«Les documentaires où l’on voit les archéologues dégageant au pinceau des fragments de poterie ou d’ossements ne reflètent pas du tout l’essentiel du métier !

On utilise plus souvent la pioche. On déplace beaucoup de terre et de pierres, bien plus qu’on ne l’imagine. C’est vraiment un chantier, comme peut l’être un chantier de travaux publics : c’est le même milieu, la même pratique… C’est physique, c’est souvent épuisant, pour l’équipe et pour le responsable !». 

Visage à l’expression ouverte et juvénile, contact humain facile, Florian Cousseau sait tout de suite créer une relation naturellement sympathique.

Les paroles de ce jeune chercheur – qui joint souvent le geste à la parole pour imager son propos – résonnent autant de la sobre et précise rigueur du scientifique que de l’enthousiasme du passionné, et expriment son savoir dans les termes accessibles d’une science volontairement vulgarisée…

F. Cousseau se souviendra toute sa vie de Carhaix… Venu en Centre-Bretagne au gré de circonstances un peu fortuites, il est appelé à y revenir chaque année, et pour longtemps : le voici Carhaisien par passion, uni à notre contrée par un lien vieux de 6000 ans !

Car la mise au jour du grand cairn de Goasseac’h, dont il dirige les fouilles depuis leur ouverture en 2019, fera date dans l’histoire de l’archéologie du néolithique, et fait déjà figure de consécration précoce pour un jeune chercheur tel que lui !

Ce monument surgi des siècles est aussi rare que prometteur pour la connaissance de ces pages d’histoire de l’humanité demeurées largement mystérieuses…

Il l’est aussi pour Carhaix, dont il pourrait devenir le témoin emblématique d’un passé multimillénaire particulièrement riche.

A l’orée d’une troisième campagne de fouilles archéologiques à Goasseac’h, voici un tour d’horizon avec le maître d’œuvre de ce gigantesque chantier des siècles enfouis.


Voudriez-vous vous présenter brièvement ?

«Je suis chercheur en archéologie, post-doctorant, titre qui n’est pas très parlant pour le grand public… Je suis actuellement à l’université de Genève et je travaille sur le mégalithisme, les dolmens et menhirs, principalement sur la façade atlantique de l’Europe.

J’ai 33 ans et suis originaire de Vendée – du bocage vendéen – mais j’ai passé beaucoup d’années à Nantes pour mes études, et à Rennes où j’ai fait ma thèse de doctorat.

Je suis grand amateur d’imagerie en 3D; et de numérique en général, c’est pourquoi j’aime travailler sur des présentations des sites de fouilles archéologiques en 3D. Et j’aime aussi la cuisine…»

Vous voici de passage à Carhaix, pour quelques jours, avant un nouveau séjour prolongé au cours de l’été prochain… quel est l’objet de ce premier déplacement ?

«Il s’agit d’assurer l’organisation des fouilles archéologiques qui vont se faire cet été. Notamment relancer les contacts, régler des aspects aussi pratiques que la préparation et la livraison des repas par Kan-Ar-Mor, l’ouverture de comptes dans les supermarchés, ou encore l’achat de lits pour les stagiaires… Un gros travail purement administratif.

Et on voulait aussi poursuivre les prospections géophysiques sur le terrain et sur le cairn; faire nos tests méthodologiques afin de voir s’il est possible de connaître ce qui est sous le sol sans fouiller.

Nous prospectons en particulier une partie que nous allons ouvrir cet été, afin d’être à même de comparer tout de suite ce que nous aurons obtenu en données géophysiques et ce que nous trouverons en fouillant. Nous travaillons donc à l’aide d’un géoradar…»

Comment avez-vous connu Carhaix et le Centre-Bretagne ?

«J’ai connu Carhaix lors de mes études en archéologie à Nantes et Rennes, où Vorgium revenait souvent dans les cours sur l’époque romaine.

Puis, pour ce qui concerne le cairn de Goasseac’h, c’est Elodie Guezennec, qui travaille maintenant au service archéologique du Département, qui m’a envoyé une documentation sur le site, en me disant qu’existait cette butte, dont on ne savait trop ce qu’elle recelait, sans doute du mégalithisme…

J’avais beaucoup travaillé sur les cairns de Barnenez, de l’île Guenioc à Landeda, de l’île Carn à Ploudalmézeau – tout le Nord-Finistère – et en Charentes également pour ma thèse, si bien que je me suis intéressé à cette butte et que j’ai découvert ce cairn de Goasseac’h…»

Vous avez un doctorat en archéologie; d’où vous est venu cet intérêt pour cette forme de recherches historiques ?

«Je me suis intéressé tout jeune à l’archéologie. Nous sommes une fratrie de trois, dont je suis le plus jeune, et mon frère aîné – celui du «milieu» – qui se passionnait pour l’égyptologie, m’a communiqué son intérêt. Je l’ai suivi, voulant l’imiter un peu, je pense…

Ensuite, ce sont des rencontres et des échanges avec des professeurs, et notamment un prof de latin, qui m’a beaucoup aidé au collège et a développé en moi ce goût pour l’archéologie, surtout romaine au début.

