«…Tout ce que je sais, c’est qu’il faut témoigner.

Ne plus jamais entendre: On ne savait pas…»

C’est le cri du cœur d’un de ces photographes présents sur tous les fronts, P. Chauvel, qui conclut son livre – «Rapporteur de Guerre» – et justifie les risques qu’il prend en tous lieux pour réaliser la photo, les photos, qui révéleront ce qui se passe réellement.

Photographes, cameramen, paient un lourd tribut de leur sang et parfois de leur vie, pour témoigner.

«Voyeur… non, pas des voyeurs, des témoins !

Témoins des hommes, revendiquait Kessel»,

souligne également  P. Schoendoerffer, l’un des correspondants de guerre, et il ajoute: «Le témoin, c’est nous, les photographes ou cameramen. Nous sommes au plus près, croisant les grands de ce monde (?!), côtoyant les petits, les modestes, les sans grade ; ceux qui souffrent…

…nous sommes un écho de notre mystérieuse humanité, de la misère et de la grandeur de l’homme. Et de son incroyable cruauté !»

Mais une photo… un film… peuvent-ils avoir une telle importance ?

Lucidement P. Chauvel avoue qu’il a «rapporté de ces morceaux d’humanité qui échappent aux historiens».

«Trouver la distance juste est difficile, explique-t-il, photographier en restant juste… L’effet loupe de la presse peut fausser le regard. Tous ces pièges de l’utilisation des images, la manipulation à tous les niveaux rendent extrêmement aiguë la manière de raconter, quel que soit le média.

Des faits, rien que des faits…»

Pour qui connaît quelque peu la photographie et en particulier le reportage,

le «vu» n’est pas en effet obligatoirement vrai !

Sous tel angle ou à tel moment… un visage, une action… peuvent être caricaturés… et je ne m’attarde pas sur les «trucages» et autres retouches…

Mais il n’en demeure pas moins qu’une image du réel, authentique et précise, peut «parler» plus qu’un long article, ou lui apporter crédit !

«Ils ne pourront plus dire: Nous ne le savions pas !»

En un instant, le regard contemple une scène bouleversante, une situation ignorée ou dissimulée…

Prise de conscience qui ne peut plus laisser sans réaction! Ou plutôt qui ne devrait pas !

Car, il en est hélas, qui détournent les yeux…

qui ne veulent pas voir…

qui refusent de troubler leur tranquillité…

ou qui préfèrent le «confort» de leur idéologie, de leur raisonnement ou de leurs passions…

«Regarde! et… la tête se tourne pour ne pas savoir…»

Oui! Hélas, au cours des siècles, il en fut trop souvent ainsi: «ne pas entendre…»

Et aujourd’hui, «ne pas regarder…»

Lâcheté, égoïsme, indifférence… dureté de cœur et absence de l’âme… ces attitudes sont tristement éloquentes…

Mais tous n’agissent pas, ne réagissent pas ainsi.

Des hommes et femmes portés par l’ardent désir de vérité,

épris de liberté et de fraternité, ont su et savent s’émouvoir et intervenir…

Conscients également que les «manipulations» existent autant que les «fake news»…, il faut donc s’assurer de l’authenticité et vérifier les sources.

Et l’on peut déplorer que trop de médias ne le fassent pas toujours, désireux «d’être les premiers à…» ou ne s’en donnant pas la peine ! Négation du journalisme digne de ce nom !

Il n’est pas étonnant que seulement 24% des Français, note un sondage, font confiance aux médias en général !

Il en est pourtant quelques-uns qui, sur les pas de H. Beuve-Méry et  plusieurs autres, sont intransigeants quant à l’objectivité et à la vérité.

Le photographe présent sur les champs de bataille,

comme attentif à tout autre événement marquant,

acceptant de prendre tant de risques, 

est un témoin irremplaçable !

Sans lui, que de basses œuvres, de crimes, de génocides… se trameraient  impunément, en silence et dans l’ombre.

«Témoins», «témoigner» !

C’est aussi, à sa place, le devoir de chacun…

Non pas pour se poser en «juge», encore moins «en justicier», mais en frère en humanité,

en n’oubliant cependant jamais que l’erreur, la fausse interprétation sont toujours possibles… et redoutables.

L’Évangile nous révèle que Jésus, le Christ, exhortait chacun à : «lever les yeux… regarder…»

Alors la vérité surgit et s’impose.