« On a souvent l’image du commissaire-priseur en salle des ventes, abattant son marteau, mais cela ne représente qu’un dixième de notre temps », explique Anne-Charlotte Wassilieff, jeune commissaire-priseur de 31 ans et installée à Saint-Hernin en 2021 avec son mari et ses enfants. Un coup de cœur pour une demeure historique et le besoin d’équilibrer vie familiale et professionnelle les ont décidés à quitter la région parisienne pour retrouver leurs racines bretonnes.

En fait, l’essentiel de son travail consiste à faire des inventaires et estimer la valeur d’objets de toutes sortes: mobilier, bijoux, vaisselle, voire tracteur ou cheval !

Les études sont longues et très sélectives : après un double master en droit et histoire des arts, Mme Wassilieff a passé un examen national (seuls 30 candidats acceptés par an !) pour suivre deux ans de formation supplémentaire… soit 9 ans d’études dans son cas pour être reconnue commissaire-priseur.

Depuis 2022, elle travaille pour la maison Millon, quasi centenaire. « Je fais essentiellement du télétravail, précise-t-elle. Nous avons un partenariat avec le site de vente en ligne eBay et je dois expertiser des objets sur photos. Certains lundis, il m’arrive d’avoir 600 estimations à faire en 48h ! »

Mais elle se déplace aussi dans une grande partie de la Bretagne, lors de journées d’expertises gracieuses ou sur rendez-vous. « J’aime beaucoup ces moments où l’on a le temps d’échanger avec des gens de toutes conditions sociales : ils vous confient souvent tout un pan de leur histoire ». Les objets sont ensuite vendus à la salle Drouot à Paris, haut-lieu des ventes aux enchères.

Parfois, les clients ont d’heureuses surprises telle cette boîte en jade style art déco achetée dans un vide-maison et vendue 2 500€ ! Par contre, la déception peut être forte quand l’estimation n’est pas en phase avec la valeur sentimentale: « Certains objets ne sont plus à la mode et se déprécient beaucoup, tels les meubles bretons… Il faut alors du tact pour l’expliquer, surtout quand les personnes avaient un projet avec l’argent escompté ». La qualité de vie dans le Poher lui plaît beaucoup, et elle doit prochainement diriger sa première vente aux enchères: « C’est aussi pour ce côté théâtral et éloquence qu’on fait ce métier et ce serait formidable de pouvoir organiser un jour une telle vente à Carhaix ! »

Olof Alexandersson