J’ai assez tôt pensé m’y consacrer professionnellement…»

Et ce penchant ou cette passion pour la période du néolithique et les mégalithes…?

«En quittant le lycée, l’on n’a généralement que très peu de notions sur la préhistoire. On a quelques vagues connaissances sur l’Homo Sapiens, mais on ne sait pratiquement rien sur le néolithique. On a étudié un peu l’Egypte, mais on ne sait rien ou presque de ce qui a existé entre les deux : les premiers agriculteurs…

Je suis donc arrivé en Fac avec l’idée de me consacrer à la période romaine. Puis au fil de mes années d’études, j’ai découvert le néolithique.

J’ai beaucoup travaillé avec Jean-Marc Large, qui est un peu devenu mon mentor en archéologie, et avec Roger Joussaume – directeur de recherches émérite au CNRS – qui m’ont vraiment accompagné dans mes premières années d’études et m’ont donné le goût du mégalithisme.

J’ai décidé de partir sur cette voie à la fin de mes années de licence. Mais ce qui me plaît beaucoup à Goasseac’h, c’est que l’on a sur un même site toutes les périodes.

Et mon travail d’archéologue a été de prendre des méthodes utilisées pour la période médiévale et de les appliquer à des périodes préhistoriques, par exemple dans la «lecture» des murs… J’aime voyager ainsi entre les périodes !»

Vous êtes actuellement rattaché à l’Université de Genève, et au CNRS, mais avez poursuivi la première partie de vos études universitaires à Nantes puis à Rennes… Pourquoi ce parcours ?

«C’était un peu le passage obligé pour espérer obtenir un poste en France : on fait sa thèse en université française, puis on va à l’étranger après celle-ci, en «post-doctorant», avant de pouvoir prétendre à un poste en France, par concours ou autre…

Pour l’archéologie, il n’y a pratiquement que deux voies : enseignant-chercheur en université, ou chercheur au CNRS. Mais j’aime beaucoup enseigner, être au contact des étudiants, et mon souhait est de devenir enseignant-chercheur…»

Outre le site de Goasseac’h à Carhaix, où avez-vous participé à des fouilles archéologiques, en France, en Europe, ou ailleurs dans le monde ?

«J’ai beaucoup travaillé dans l’ouest de la France, par exemple sur l’île d’Hœdic, dans le Morbihan – sur les périodes néolithique et gauloise – mais j’ai vraiment commencé mes fouilles sur la grande enceinte néolithique de la Chevetelière en Vendée. J’y ai usé mes premières truelles, pendant trois ou quatre années.

J’ai aussi travaillé au Liban avec l’université de Genève, il y a deux ans, et j’y serai à nouveau au moment où paraîtra cet interview, à la mi-juin.»

Vous êtes encore relativement jeune dans le métier, mais « découvrir » un site archéologique tel que ce cairn ou tumulus et y diriger des fouilles, n’est-ce pas le «chantier d’une vie» et une sorte de consécration précoce ?

«L’on y est certainement pour longtemps!… Le chantier de Prissé-la-Charrière est fouillé depuis 25 ans; mais c’est un site qui a beaucoup plus de hauteur que celui de Goasseac’h, est aussi long mais possède moins de chambres funéraires…

Goasseac’h va demander énormément de travail, c’est certain !»

Quelle différence y a-t-il entre un cairn et un tumulus ?

«Tumulus est un terme générique. Parmi les tumulus – ou plus exactement les tumuli, au pluriel – on trouve les cairns et les tertres.

Un cairn est un tumulus construit en pierres; un tertre est un tumulus fait principalement de terre.

Le terme tumulus convient donc pour ces deux types de monuments du néolithique. Mais il existe aussi des tumulus de l’âge du Bronze, si bien que l’on préfère parler de cairn pour un site comme celui de Goasseac’h où tout est en pierres, afin d’être plus précis et de mieux caractériser l’époque…»

Quand et comment ce «cairn allongé» de Goasseac’h a-t-il été découvert pour la première fois ? Certains soupçonnaient son existence, et il a été occupé à d’autres époques postérieures…?

«Sa première «découverte» contemporaine date vraiment de 1984, où le Conservateur de l’archéologie se déplace à Carhaix, vient examiner cette butte qui lui a été signalée, et l’inscrit sur la carte officielle des sites archéologiques de France.

Maurice Gauthier en fait des photos aériennes en 1991… Le site était certainement connu avant, mais c’est cela qui l’a fait vraiment référencer.

En 2019, lors de mes premiers sondages sur place, l’on m’a dit qu’une mention avait été trouvée par quelqu’un dans un ouvrage du 19e siècle. J’ai transmis mon adresse à la personne, mais n’ai jamais eu de retour… J’aurais bien aimé savoir !

