«C’est vraiment un bout de Bretagne intense… qui jouit d’une vraie qualité de vie»! La conclusion, bien que flatteuse, n’en est pas moins étayée, car le reflet d’une étude universitaire approfondie de 9 mois. Oui, le territoire de Haut-Léon Communauté (HLC) gagne à être connu, bien au-delà de ces atours aisément identifiables, que sont la cité corsaire de Roscoff, l’île de Batz, la cathédrale de Saint-Pol-de-Léon ou encore les dunes de Keremma. Héritier d’un riche passé, dont les manifestations paysannes et la révolution agricole des années 60 ne furent pas les moindres des faits marquants, ce territoire résolument entre terre et mer, est pourtant le siège d’une jeune communauté de communes, fruit depuis le 1er janvier 2017 de la fusion entre le Pays Léonard et la Baie du Kernic. 

C’est le moment qu’ont choisi les décideurs locaux pour se questionner sur la trajectoire passée, la situation présente et les futuribles souhaitables ou non pour leur territoire. Occasion pour nous de nous arrêter sur un vrai pays de caractère !

Qu’évoque pour vous le nom du territoire du «Haut-Léon» ? C’est par ce questionnement auprès de plusieurs centaines de personnes du Grand Ouest de la France qu’a débuté, selon une méthodologie universitaire bien arrêtée, l’analyse menée ces derniers mois sur ce territoire au nord du Finistère. «Oignons et Johnnies, artichauts, la côte et la mer, la Brittany Ferries, les agriculteurs et les tracteurs, l’île de Batz, Roscoff, la SICA,…», mais aussi «catholique, un certain rapport à l’argent, la fierté léonarde» ou encore «le bien-être, le patrimoine religieux, les Anglais, les vacances,…», furent autant de réponses obtenues !


Vacances en famille !

Le but était simple : recueillir une image depuis l’extérieur de ce «lieu de vie» et la confronter ensuite aux représentations qu’en ont les décideurs locaux et habitants eux-mêmes. Dès lors, sur le nuage de mots réalisé à partir de ces milliers d’expressions spontanées, sautent aux yeux des clichés plus ou moins erronés, comme des éléments clairement caractéristiques de cette région. Mais il est souvent des particularismes insoupçonnés ou invisibles aux yeux des autochtones que cette première étape d’analyse permet de révéler. Il importera donc d’en tenir compte et d’y remédier, si l’on veut par la suite améliorer l’attractivité de ce territoire. Ceci permettra alors d’éviter ce que l’on nomme le «syndrome de la tache sur la tapisserie», celle qui fait mauvais effet à tout nouvel arrivant, mais que les habitants ne voient plus!

Toutefois, hormis quelques attributs péjoratifs, ou perçus comme tels, à savoir «conservateur», «austère» et «éloigné», le Haut-Léon jouit d’une image d’un territoire de caractère, vécu entre terre et mer, avec une activité notamment agricole riche et intense, d’un lieu de vie aux multiples facettes et attraits, tantôt apaisant, tantôt revigorant. Bref, pour le moins adapté pour un séjour de vacances en famille. 

Mais une image fût-elle largement partagée hors du territoire n’en est pas pour autant gage de réalité !

Symbole de la « révolution bretonne »

C’est pourquoi dans un second temps, cette étude s’est penchée concrètement sur le «territoire vécu» du Haut-Léon, les universitaires y menant à la fois une analyse diagnostique serrée (chiffrée et documentée) et une enquête auprès d’une trentaine de grands témoins (élus, entrepreneurs, associatifs, techniciens, administratifs, historiens ou encore personnalités reconnues) capables de décrypter aujourd’hui ce territoire, ses principaux enjeux, passés, présents et à venir…  Or s’il y a bien un territoire dont le présent économique et social, mais aussi la mémoire collective, sont toujours aujourd’hui fortement marqués par des hommes, des mobilisations, des mutations d’un passé encore récent, c’est bien le Léon! Tant de choses sur ce territoire témoignent de cette «révolution» des années 60 et 70, qui fit passer la Bretagne, en moins de trois décennies, du 19e rang des régions administratives françaises à la 5e place !

Comment ne pas évoquer la capacité des Léonards à se saisir de la demande de nourrir la France des Trente Glorieuses… pour transformer leur quotidien agricole archaïque et bâtir ce qui fut longtemps appelé le «modèle» agricole breton? Mais aussi comment ne pas rappeler leur faculté à se mobiliser (derrière des figures emblématiques, tel Alexis Gourvennec) pour faire entendre leur voix, et celle de la Bretagne, pour «orienter», au regard des intérêts locaux, la politique d’aménagement du territoire de l’état français : la 2 x 2 voies, le port en eau profonde, l’université, etc.?

Alors aujourd’hui, qu’en reste-t-il ?


