«L’écuelle en bois! »
Vous vous souvenez peut-être de cette scène si attristante et émouvante du vieil homme relégué au bout de la longue table, là où on ne verrait pas ses maladresses et où il ne gênerait personne…
Ce conte de Grimm est souvent plus réel, hélas, que la réalité quotidienne…
Il souligne combien, même dans les familles, l’inhumanité, la dureté de cœur (ou l’absence de cœur) peuvent–que l’on en soit conscient ou non–engendrer de souffrance…
Mais rappelons brièvement cet écrit :
«…le grand-père vivait chez son fils et sa belle-fille… Il aurait pu être heureux… d’autant plus qu’il y avait son petit-fils de six ans, très convivial…
Mais le vieil homme était malheureux et désirait mourir.
Rendu maladroit par l’âge, à cause de ses vieilles mains tremblantes, il mangeait très mal. On l’avait donc éloigné en bout de table dans un coin où personne ne pouvait le voir.
Sa belle-fille disait tout haut: «Il a encore taché la nappe!»
Et son fils: «Il a renversé la moitié de son vin!»
Puis, comme il avait cassé pour la deuxième fois une assiette en la faisant tomber, on lui acheta une écuelle en bois et son fils dit : «Ainsi, il ne cassera plus de vaisselle».
…Le grand-père souhaitait mourir. Il se sentait méprisé et inutile.
Le petit garçon ne comprenait pas encore toutes ces choses, et il pensait : «Aux personnes âgées on donne une écuelle en bois et on les commande comme des enfants». Et le soir, il se mit à tailler un gros morceau de bois. Son père lui demanda ce qu’il faisait : «Tu vois papa : c’est une écuelle pour toi, quand tu seras vieux !»
L’homme comprit alors le mal qu’il faisait à son vieux père… sa dureté, son ingratitude… et qu’il apprenait ainsi à son fils à devenir dur et ingrat.
Il prit son vieux père par la main et le conduisit à la place d’honneur à table.
Dans cette maison, tous s’employèrent dorénavant à honorer et à chérir le vieux grand-père.»
Oui, plus réelles que ce que la vie courante dissimule parfois derrière les murs des maisons … et que l’on ne supposerait jamais !,
que de souffrances, semblables ou autres, ayant trait au physique, à l’affectif, au relationnel… sont présentes et si habituelles que beaucoup ne les remarquent plus ou ne les ont jamais remarquées.
Vieux ? Enfant ? Handicapé ? Maladif ? Moins «éveillé» ? Différent ?… moins aimé ou «mal aimé»…
Les souffrances cachées peuvent être «terribles»…
Que de pleurs le soir, seul face à cet ostracisme, que de chagrin… Que de cœurs meurtris, blessés parfois pour la vie…
Oh ! Ne nous empressons pas de condamner telle ou telle manière d’agir et ce faisant de nous rassurer «à bon compte» sur notre propre comportement… Il y a ce que nous percevons (quand nous voulons le voir), et tout ce dont nous ne sommes pas conscients.
Et sans nous arrêter sur la méchanceté (qui existe!),
ni sur l’égoïsme assumé,
ni sur l’imitation de ce que, depuis l’enfance, nous avons vu et peut-être vécu… (qui devient alors redoutablement «normatif» !),
interrogeons-nous et examinons au plus profond de notre conscience et de notre cœur nos motivations, nos comportements.
Écoutons aussi les autres… ceux qui nous entourent, nous connaissent, non pas des malveillants, ni des jaloux, ni ceux qui veulent abaisser les autres et prendre leur place, mais ceux qui nous aiment, objectifs et sincères, et parfois avec patience et indulgence supportent nos «travers» de caractère, voire nos «manies»…
Nous découvrirons alors que nous devons, nous aussi, changer !
changer de manière de voir,
changer de manière d’être,
changer de cœur !
Et autour de nous, comme autour du vieux grand-père, régnera alors une tout autre atmosphère, un tout autre amour…
C’est aussi un appel à éduquer !
Éduquer l’enfant dès son plus jeune âge, l’adolescent, le jeune et… «les moins jeunes».
Par l’exemple d’abord, et par la parole dite avec tact et délicatesse, ensuite…
Et même, si cela s’avère nécessaire pour les enfants, en les avertissant et les corrigeant.
La rentrée scolaire est là !
Apprendre intellectuellement nombre de connaissances est nécessaire, mais, à l’école, et en famille (dans la société également), il doit exister un autre enseignement :
celui de la façon de se conduire.
Et cet enseignement-là est primordial et doit se transmettre…
Un vrai «savoir-vivre» qui éveille les cœurs aux réalités essentielles.
La Bible, «le Livre», apporte toute la lumière,
en cela comme en tous les autres domaines de notre existence…,
et va au-delà, éclairant notre destinée, jusque dans la vie éternelle.
Parmi les grandes leçons et exhortations qu’elle dispense, cette parole du Christ Jésus ouvre des horizons insoupçonnés de réflexion et de pratique quotidienne :
«Aime ton prochain comme toi-même»,
«Ne fais jamais à l’autre ce que tu n’aimerais pas qu’il te fasse…»
Et ce n’est là qu’une petite partie du divin programme que Dieu nous révèle… mais quelle richesse, déjà, dans ces quelques mots !
Yvon Charles