Ceci dit, au vu de l’aspect de cette butte, ce ne pouvait pas ne pas être un site archéologique. Mais en l’absence de grosses pierres visibles, demeurait un doute sur la datation : qui avait édifié ce site ?…

La butte a été réutilisée par la suite : j’ai des indices sur la période antique, et surtout sur la période médiévale – une tour à grains dans un enclos du 11e-12e siècle – puis une exploitation du cairn pour un réemploi des pierres à une époque plus récente… La suite du programme de fouilles nous permettra d’en savoir plus, mais ce sera pour plus tard.»

L’on a pu dire de cette découverte qu’il s’agissait d’un événement majeur pour l’archéologie et la connaissance historique du néolithique, pourquoi ?

«C’est vraiment un site important, tout d’abord pour sa préservation: l’on a une préservation sur un mètre de hauteur, ce qui est considérable, sachant que l’on n’a généralement qu’une vingtaine de centimètres – l’équivalent de 2 rangs de pierres – sur les vestiges de ce genre de monument!

C’est aussi un très long cairn. La dimension de cette nécropole est exceptionnelle. Il y en a très peu de pareilles en Bretagne et dans tout l’ouest de la France…

Sa localisation en Centre-Bretagne est également remarquable, alors qu’habituellement les cairns allongés du néolithique moyen – 4500 à 3500 avant J.C. – se trouvent sur la côte: Carnac, Barnenez, Carn, Guenioc, le Souc’h en Plouhinec… C’est la première fois qu’on en met un au jour de cette taille en Centre-Bretagne.

La préservation des chambres est un autre élément exceptionnel: personne ne les a fouillées avant notre intervention. L’on va donc y trouver des choses qui sont en place, disposées dans les chambres funéraires en même temps que les morts, depuis le néolithique jusqu’au Campaniforme (2500 ans avant notre ère), puisque l’on est face à un monument qui a été utilisé comme nécropole durant environ 2000 ans…»

Que remet en cause la mise au jour de ce cairn de Carhaix ?

«Cette absence de grands cairns en Bretagne intérieure, comme nous venons de le dire, et sans doute les raisons invoquées pour l’expliquer…

Il a été dit que ces peuplades du néolithique s’étaient d’abord installées sur le littoral parce que la vie y était plus agréable, la nourriture plus accessible grâce aux coquillages… Et qu’ils ne sont venus dans les terres qu’à la fin du néolithique…

Mais ce n’est donc pas le cas. On a des habitats, à Kergorvo par exemple, qui datent de la même période que les cairns…

Je suis sûr qu’il existe en Centre-Bretagne d’autres grands cairns du même type, mais non identifiés parce qu’il n’y a pas de gros blocs de pierres apparents. On a pensé que l’absence de gros blocs était due à la difficulté d’en trouver dans les types de roches présentes ici…

Mais c’est donc principalement l’organisation du peuplement néolithique, l’implantation de ces premiers agriculteurs du néolithique, qui se trouvent remises en cause par la découverte de Goasseac’h.»

Quelles sont, parmi les tumulus bretons répertoriés, les caractéristiques distinctives et les aspects communs que recèle celui de Goasseac’h ?

«Il possède plus de liens avec ceux du Nord-Finistère qu’avec ceux du Sud-Bretagne, et notamment Barnenez, avec lequel il a beaucoup de points communs: leur situation dans une pente orientée au Sud-Est; un grand nombre de chambres : il y a 11 dolmens à Barnenez pour un cairn de 75m de longueur, et déjà 3 chambres à Goasseac’h pour 15 m sur les 90 de longueur environ de ce cairn…»

La conception et la construction de tels monuments sous-entendent une organisation sociale relativement élaborée… A-t-on quelques éléments qui permettraient de cerner quelque peu la vie de ces peuples…?

«L’on a de plus en plus de données sur ces populations, notamment grâce à l’archéologie préventive, avant travaux donc. Il nous manquait beaucoup d’informations sur les habitats, car autant les mégalithes sont visibles et assez faciles à trouver, autant les habitats n’ont pas laissé de traces. On sait que ces populations du néolithique sont arrivées ici vers 4800 ans av. J.C. et ont commencé à édifier des cairns vers 4500…

On savait que les cairns ne servaient pas de site funéraire à tout le monde. Mais on ne savait pas quels types de personnes y étaient placées: sélection en fonction d’une valeur guerrière de la personne, de la richesse de la famille ?… Les premières analyses d’ADN, réalisées en Irlande, sur ce type de monuments montrent que ce sont plutôt des lignées familiales; peut-être des familles de chefs qui se partagent le pouvoir de lignée en lignée…

On remarque aussi – notamment grâce aux travaux qu’avec mon directeur de thèse nous avons pu faire à Barnenez – que ces sociétés sont organisées en professions. Pour construire ce type de très grands monuments, qui réclament tout un savoir-faire, il y a eu très certainement des bâtisseurs professionnels. C’est de l’artisanat spécialisé. Et cela implique que d’autres préparaient leur nourriture (etc.). Il y avait de même des tailleurs de silex, des potiers, des agriculteurs… Il existait donc une sorte de troc.

