Saviez-vous que la ville de Carhaix dispose d’un trésor médiéval rare, puisqu’il n’en existe qu’une dizaine dans toute l’Europe ? Il s’agit d’un tabard, tenue de cérémonie des hérauts d’armes, officiers chargés d’annoncer les noms et qualités des protagonistes lors des tournois.

Cet objet précieux, daté de la fin du 15e siècle, a été classé aux monuments historiques en 2019 et il est visible en mairie, pour toute personne qui en fait la demande… Hélas, peu de Carhaisiens en connaissent l’existence et la valeur, a fortiori les visiteurs de passage dans notre cité. Et c’est un peu à l’image du patrimoine du Moyen Âge, qui souffre de la comparaison avec le passé antique de la ville.

Certes, au Moyen Âge, Vorgium-Carhaix perd sa position de «capitale» de la cité des Osismes, mais garde une importance symbolique considérable, comme en atteste la venue de l’empereur Louis le Pieux en 818 et la présence d’un château ducal de dimensions considérables (sans doute un carré de 200 m de côté, d’après le parcellaire cadastral ancien).

De même, l’église de Plouguer, peu valorisée par la recherche, présente l’une des nefs centrales les plus anciennes de Bretagne, avec de nombreux éléments gallo-romains réemployés, ce qui est rarissime en Bretagne, comme le souligne Michel Chevance dans l’article qu’il consacre à l’église dans l’ouvrage Carhaix, deux mille ans d’histoire, sous la direction d’Erwan Chartier-Le Floch.

Dans la littérature médiévale, Carhaix occupe une place bien plus importante que sa modeste surface le laisserait penser, mentionnée notamment dans Tristan et Iseult.

Ce patrimoine mériterait d’être rendu plus explicite et lisible, notamment pour les touristes. C’est d’ailleurs symptomatique que dans le Guide vert de Bretagne, la seule page consacrée à Carhaix ne mentionne que Vorgium et l’église Saint-Trémeur (le célèbre guide suggère «une petite visite en ville» à Carhaix et une demi-journée pour Huelgoat…).

Une valorisation conséquente de ce patrimoine serait la bienvenue. A défaut d’un «musée de la ville» qui couvrirait toutes les époques (comme le film de présentation du Centre d’interprétation Vorgium le fait très bien), il serait a minima nécessaire de proposer quelques circuits thématiques bien balisés, et de rafraîchir les quelques panneaux explicatifs qui prennent de l’âge.

Ainsi que le disait Jacques Le Goff, historien du Moyen Âge: «La mémoire cherche à sauver le passé pour servir au présent et à l’avenir…»

O.A.