Un constat, plein d’une humilité toute simple pour M. et Mme Dubaut qui après 15 années passées en région parisienne dans le monde stressant de l’informatique, ont pris, il y a bien longtemps, le virage décisif de leur vie professionnelle.
Facile, diront certains! Pas si sûr, car il a fallu travailler dur, essuyer les tempêtes qui ont mis plusieurs fois à mal leur outil de production, prendre peu de jours de repos, et découvrir que travailler sur du vivant nécessite une attention de tous les instants. «Nous surveillons le lait sur le feu», aime à dire M. Dubaut, «une attaque d’insectes, une maladie, un pic de chaleur, de froid, trop d’eau ou pas assez, et c’est toute une récolte qui dépérit et une perte financière. Les insectes sont nos alliés pour combattre certaines maladies ou d’autres parasites».
Leur production est distribuée sur tout le Grand Ouest, de la Normandie jusqu’à Bordeaux dans les jardineries. A part une pause de novembre à fin décembre, pendant le repos végétatif, ils doivent être prêts à expédier leur production dès le mois de mars. «Chaque lundi, avec une dizaine de saisonniers, nous organisons le départ de nos plants, soit une journée de 12 heures, le mercredi nous avons un autre départ moins important, et le reste du temps il faut produire, nettoyer, rempoter, arroser, soigner… Heureusement que nous avons une machine qui nous aide pour le rempotage, auparavant le travail était épuisant. »
Avec 4700 m² de serres et environ 70 variétés de plantes aromatiques, plus une dizaine de variétés de fraisiers, il faut suivre le marché qui se dessine au fil des magazines culinaires et autres émissions de cuisine. La gamme évolue, certains produits disparaissent, d’autres prennent la place, venus parfois du bout du monde.
«La Mertensia maritima est une plante qui plaît beaucoup aux restaurateurs grâce à son goût d’huître prononcé. Nous produisons aussi l’ail des ours qui a vu ses ventes s’envoler ces dernières années pour aromatiser les salades, la coriandre vietnamienne se marie aussi très bien avec les légumes… nous nous adaptons constamment !»
L’année 2020 leur a laissé un souvenir éprouvant entre pic de chaleur et épidémie de covid. «En mars nos serres étaient pleines de produits à expédier face à des commerces confinés. Nous avons lancé un SOS sur internet, et nous avons été surpris du bel élan de solidarité de la part des commerçants du Poher encore ouverts. Cela a sauvé la saison, puis les jardineries ont rouvert et nous avons été submergés. Une sorte de panique, les gens voulaient tous faire un potager, avoir une serre, nous avons vendu plus de 200000 plants, et cette année la tendance se poursuit. Les gens semblent avoir renoué avec leur jardin, une prise de conscience, un retour aux choses essentielles…»
Cardamome, citronnelle de Madagascar, ciboulette de Chine, thym, menthe, poireaux perpétuels… «Il faut toujours être aux aguets, parcourir le monde à distance, suivre les modes et poursuivre l’aventure encore 4 ans, espérant voir l’entreprise poursuivre sa route mais cette fois sans nous.»