Hiérarchisation de la société et spécialisation des tâches sont deux aspects qui se mettent en place au début du néolithique, et que l’on discerne à mesure que nous avançons dans nos études et découvertes…»

Que signifient de tels monuments ?

«Une des particularités du mégalithisme est d’être assez universel: on trouve de ces monuments dans le monde entier.

Ces hommes ont partout voulu marquer le paysage par ces constructions et y ont déposé leurs morts avec des objets… cela m’impressionne toujours.

Je vais dans le Nord du Liban pour travailler sur des dolmens du Proche-Orient, un peu plus récents que les nôtres, car on en trouve en tous lieux et de toutes époques…

Ceux de la façade atlantique européenne ont en commun d’être des «tombes à couloir» : ce sont des dolmens avec un couloir qui mène à une chambre. On en retrouve du sud de l’Espagne au nord de l’Ecosse. C’est assez intriguant et fascinant!…

Un mégalithe est destiné aux morts et aux vivants. A ces derniers, il montre la richesse et la puissance de celui qui a pu engager assez de carriers et de bâtisseurs pour l’édifier, les nourrir, les «rémunérer»… C’est un témoin d’une position sociale.

Voudriez-vous faire pour nos lecteurs un «point d’étape» sur les fouilles déjà réalisées en 2019 et 2020 : qu’avez-vous pu mettre en évidence jusqu’à présent ?

«Nous avons donc effectué deux campagnes de fouilles, celle de 2020 ayant été perturbée par l’épidémie du Covid. Il a fallu réduire la durée d’intervention, et l’équipe…

En 2019, au contraire, l’on avait pu faire un bon nombre de sondages et de découvertes : des ouvertures sur le cairn lui-même, et sur les carrières d’extraction des pierres utilisées pour le construire, qui sont situées à proximité immédiate.

Ce travail d’extraction était d’ailleurs aussi énorme que la construction de l’édifice lui-même !

C’est particulièrement intéressant d’avoir sur le site tous les aspects du chantier.

En 2019, nous avons donc réussi à identifier les façades est et ouest du cairn. Il nous manque ses extrémités précises, et un doute demeure donc sur sa longueur exacte…

Nous avons aussi identifié trois dolmens, donc trois chambres funéraires. Ce sont des sortes de grottes artificielles, où les corps étaient déposés, un couloir donnant accès à une chambre.

A Goasseac’h, comme à Barnenez, ces chambres sont entièrement faites en pierres sèches, selon une structure en voûte à encorbellement…

A Barnenez, certaines chambres n’ont pas bougé depuis 6000 ans.»

L’on a évoqué la présence éventuelle de deux cairns juxtaposés et non d’un seul…?

«C’est l’une des grandes questions qui seront à résoudre; rendez-vous dans un à deux ans pour la réponse…

Les prospections géophysiques que nous avons faites en 2019 ont révélé une «anomalie» située au milieu du cairn sur toute la largeur de la butte, et qui peut s’expliquer par la présence de deux cairns juxtaposés, d’une extension du premier cairn… ou tout simplement par le passage des vaches au fil des siècles!

Il faut bien comprendre que de tels monuments sont utilisés pendant des siècles – deux mille ans ici – et donc repris, remaniés, réaménagés en partie, augmentés par des extensions… l’on part parfois d’un petit monument que l’on agrandit au fil du temps. Il faut imaginer leur «histoire» un peu comme celle des cathédrales ou des églises à travers des siècles.»

Quel est l’état de conservation de cet ensemble, comparé – par exemple – au célèbre tumulus de Barnenez en Plouezoc’h ?

«La particularité exceptionnelle de Barnenez est d’avoir été préservé sur toute sa hauteur, avant d’être en partie attaqué à la pelleteuse afin de servir de carrière de pierres pour la construction de la route côtière proche…

Il était vraiment en très bon état, avec des chambres préservées…

A Goasseac’h, les chambres sont remplies de sédiments, ce qui nous donne des couches successives dont l’analyse va nous permettre de comprendre ce qu’il s’y est passé à travers les siècles. C’est particulièrement intéressant !

A Barnenez, tout cela était un peu mélangé; et très souvent, les chambres des cairns sont vides car elles ont été fouillées depuis longtemps, par des pilleurs ou par les chercheurs du 19e siècle, qui n’ont laissé que très peu de documents…»

Que reste-t-il à mettre au jour sur ce site exceptionnel ?

«Presque tout !… Pour la partie néolithique, toute l’architecture du cairn est à comprendre : a-t-elle évolué dans le temps ? Combien de dolmens compte-t-elle ?… Et je cherche à comprendre le «paysage» autour : l’étude des carrières déjà découvertes… Y avait-il de l’habitat à proximité ?

