Il est des paroles qui méritent que l’on s’y attarde… et même, pour certaines, que l’on s’en souvienne… bien que, en notre époque où la démagogie et parfois pire, se donne libre cours – tout particulièrement en période d’élections – la circonspection, la réserve doivent s’imposer, même si l’écoute se veut cependant attentive.

Il y a aussi les “propos de table” ou que l’on nomme tels, paroles d’un moment, d’une ambiance, qu’il faut resituer dans leur contexte, tenant compte également de la personnalité, du caractère de ceux qui les tiennent…
Il y a celles que d’aucuns appellent “les paroles verbales”, trait d’humour qui souligne la portée éphémère ou sans grande valeur… Bien sot ou naïf qui s’y fie…

Pire, il y a ces promesses électorales ou autres, que de cyniques personnages ont caractérisées comme “n’engageant que ceux qui les entendent”!!!

Il est vrai qu’en ce bas monde, le mensonge règne… et rares sont les hommes et femmes qui n’ont qu’une parole, dont le oui et le non engagent plus sûrement que tous les écrits et contrats!

Ils ne sont pas aussi nombreux que l’on pourrait le souhaiter, mais ils existent bel et bien!

En ces temps d’affrontements et de déclarations abruptes, qui engendrent chez certains des élans et prises de position extrêmes, il est bon d’avoir le recul que donne la connaissance des hommes et de l’histoire. Le sage de la Bible ne dit-il pas:

«Ce qui a été c’est ce qui sera, ce qui s’est fait se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil».

A l’évidence, les hommes ne changent pas! Et si l’indispensable éducation, les règles établies, les lois… peuvent modifier, sinon leur nature, du moins leur manière de se comporter, rapidement et selon les circonstances, «le naturel, comme le dit le proverbe, revient au galop».

Les soubresauts et drames de l’actualité mondiale le prouvent chaque jour, hélas!

C’est pourquoi, la réflexion de George Orwell est à retenir, à méditer: «La plupart d’entre nous persistent à croire que tous les choix, et même les choix politiques se font entre le bien et le mal et que du moment qu’une chose est nécessaire, elle doit aussi être bonne. Il nous faudrait, je pense, nous dépouiller de cette croyance qui relève de l’école maternelle. En politique, on ne peut jamais opter que pour le moindre mal».

Réflexion lucide qui gardera, si on l’écoute, de s’illusionner, de s’enflammer, de se tromper et d’être trompé… et donc de connaître demain ou après-demain d’amères désillusions…

Réflexion nourrie d’une grande expérience et de sagacité, qui enseigne à ne pas attendre –encore moins à exiger des autres– ce qu’ils ne sont pas en mesure de réaliser!

Peut-être à ce propos pourrions-nous faire écho, à nouveau, à la parole de Beaumarchais: «Aux qualités qu’on exige d’un domestique, il est peu de maîtres qui soient dignes d’être valets», bien que cet appel à relativiser n’exonère pas ceux qui prennent des engagements en quelque domaine que ce soit, de l’obligation morale de les tenir…
George Orwell donne une amicale leçon de bon sens qui n’embrasse pas seulement le temps des élections, mais celui de toute l’existence.

Certes, il serait infiniment préférable, que tous soient des “Cincinnatus”, dont j’ai évoqué la ligne de conduite à plusieurs reprises: homme droit, désintéressé, dévoué aux autres et à la cause publique, travaillant pour subvenir à ses besoins, donnant ainsi l’exemple, sans chercher à se placer en modèle…

On peut, en effet, être un homme de conviction inébranlable sans jamais devenir intolérant… vivre avec de solides certitudes et cependant manifester envers autrui écoute et tolérance.

«Mais les choses étant ce qu’elles sont» comme le disait un personnage célèbre, il faut aussi être pleinement conscient des réalités, ne pas se laisser gagner par la subjectivité ou par quelque idéalisation, pas plus que par le pessimisme…

Toutefois il est un domaine où nous pouvons agir, et agir avec persévérance, c’est celui de notre propre vie; nous pouvons, sans nous laisser influencer par ce que d’autres sont ou font, ni par les modes, habitudes, influence du milieu et de l’époque, tracer notre sillon, en privilégiant toujours la “ligne droite”, la droiture de cœur et de vie, de paroles et d’action. Être ce que nous aimerions que tous les humains soient!

Non pour être vus, non pour s’enorgueillir, mais tout simplement parce que c’est le seul chemin digne d’être suivi, le seul comportement digne de notre vocation d’homme et de femme. Et même si cela peut paraître singulier, voire anachronique, ou même aux yeux de quelques-uns “naïf… ridicule… bêtement idéaliste”, ou plus encore, suspect aux âmes tordues et malveillantes qui ne peuvent imaginer que d’autres puissent être différents de ce qu’elles sont… Peu nous chaut! C’est le chemin, celui de la vérité, qui peut devenir pour d’autres, en particulier les enfants et les jeunes (mais pas seulement) le signe d’une autre réalité, celle qui demeure quand tout le reste passe…

Celui aussi, sans prix, d’une conscience paisible, d’une vie qui ne laissera pas de regret, et qui plus est, quand tout paraîtra à la lumière éternelle ainsi que le révèle la Bible, la certitude de n’avoir pas gâché ses ans, ses forces, ses potentialités, quelque modeste qu’ait pu être la tâche accomplie.

Alors, pas de naïveté, certes!

Mais pas non plus de repli désabusé, de rejets désenchantés!

Simplement une attention pleine de discernement alliée à une persévérante bonhomie, empreinte de solidarité et d’espoir.

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