Bêtise? Méchanceté ou conformisme stupide…?

Combien d’hommes et de femmes, de jeunes surtout ont eu leur existence tristement marquée par les réactions d’autres humains, agissant ou réagissant souvent en groupe… ce groupe qui donne aux lâches, aux méchants… la possibilité de laisser libre cours impunément à leur caractère cynique ou pervers…

Combien ont ainsi souffert à l’école, en pension, au service militaire, ou dans des entreprises, bureaux ou clubs… d’un ostracisme traumatisant qui les atteignait au plus profond de leur âme!

Les adultes, mais aussi les enfants peuvent devenir cruels…

Dans son remarquable livre «Le Grand Métier, Journal d’un capitaine de pêche de Fécamp», Jean Recher, dès les premières lignes, décrit le cadre et campe les caractéristiques de la vie de ces Yportais, de cette bourgade d’Yport «blottie dans son val, exposant au nord sa plage de galets, abritée des vents d’ouest par un petit cap…, qui fut une pépinière de marins de grande pêche».

Nous ne nous attarderons pas sur la vie et le dur labeur des terre-neuvas vivant au rythme de la pêche à la morue, mais seulement sur un aspect d’une coutume hypothéquante, qui trouvait et trouve hélas encore ailleurs, un écho regrettable:

«Un Yportais qui naît, écrit J. Recher, c’est un marin en puissance qui voit le jour. C’est également un homme qui ne sera jamais appelé par son nom mais par son surnom. Pour trouver des sobriquets, les esprits d’Yport sont fertiles et souvent pleins d’humour.

Un tel qui a une tignasse d’un rouge flamboyant est pour tous «l’homme en feu»…, tel autre, grand et maigre n’est connu que sous le nom de l’«orphie». Les enfants conservent le surnom de leur père jusqu’à ce qu’un particularisme physique, un trait de caractère ou un événement permettent à un esprit fécond en quête de parrainage de leur trouver un surnom qu’ils porteront jusqu’à leur mort et transmettront eux-mêmes à leurs enfants.

Les femmes n’échappent pas à la règle…»

Ce déterminisme qui marque une vie depuis la plus tendre enfance et l’accompagne comme «un boulet» ou «une étiquette indélébile», était et est, là où cette coutume sévissait ou sévit, une atteinte à la dignité de la personne.

Tradition? L’argument n’est pas recevable! Ce qui est préjudiciable, voire vil, est à condamner et à rejeter.

Chaque enfant, chaque homme et femme ont le droit à leur vie personnelle qu’ils modèleront eux-mêmes.

Il est ainsi de pauvres êtres que la bêtise ou la méchanceté du groupe ont poussé au désespoir, parfois au suicide.

Heureusement, s’est dessinée au fil des décennies une certaine évolution, mais tout n’est pas pour autant aboli! Et si les formes les plus violentes du «bizutage» et de l’ostracisme ont généralement disparu, la volonté de trouver un «bouc émissaire» demeure chez certains…

Et en bien des lieux, le commérage, le qu’en dira-t-on… également font beaucoup de mal et de victimes…

Il existe heureusement une autre vision,

une autre approche de l’existence,

un autre respect du prochain,

qui prévalent dans de plus en plus de familles et de milieux…

Résultat de l’éducation?

Oui, pour une grande part, mais aussi éveil des intelligences et des cœurs à la compassion, éveil des sensibilités chez ceux qui se rendent compte de la souffrance causée et qui n’aimeraient pas que leur soit fait ce qu’ils font subir aux autres…

En ce domaine comme en d’autres, les médias, les livres, les films… peuvent avoir une influence considérable.

L’accueil de l’autre, des autres, quelle que soit son origine, son apparence, ses éventuels handicaps ou disgrâces… est une disposition de cœur, un trait de caractère à cultiver, en soi comme en famille et en tous lieux de vie.

Accueillir, comprendre, aider, respecter… sont à l’opposé des «bizutages» et de leur appellation nouvelle: «week-ends d’intégration» et autres pratiques qui ouvrent la porte à des sévices, des humiliations, que l’habitude ou la tradition invoquée ne peuvent en rien justifier…

Le joug imposé par le plus fort, «la petite bande», ou de soi-disant «parrains» est à condamner…

Il est des responsables, des chefs, des présidents…, ou tout simplement des personnes éprises de liberté et respectueuses du droit des autres, qui s’élèvent contre ces abus déguisés en coutumes et qui s’opposent aux «tortionnaires» cachés derrière un sourire faussement «bon enfant».

Tout ce qui abaisse, traumatise, le frère ou la sœur en humanité, doit être combattu sans répit.

Il existe un autre monde dont les principes et les manières de vivre n’engendrent pas la contrainte, la moquerie, l’abaissement, voire le vice érigé en humour (!)… mais dont les motivations et les comportements sont portés par l’amitié, l’entraide, le souci des plus faibles…

Chacun se sent alors accueilli et pourra s’épanouir.

Notre monde de 2024, malgré ses prétentions «à la civilisation», est dur, violent, égocentrique, parfois pervers…

Il faut que s’élèvent des voix calmes et fortes pour rappeler à tous

–que l’amour doit triompher de la haine,

–la miséricorde de la rancune,

–l’accueil de l’indifférence,

–le partage de la soif de possession,

–la vérité du mensonge,

–l’humanité de la barbarie.

Le message de l’Évangile,

l’exemple de Jésus,

sont des points de repère essentiels et sûrs…

La lumière qu’ils apportent, l’espérance qu’ils procurent vont au-delà des horizons de cette terre…

Ils éclairent l’éternité.