Puis toute la partie médiévale est à étudier et à comprendre. Je travaille sur ce domaine spécifique avec Joseph Le Gall, un collègue de l’INRA (Institut National des Recherches Archéologiques). 

L’analyse ADN est si fine aujourd’hui, par exemple, que l’on peut déterminer, à partir d’infimes éléments ADN récupérés dans les sédiments grâce à des protocoles très rigoureux, l’origine des populations qui ont vécu là. On va rechercher à Goasseac’h si l’on est face à des peuplements venus du Proche-Orient, où s’il s’agit de chasseurs-cueilleurs d’ici…

 Et dans 5 ans, on parviendra à faire des analyses ADN dix fois plus fines ! C’est pourquoi, il faut laisser de la matière aux générations de chercheurs à venir.»

Combien d’années et de campagnes de fouilles seront-elles nécessaires ?

«Je suis à Carhaix pour dix ans au moins ! Mais l’on ne va pas essayer de tout fouiller. On ne le fait plus aujourd’hui, du moins sur les sites qui ne sont pas menacés par des constructions ou autres, comme c’est le cas à Goasseac’h.

Il faut laisser des parties à nos successeurs, qui disposeront de méthodes plus avancées, meilleures que les nôtres.

Si nous fouillons tout, nous allons empêcher de découvrir demain ce que nos techniques actuelles ne nous permettent pas de découvrir…

Nous avons à Goasseac’h des préservations exceptionnelles, que l’on ne trouve pas ailleurs ; il faut en conserver intactes pour les futures générations de chercheurs. L’on n’a pas aujourd’hui la science infuse !

C’est un principe qu’un très grand archéologue tel que Pierre-Roland Giot a déjà appliqué à Barnenez il y a cinquante ans. Il a laissé des parties de chambres non fouillées, sur lesquelles on pourrait revenir aujourd’hui pour trouver de nouveaux éléments…

Pierre-Roland Giot a été le «pape» de l’archéologie du néolithique, même s’il récuserait ce mot, c’est lui qui a vraiment lancé l’archéologie mégalithique en Bretagne. Il a fouillé Barnenez, Carn, Quenioc… a développé le musée de Penmarc’h, créé le Laboratoire de Rennes…»

La pensée de travaux si longs, dont vous ne verrez peut-être pas la fin, fait-elle naître la perception attristée de la brièveté de la vie humaine au regard de l’Histoire… et de l’éternité ?

«Ce que je ressens en fouillant ces monuments mégalithiques, c’est que ces hommes, et leur époque, sont à la fois proches et lointains par rapport à nous. 6000 ans… Cela paraît loin, mais ça ne l’est pas tant que cela. Car nos sociétés actuelles sont basées sur les développements du néolithique : la sédentarité, l’accumulation des richesses…

Et ce sont pourtant des gens qui sont éloignés de nous dans leur mentalité. Ils n’avaient pas les mêmes façons de penser que nous, et il nous est parfois difficile de faire abstraction de notre propre façon de penser, de nous affranchir de notre bagage culturel pour parvenir à comprendre ce qu’ils ont pensé et fait…

Mais quand je sors une pierre sur laquelle je peux observer des traces d’extraction, de mise en forme, c’est émouvant car je vois le bâtisseur qui se trouve derrière cette pierre. On se dit que c’est lui qui l’a déposée là il y a 6000 ans! On imagine son geste… Il y a de l’émotion sur un chantier de fouilles ! D’autant que c’est un métier de passion…»

Quand pourrait-on envisager une ouverture du site au public, comme c’est le cas sur d’autres sites du néolithique, tels ceux de Carnac, de Locmariaquer, de Barnenez…?

«Assez rapidement ! Nous organisons déjà, avec le Centre d’Interprétation de Vorgium, des visites du chantier de fouilles et des journées «portes ouvertes» sur le site… le but est que la population locale s’approprie ce cairn, le connaisse, que naisse aussi un intérêt pour l’archéologie…

Cela permet également de faire évoluer les connaissances, de voir des gens venir nous dire, par exemple : «J’ai une butte semblable dans un de mes champs !…»

J’apprécie beaucoup de travailler avec le Centre de Vorgium. C’est une structure très dynamique !

Ceci dit, on ne peut guère envisager pour l’instant d’avoir sur le site un flux continu de visiteurs, parce que cela reste un chantier de fouilles; un site protégé l’hiver, inaccessible…

Il faudra le stabiliser, le restaurer… Je pense que dans un premier temps la visite pourra se faire à une certaine distance du cairn lui-même, afin de préserver le chantier. Mais l’idée, l’optique, est vraiment de fouiller, de comprendre, de restaurer et de faire visiter.»

Quel est l’objectif de la campagne de fouilles que vous allez conduire cet été ?

«Comprendre l’architecture du sud du cairn, commencer la fouille de l’un des dolmens, et étudier l’une des carrières ouvertes l’année dernière, en la fouillant complètement.

