Ici on ne plaisante pas avec le protocole sanitaire : surblouse, surchaussures, charlotte sur la tête,
pas de montre et lavage scrupuleux des mains pour enfin obtenir le précieux sésame qui ouvre les portes de la fromagerie des Trois Sources à Motreff. 

C’est en 2016 que M. Abderrahmane Bennaoum et son épouse Xavière ont repris cet élevage caprin suite à un départ en retraite. Depuis, ils n’ont eu de cesse de construire la réputation de leur fromage de chèvre bio, vendu dans de nombreux commerces de la région, grandes surfaces, épiceries de village ainsi qu’aux cantines scolaires, avec toujours, chevillé au corps, ce sens du travail bien fait.

Leur exploitation occupe aujourd’hui 30 hectares qu’ils ont entièrement convertis au bio obtenant tous les certificats. 

«Je crois qu’au début on nous a pris pour des néoruraux en quête d’un retour à la terre», mais c’était bien mal connaître le parcours de cette famille, ancrée à la terre depuis des dizaines d’années. «J’ai enseigné pendant 20 ans les lettres et l’histoire-géographie mais la passion de la terre, l’envie de produire, je l’avais découverte bien avant, au lycée, puis à la fac.» 

Le professeur en exercice retourne alors sur les bancs de l’école en Haute-Savoie et passe un bac pro agricole, spécialisé en laiterie fromagerie. Les stages s’enchaînent comme dans cette ferme bio de brebis laitières dans la Drôme. Vingt années partagées entre l’enseignement et l’agriculture jusqu’en 2014 où la famille part au Canada. Durant deux années, il travaille dans une fromagerie pendant que son épouse passe les diplômes nécessaires pour gérer leur future exploitation. L’attrait de la Bretagne et une opportunité les conduisent enfin à Motreff où, depuis quatre ans, ils réalisent leur projet. 

«Nous avons tout construit, petit à petit, réinvestissant tout dans notre exploitation qui compte une quarantaine de chèvres, Poitevines, Alpines, et du Massif Central. Mais nous avons veillé pour ne pas y sacrifier notre vie de famille. Pour répondre à la demande, nous venons de prendre un stagiaire que nous formons.»

Chaque jour de production, une centaine de fromages, frais ou aromatisés, ainsi que des tommes, sortent des moules. 

«Nous avons la possibilité de multiplier par deux ou trois notre cheptel et donc notre fabrication, mais nous avons fait le choix d’aller à notre rythme en gardant le contact avec nos bêtes et notre production. Notre développement dépend uniquement de nos investissements, c’est un choix et nous voulons préserver la qualité de nos produits.» 

Une conclusion lucide sur les enjeux d’une fabrication locale qui séduit de plus en plus les consommateurs, attirés par les produits du terroir et de qualité.