Si Menez Gu est l’un des points les plus hauts des Montagnes Noires, le nom s’est un peu perdu au fil du temps. 

Culminant à 281 mètres d’altitude, le Menez Gu, plus connu sous l’appellation de Roche du Feu ou encore Karreg An Tan, près de Gouézec, est parfois un peu oublié, à côté de son voisin, le Roc’h Toullaëron, qui culmine à 318 mètres d’altitude.

Pourtant, ce site classé offre un point de vue magnifique sur la vallée de l’Aulne, les Monts d’Arrée au nord, la baie de Douarnenez, le bassin de Châteaulin, sans oublier la campagne de l’Argoat. De son sommet, la vue s’offre aux promeneurs sur 360 degrés, et par temps clair l’on peut dénombrer quelque 33 clochers. 

Quand Menez Gu est devenu la Roche du Feu…

De nombreux lieux en Bretagne ont gardé le souvenir d’un fait ayant marqué leur histoire. Ici, c’est un véritable bond historique qu’il faut faire pour atteindre le IXe siècle, lorsque les Vikings, régnant en maîtres sur les mers, profitèrent d’un affaiblissement du pouvoir en Bretagne pour déstabiliser la péninsule armoricaine.

Le 24 juin 843, contre toute attente, la flotte viking s’empare par surprise de Nantes. La ville, trop sûre d’elle, abritée par ses remparts, se croit à l’abri, mais bien vite elle va se retrouver pillée et ses habitants emmenés comme esclaves.

Les Vikings continuent de naviguer le long des côtes bretonnes, Tréguier, Vannes, St-Gildas, Plozévet, Locronan… mais ils ne s’engagent pas trop dans les terres, pillant volontiers les villages de pêcheurs éparpillés sur les côtes.

En 913, un assaut est lancé sur l’Abbaye de Landévennec, la plus importante fondation monastique de Bretagne occidentale. Les raids s’enchaînent alors et les Bretons de l’intérieur, plus ou moins livrés à eux-mêmes, vont organiser leur défense, profitant du relief pour avertir les populations de l’imminence d’une attaque. Des guetteurs situés à l’embouchure de l’Aulne devaient allumer un feu, relayés par d’autres, postés sur le sommet du Ménez-Hom et repris par les veilleurs du Karreg an Tan, qui a depuis gardé son nom de «Roche du Feu», tel un phare annonçant la venue des envahisseurs.

C’est en 937 qu’Alain Barbe-Torte, premier duc de Bretagne, mettra un terme à l’invasion viking, laissant cependant perdurer quelques alliances avec les populations locales. Certains chefs de bande étaient fiables et quelques aristocrates bretons en recrutèrent à leur service. Il y eut aussi des alliances matrimoniales, et quelques noms de lieux scandinaves existent encore sur le littoral.

En 1906, une tombe-barque de 14 mètres fut découverte à Groix, seul vestige de ce type.

Au sommet du Menez Gu, une table d’orientation avec sa rose des vents fut installée en 1963 par des scouts de Quimper, bien utile pour se repérer face à ce vaste panorama qui s’étend sur quelque 40 kilomètres.