Ces carrières sont situées sur des filons de roches dont ces hommes du néolithique savaient repérer la présence à leur sommet, mettre au jour puis exploiter en extrayant des blocs d’environ 50 cm sur 50 cm, qui étaient immédiatement exploitables.

Ils suivaient le filon au fur et à mesure de l’exploitation, à sa surface et en profondeur, en creusant. On sait que la petite carrière découverte l’an dernier descend assez profondément, et nous venons d’analyser au géoradar celle découverte en 2019, car il serait trop long de fouiller la totalité de ces carrières. On retrouve là les mêmes types de carrières que celles fouillées à St-Nicolas-du-Pélem, sur des substrats de roches identiques, il y a plus de 20 ans…»

Vous avez parfois dit concernant la richesse du patrimoine historique et archéologique carhaisien, que Vorgium a souvent fait oublier d’autres sites, époques et «visages» de l’histoire locale… D’autres découvertes ont-elles été faites à proximité de Goasseac’h, ou sont-elles à prévoir ?

«La focalisation sur Vorgium a préservé la butte de Goasseac’h. Paul du Châtellier avait beaucoup fouillé sur Carhaix à la fin du 19e siècle, et sans cet intérêt primordial pour la période romaine, il aurait peut-être découvert le cairn et fouillé les dolmens. L’on n’aurait pas eu aujourd’hui un monument aussi préservé…

Des prospections aériennes, qui sont surtout utiles en période de sécheresse, ont été menées autour de Carhaix pour identifier des sites, et l’on en a trouvé partout. Nous avons prospecté autour du cairn sur 30 hectares : il y a des vestiges partout !…

Carhaix possède un patrimoine archéologique exceptionnel, et de toutes les périodes !»

En est-il qui ont irrémédiablement disparu, pour avoir été détruits, par exemple ?

«Si l’on en revient au néolithique et aux cairns, c’est certain. Ils ont souvent servi de «carrière» de pierres, pour la construction de fermes à proximité, ou pour  d’autres bâtiments à l’époque romaine ou médiévale…

Souvent, le cairn est alors entièrement prélevé et tous les indices disparaissent…

Paul du Châtellier avait identifié une allée couverte à Kergoutois, de l’autre côté de l’actuelle 4 voies, au sud de l’usine Synutra, mais on ne retrouve aujourd’hui qu’un énorme trou à l’endroit qu’il mentionne. Cela a probablement servi de carrière à un moment donné…

On a parlé de destructions de vestiges lors des aménagements du stade au centre-ville, mais on ne sait pas vraiment ce qui s’y est passé. Il faudrait pouvoir réaliser des sondages pour le savoir…»

Dans une ville chargée d’histoire telle que Carhaix, les vestiges sont potentiellement nombreux… Comment peut-on concilier leur préservation et le nécessaire développement contemporain des activités, les aménagements urbains, constructions…?

«C’est souvent un peu compliqué… En tant qu’archéologues, nous devons documenter ce qui est trouvé afin d’alimenter des archives sur lesquelles on pourra travailler. Mais l’on n’empêche pas les travaux, ni le développement et la vie économique… On ne va pas transformer une ville en musée. Ce serait horrible !

Ensuite, certains vestiges ont une telle valeur archéologique, historique, qu’ils doivent être valorisés. Ces sites exceptionnels sont assez rares.

Depuis la mise en place de l’archéologie préventive, très peu de sites ont entraîné un arrêt de travaux. Le plus souvent, après un travail de fouilles et de documentation des vestiges, le terrain concerné est libéré pour la construction.

Sur des sites tels que celui de Goasseac’h, que rien ne menace, l’on peut plus facilement envisager une mise en valeur…

L’on peut aussi, en ville, concilier aménagement urbain et conservation, valorisation de tel ou tel vestige particulièrement intéressant. L’architecte et les services archéologiques peuvent y travailler ensemble. C’est ainsi qu’une petite partie des remparts de Nantes a été dégagée dans les années 2010, et conservée dans l’aménagement urbain pour être visible du public.»

L’archéologie a souvent allié la connaissance et l’intuition; les facilités offertes par les technologies modernes de localisation et d’investigation n’ont-elles pas réduit cette part de l’intuition ?

«Non ! Pas du tout ! Ne serait-ce qu’en raison du coût d’utilisation de ces technologies. On les emploie avec une relative parcimonie. L’intuition, c’est-à-dire la recherche des critères qui permettent d’identifier des sites, demeure essentielle et première pour notre travail. Et l’on engage parfois les moyens techniques pour tester la validité de nos intuitions…»

Quelles sont aujourd’hui les techniques de pointe les plus utiles aux archéologues ?

«La pelle-mécanique reste la technique la plus utilisée en archéologie, en France. C’est même l’outil de base de l’archéologue !

C’est l’outil qui permet de dégager la terre végétale du terrain pour identifier ce site avant le chantier. Or, la plupart des vestiges sont «en creux». Ce sont des fossés, des fosses, des trous de poteaux… La pelle les dégage devant l’archéologue, qui observe et pilote le travail.

