe.

Si les prix flambent, Alexis Richard, à la tête de Montvel, l’un des derniers nouveaux venus sur le secteur, qui mise sur le made in France, l’assume parfaitement: «Certes, 2500 à 3000 euros ça peut paraître un peu cher… Mais à la différence d’une machine à laver ou un réfrigérateur, un barbecue, c’est un achat plaisir, qui s’inscrit dans la tendance de l’investissement dans sa maison»!


Tous les arguments sont bons…

Et les industriels leaders du secteur, tels l’américain Weber, qui s’est fait connaître par son fameux couvercle, le belge Barbecook, mais aussi Campingaz (ex-français!), ou encore la PME bayonnaise Le Marquier rivalisent d’inventivité pour inciter les clients anciens, à investir, à renouveler tant leur barbecue que leur pratique, et pour en séduire de nouveaux, peu au fait des subtilités de l’art des grillades!

Finie donc ainsi la difficile tâche d’allumer un feu de bois, mais aussi celle de veiller à son alimentation subtile, et révolu le temps de la «désagréable fumée» qui va avec! En un clic, le gaz s’allume…

Terminée, la nécessité de surveiller vos saucisses et autres brochettes… puisque, grâce à des capteurs connectés, votre barbecue vous prévient quand il importe de retourner votre viande!

Exit, le stress du bon assaisonnement au bon moment, puisque la technologie vous guide et que les marques vous vendent des exhausteurs de goût à rajouter pour parfumer vos cuissons, en fonction des essences de bois que vous choisissez!

Désormais, rien n’est plus facile qu’un barbecue, qui plus est, expliqué, sur les réseaux sociaux, par des influenceurs branchés!

Ultime argumentaire dans l’air du temps, d’une société de plus en plus hygiéniste, où vivre est devenu un risque permanent: la santé! «Avec ces nouveaux produits, vous limitez les risques de cancer dus à la fumée issue des braises!»


Fumées et fumet, le charme des grillades

Bref, vous l’aurez compris… d’ici quelque temps, il sera possible de faire un «barbecue» moderne, dans votre salon, possiblement seul, en pilotant la manœuvre depuis votre smartphone et en regardant tranquillement à la télé un reportage sur les bienfaits de la vie au grand air et la nécessité de préserver l’environnement!

Au moins, la citation d’un humoriste français bien connu dans les années 80, qui aimait à railler entre autres les citadins, ne sera plus opérante: «Le barbecue, en gros, c’est un appareil qui te permet de manger des saucisses pratiquement crues, mais avec les doigts bien cuits.»

Cependant, gageons aussi que, pour une majorité de nos compatriotes, le barbecue restera synonyme de partage en plein air, d’authenticité, de fumées et de fumet, … qui font le charme des grillades entre amis !