Une terre d’innovation

Eh bien, ce territoire demeure une terre d’innovation et d’entrepreneuriat… 

Certes, comme d’aucuns le font remarquer, la culture managériale (et productive) tutélaire de quelques grandes entreprises (Sica, Brittany ferries,…), bien que pourvoyeuse d’un grand nombre d’emplois, peut aujourd’hui apparaître comme un peu dépassée, pesante. Sphère privée dont l’influence sur la sphère publique et les politiques menées pourrait aujourd’hui être quelque peu paralysante, voire handicapante…  

Mais il n’est pas moins vrai qu’il existe dans le Léon un vrai dynamisme, une réelle culture de l’innovation, à la confluence de filières entre terre et mer, répondant à des enjeux actuels et futurs majeurs, tels l’alimentation, la santé, le bien-être, le tourisme, etc. 

Fort de centres de recherches (Végénov, station biologique,…), le Haut-Léon a vu émerger ces dernières années diverses start-up, comme ManRos Therapeutics, qui témoignent de cette vitalité, mais aussi d’une autre singularité indéniable de ce territoire, à savoir les hommes et femmes de caractère qui le composent, qualifiés par tous les grands témoins interrogés de «volontaires, travailleurs et tournés vers l’avenir»! Un atout majeur…

Le défi du renouvellement générationnel

Reste qu’aujourd’hui, dans ce nord Finistère à forte dominante rurale, marqué par des mutations profondes, le nombre d’emplois qualifiés demeure un problème. Ainsi beaucoup de jeunes quittent le territoire pour leurs études supérieures et peinent à y revenir, faute d’emplois adaptés. Mais ce retour des «jeunes natifs» se heurte également, de plus en plus, au coût élevé de l’immobilier. Le Haut-Léon n’échappe pas au double effet «littoral» et «papy-boom» ; attractivité manifeste ayant des conséquences d’ores et déjà sur la pyramide des âges et faisant du vieillissement de la population un enjeu non négligeable à moyen terme. S’il est donc des défis générationnels spécifiques (logements, emplois, services à la personne), il en est d’autres qui sont communs à tous. Ainsi en est-il de la question des transports et de la mobilité interne faisant de l’accessibilité à certains lieux, un handicap. 


Valeurs léonardes et querelles de clocher !

Pour autant, il est intéressant de noter que même si, comme ailleurs, il existe un certain effet de dévitalisation des centres-villes et bourgs, le territoire apparaît assez largement auto-suffisant ! Ainsi la majeure partie des habitants déclarent y trouver ce dont ils ont besoin, en termes d’offre de biens et de services (88%), comme de loisirs (78%)! De même, 77% des habitants vivent et travaillent sur leur territoire.

C’est en effet ce que révèle encore cette étude universitaire, au travers d’une enquête menée auprès de plus de 600 habitants de HLC! Et que dire des 74% qui se sentent pleinement impliqués dans la vie locale, soit d’abord par un engagement associatif ou par l’achat militant de produits locaux?

Mais il est une statistique qui ne trompe pas : plus de 80% des habitants désirent absolument rester vivre sur leur territoire dans les années à venir. Le secret d’un tel engouement? La qualité de vie qui y est plébiscitée! Ce satisfecit se lit dans le nombre écrasant d’habitants mettant en avant leur cadre de vie remarquable: des paysages entre terre et mer préservés, une réelle quiétude, des valeurs de solidarité, de convivialité et familiales, dans une société «rurale et maritime» vivante, à laquelle les quelques «guéguerres» picrocholines et querelles de clochers à la mode léonarde ne font que donner plus de saveur!

Et nul doute que c’est là une des cartes majeures d’attractivité que mettront en avant, à l’avenir, aussi bien les responsables de la communauté de communes que les acteurs de la filière touristique. 


« Haut-Léon : la qualité de vie a un nom » !

Car si le tourisme contribue déjà largement au PIB du territoire, tous en sont convaincus, compte tenu de la richesse et de la complémentarité de ses attraits, le Haut-Léon devrait, sans renier ses valeurs, en tirer davantage en termes d’attractivité touristique d’abord, mais pas que! Un tel cadre de vie, qui plus est aux portes d’une métropole au marché de l’emploi plus étendu, pourrait séduire bien du monde… 

Et c’est d’ailleurs la dernière proposition faite dans le cadre de cette étude: créer une marque territoriale qui s’adresse bien entendu aux extérieurs du territoire, mais aussi aux Haut-Léonards eux-mêmes. Bref, une marque qui les rassemble et leur ressemble. Cette marque «Léon-Art de vivre !» est tout un programme… pour qui veut s’approprier ce petit « bout de Bretagne intense» ! Et ce ne sont pas les lecteurs du dernier Mary Lester de Jean Failler qui vous diront le contraire !

 

   

 


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