Et parfois, pour certains sites, l’on engage une prospection géophysique, magnétique, géoradar… qui va permettre de mieux comprendre le site sans l’ouvrir, ou sans le faire en totalité.»

Lorsque surgit de terre une trace, un «témoin» de l’histoire, face à la découverte soudaine d’un site signe d’un riche passé lointain, quels sentiments, quelles émotions vous saisissent-ils ?

«On ne peut pas ne pas penser à celui ou celle qui a vécu ou travaillé là ; qui a laissé son vase, ou même son repas de midi, que l’on retrouve là des siècles après… ! On touche le quotidien des gens d’hier.

L’histoire touche surtout les grands événements de la vie de l’humanité, des peuples ; l’archéologie touche au quotidien de la vie humaine…»

De l’enthousiasme à la déception, il peut n’y avoir parfois qu’un pas : celui qui suit un premier indice prometteur, et dont l’examen approfondi révèle l’absence d’intérêt… En avez-vous connu, et qu’avez-vous ressenti en vous-même ?

«Il arrive effectivement que l’on engage du temps et de l’argent sur un site qui se révèle concerner une époque différente de ce que l’on croyait, par exemple…

Cela aurait pu nous arriver à Goasseac’h, qui pouvait aussi receler un site médiéval et non néolithique. J’aurais alors passé le relais à un collègue spécialiste de cette époque, qui aurait fouillé le site ou non, selon son intérêt…

La déception est un peu le lot de la recherche de manière générale. Ce sont des projets qui ne sont pas sélectionnés, ou qui n’aboutissent pas… Mais le propre de la recherche est aussi d’essayer ; et d’accepter que l’on échoue ou que l’on réussisse !»

Films et images d’Epinal donnent souvent des fouilles une impression agréable, presque ludique… Mais n’est-ce pas d’abord un travail ardu, parfois même pénible, que celui mené sur un «chantier de fouilles», qui mérite bien son nom ?

«Les documentaires où l’on voit les archéologues dégageant au pinceau des fragments de poterie ou d’ossements ne reflètent pas du tout l’essentiel du métier !

On utilise plus souvent la pioche. On déplace beaucoup de terre et de pierres, bien plus qu’on ne l’imagine. C’est vraiment un chantier, comme peut l’être un chantier de travaux publics: c’est le même milieu, la même pratique… C’est physique, c’est souvent épuisant, pour l’équipe et pour le responsable !

Et à cela s’ajoute le travail de documentation : dès que quelque chose est découvert, il faut dessiner, photographier, représenter en 3D… La concentration doit alors être absolue, notamment pour le responsable des fouilles, d’autant plus que l’on est évalué ensuite. Tout notre travail, toute notre méthodologie, notre documentation vont être examinés par une commission…»

Le découragement peut-il s’emparer de compagnons «de fouilles» jusqu’à les amener à abandonner… De quels arguments usez-vous alors pour redonner espoir et courage aux déçus et fatigués ?

«C’est un travail de chef d’équipe. Eh oui, il faut parfois remobiliser. Un chantier tel que celui de Goasseac’h est aussi un chantier-école, avec des formations universitaires à mettre en place. Des jeunes y viennent en stage universitaire pour apprendre le métier. Il est donc important de bien leur faire comprendre qu’il s’agit d’un milieu et d’une démarche professionnels, qu’ils ne viennent pas là comme dans une «colonie de vacances», même si l’on fait ce travail par plaisir et par passion. 

Souvent des étudiants viennent sur les chantiers de fouilles avec cette image dont nous avons parlé : on va manier la brosse et le pinceau sous le soleil… Non, c’est physique et c’est rigoureux. Et quand il pleut toute la journée ou qu’il fait froid, il faut continuer à fouiller, sous la pluie, dans la boue…

Alors, le fait d’avoir un bon accueil le soir, une bonne nourriture, un bon lieu d’hébergement, est très important !

Et je dois d’ailleurs dire ici qu’en la matière, l’accueil que nous recevons à Carhaix est exceptionnel ! La mairie met tout à disposition. L’ambiance est très bonne, et cela joue énormément pour «regonfler» le moral !

Nous organisons également des sorties pour les stagiaires, à l’allée couverte de Commana ; à Barnenez, ce qui permet aussi aux Suisses de voir la mer…

Généralement, ils restent sur le chantier pendant 2 à 3 semaines, mais certains participent à toute la campagne de fouilles, soit 6 semaines pour cet été.»

Envisagez-vous d’écrire articles ou livres plus tard sur vos travaux ?

«Oui. J’ai déjà écrit deux articles scientifiques sur la découverte, dont un est paru dans une revue internationale majeure. Un rapport doit en outre être rédigé chaque année, accessible sur le site du Ministère de la Culture. J’ai aussi écrit pour la nouvelle édition du livre «L’archéologie en Centre-Bretagne» (Coop Breizh), qui consacre deux pages à Goasseac’h…

L’on va donc continuer à écrire de manière à partager le site avec le grand public et les scientifiques.»

