«Fais ce que tu aimes, l’argent ne compte pas, ce n’est rien, le bonheur c’est autre chose, c’est le contact humain, simple mais toujours enrichissant».

Mme Claudine Le Guern a posé ses valises en 1997 à Concarneau. De sa Lorraine natale, elle a traversé la France et a fini par s’installer au Moustoir. Son chemin de vie, c’est un parcours atypique. Des moments difficiles, elle en a connu, mais elle en est toujours sortie par le «haut» avec le sourire, privilégiant le contact de l’autre qui fait fondre les barrières. 

Aujourd’hui, à près de 75 ans, elle a emporté dans ses bagages un petit bout de sa terre natale, son rêve d’enfant… un orgue de barbarie.

«Dans ma famille, nous chantions tous. Je me souviens d’entendre mes parents reprendre le répertoire des chansons de l’époque juste après la guerre, mon père jouait de l’harmonica. Je crois que c’est devenu pour moi une passion. Avec ma sœur, nous répétions les danses folkloriques, les danses vosgiennes. Ma grand-mère nous conduisait au kiosque à musique dans le parc à Nancy, on s’asseyait sur un banc et je regardais ce vieil homme qui jouait avec son orgue de barbarie. C’était un plaisir de jeunesse de voir ce joueur d’orgue. Puis, la pendule de l’autre côté sonnait, c’était l’heure de rentrer. Je suis retournée à Nancy avec ma sœur il y a peu de temps, j’ai retrouvé le kiosque (qui manque d’entretien) le banc, la pendule… et mes souvenirs d’enfance…»

C’est à Mirecourt que Mme Le Guern, il y a bien longtemps, a acquis son orgue de barbarie. Un petit, un de ceux que l’on porte en bandoulière, copie d’un orgue de 1890, fait à la main, tout en érable, qui porte bien le son. Mais voilà, jouer seul, c’est un peu triste, alors Claudine Le Guern a pris la route, celle des maisons de retraite, des salons, des marchés, là où il y a du monde, et avec son orgue elle chante les chansons du temps passé. 

«Il est vrai qu’à près de 75 ans, je fatigue un peu, cela fait 10 ans que je fais cela alors parfois je pose l’orgue sur la table, mais je chante encore. Je commence toujours par leur expliquer que cet instrument était celui des «vagabonds», des «oubliés», les «Rémi sans famille» qui gagnaient quelques piécettes pour survivre. Aujourd’hui, c’est devenu un instrument comme un autre…»

Un chemin particulier, un parcours de vie. Jeune mariée, elle s’était installée avec son mari à Montluçon pour créer une exploitation agricole, sans expérience. Au décès de son époux, elle a cédé la ferme à son fils avant de s’installer en Bretagne, où elle s’est remariée, non sans avoir travaillé dans une agence immobilière durant quelques années avant de prendre sa retraite. 

Un chemin tout en sourire, une vie bien pleine, comme elle aime à le dire, une vie où celui que l’on croise apporte autant que l’on est capable de donner.