Ces « réflexes de ploucs » deviennent, maintenant, des atouts…» nous a confié Jean-Pierre Le Mat.
S’il est un homme qui pourrait personnifier la force paisible, c’est bien Jean-Pierre Le Mat. Car la force de ses convictions et la détermination de ses actes n’ont d’égal que le calme de leur
expression et la modestie de son attitude. Le roc affleure l’eau calme, comme le révèlent chez lui regard, geste et parole…
L’on voit d’emblée que ce Breton militant, qui fut capable d’affronter la prison pour accorder ses actes à sa pensée, ne joue pas un personnage, ni aucun rôle de composition. Il en est même désarmant de franchise et d’authenticité…
Les combats qu’il mène pour sa Bretagne se poursuivent après plus de quarante ans, différemment, sans haine ni rancœurs ou amères rancunes, pétris de réflexion, longuement mûrie, et nourrie des multiples expériences de l’action.
Car là se situe un autre des contrastes qui font sa riche personnalité : cet homme de pensée exigeante et fouillée est tout autant homme d’action, et d’actions sur de multiples terrains : homme de plume, créateur et chef d’entreprises, syndicaliste, animateur et administrateur d’organisations et cercles divers…
A l’écouter évoquer son singulier parcours, on comprend que l’itinéraire suivi a forgé l’homme
autant que ses convictions en ont guidé le cheminement : « Je suis ce que j’ai fait ! » aime-t-il redire.
En l’interrogeant sur les chemins de son existence, sur les raisons et les ressorts de « ses combats», sur sa vision de la Bretagne et du monde de demain, Regard d’Espérance entend – dans la liberté éditoriale qui est sienne, sa volonté de faire écho aux opinions et parcours les plus divers – répondre une fois encore à sa vocation de journal d’information et de réflexion
libres et ouvertes.
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« Je suis né en 1952 à Plouigneau, près de Morlaix. Mon père était artisan. Il fabriquait des balais en « paille de riz » – qui était en fait de la paille de sorgho – et il était le dernier à en fabriquer en Bretagne, puisque ces balais étaient adaptés aux sols de terre battue, qui ont disparu…
A l’époque, il n’y avait pas les débats d’aujourd’hui sur le travail des enfants, si bien qu’en rentrant de l’école, je travaillais à l’atelier pour aider mon père, et je m’en souviens avec plaisir !
Dans ma prime jeunesse, j’ai été louveteau puis scout, puisque mes parents – et surtout ma mère – étaient croyants et pratiquants.
C’est là que j’ai commencé à me dire que la vie est extraordinaire : avec les scouts de Morlaix, vers 1968, nous avions fait un Tro Breizh en chariots du Far West, puis une autre année nous avions fabriqué nous-mêmes des canoës-kayaks pour descendre la Moselle…
Comme beaucoup d’autres, je rêvais alors des aventures du Commandant Cousteau, si bien que j’avais dans l’idée de travailler dans l’Océanographie…
Mes parents – qui, comme beaucoup de Léonards, avaient rêvé que je sois militaire ou curé – avaient donc fait quelques recherches sur les études à faire pour être océanographe et m’avaient conseillé de commencer par devenir ingénieur agronome, me disant : « C’est bien, tu seras le premier ingénieur agronome que l’on aura vu ! »
…
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