Communiquer «sa passion», partager sa joie et l’émotion de la découverte, est-ce difficile auprès du grand public ?

«J’aime beaucoup cela, ce n’est donc pas difficile pour moi…

Et je trouve qu’il est important et intéressant que les gens s’approprient leur patrimoine localement. C’est ce que je souhaite vraiment.

Lors de la campagne de fouilles sur l’île Guenioc, en 2017, j’avais organisé un contact avec la population, et nous avons eu plus de bénévoles locaux, d’associations du patrimoine du Pays des Abers que d’archéologues à travailler sur le site ! Ils étaient disponibles, intéressés, mobilisés bien que le travail ait été essentiellement du nettoyage du site et non des fouilles directement… Cela leur a permis de connaître ce site et de se «l’accaparer».

Pour cela, l’archéologue doit participer à des conférences «grand public», répondre aux sollicitations de la presse locale, organiser des «portes ouvertes»… J’essaie aussi d’avoir un vocabulaire accessible à tous, en évitant une terminologie trop technique.

Il faut dire que le mégalithisme suscite beaucoup d’intérêt. La Bretagne et les mégalithes, cela attire beaucoup !»

Le petit cercle des initiés accueille-t-il les informations avec intérêt, ou d’aucuns demeurent-ils sceptiques ? Quels sentiments et réactions prévalent-ils au sein du «monde des archéologues» ?

«Un site comme celui de Goasseac’h impressionne même les spécialistes. Et il est tellement « évident » qu’il ne suscite pas de controverse. Il est frappant que l’on puisse encore sortir de terre de tels sites, alors que l’on avait peut-être l’impression de tout connaître !

De ce fait, les échanges portent davantage sur la méthodologie : comment procéder pour le fouiller, l’étudier au mieux…

On me propose des protocoles pour les prélèvements et les analyses chimiques sur les sédiments, ou pour des analyses ADN, par exemple… Le but est de conduire une fouille aussi adéquate et actuelle que possible.

Tout le monde est ravi de voir un site pareil sortir de terre !»

Nous avons eu le privilège d’interviewer, en Israël, Igal Yadin, le découvreur de Hatsor, et d’autres archéologues de ces terrains si riches du Moyen-Orient… L’humilité, la simplicité d’I. Yadin (par ailleurs homme très célèbre) nous ont impressionnés… Est-ce un trait caractéristique de ces «chercheurs de l’Histoire» ?

«Je ne pense pas que l’on puisse généraliser ! Cela dépend de la personnalité de l’homme, et non de sa discipline scientifique.

On trouve tous les «gabarits» parmi les archéologues, comme ailleurs !…»

Quelles réflexions – voire quelles méditations – le passionné d’histoire et d’archéologie que vous êtes se fait-il sur les civilisations, les cultures, l’histoire des hommes et la destinée humaine…? Fouiller ainsi le passé vous donne-t-il un «autre regard» sur le présent ?

«On se sent surtout tout petit en réalisant le nombre d’années qui sont là, derrière nous ! Et on se demande quelle importance notre petite vie peut avoir à cette échelle…

Cela nous amène également à vouloir laisser aux générations qui nous succéderont un environnement sain, et un patrimoine à découvrir, à avoir un souci de préservation donc.

Enfin, l’on se dit que nous avons de la chance de vivre dans le confort actuel! Quand on voit sur les crânes d’hommes du néolithique les trous laissés par des trépanations, réalisées avec des outils en silex, par exemple, on est heureux des progrès de la médecine…

Beaucoup de nos «petites misères» sont à relativiser !»

Vous voici un peu Carhaisien – et peut-être pour encore longtemps ! – Comment voyez-vous notre ville, sa région, ses habitants…?

«J’ai évoqué l’accueil que les Carhaisiens nous ont réservé… Je crois que je n’ai jamais été aussi bien accueilli qu’ici pour un chantier de fouilles ! 

Autant les propriétaires du terrain – Loïc Lucas et sa famille – que la municipalité et l’ensemble de la population nous ont reçus à bras ouverts. Je garde l’image de l’émotion manifestée par la tante de M. Lucas, venue sur le site et ayant les larmes aux yeux en se disant que «l’on savait enfin ce qu’il y avait sous cette butte !…»

Et je crois que c’est un peu le sentiment de la plupart des gens.

Je suis encore impressionné aujourd’hui par le nombre de personnes qui sont venues voir les fouilles, par leur intérêt, leur sympathie… Et je suis ravi d’être venu ici. Désormais, il faut refaire le livre «2000 ans d’histoire à Carhaix», car c’est 6000 ans !

Cette découverte sera un atout pour le développement touristique et économique de Carhaix. Les sites mégalithiques du Morbihan ont toutes les chances d’être classés au patrimoine de l’Unesco, ce qui aura un fort retentissement pour le site de Goasseac’h…»