Giovanni Spatuzzi, Belge d’origine italienne, a découvert Spézet en 2008 lorsque, avec ses parents, ils ont acheté un ancien corps de ferme pour en faire une résidence secondaire. Quelques années plus tard, il vient y habiter définitivement et se forme au maraîchage avec sa femme, originaire de Galice en Espagne.

Sur les 2,5 ha de terres, le « GAEC de Rulanou » produit une quarantaine de légumes et de petits fruits: poireaux, carottes, courges, fèves, tomates, endives… Depuis 2018, toute sa production est certifiée bio, une volonté forte de sa part malgré les contraintes. Ainsi, cette année, face à une invasion de doryphores, il a opté pour le ramassage manuel, « à l’ancienne », plutôt qu’un traitement phytosanitaire non sélectif : « Je ne voulais pas détruire tout mon travail en amont, j’ai préféré produire moins mais préserver mon sol », explique Giovanni.

Depuis 3 ans, il a acclimaté le piment d’Espelette pour en faire du « piment de Spézet » ! A l’avenir, il va orienter sa production davantage vers des fruits tels que prunes, pêches ou nectarines, cultivées dans les 2 500 m² de serres. « Ces cultures sont moins exigeantes physiquement, cela soulagera mon dos qui est très sollicité pour les légumes. De plus, ce sont des productions qui n’existent pas en Centre-Bretagne, il y a là un créneau intéressant», souligne Giovanni, qui est également très satisfait de la qualité de ses fraises, « les meilleures du Centre-Bretagne », sourit-il.

La vente se fait principalement à la ferme, sur commande, ou par internet, ainsi qu’au marché de Spézet, qu’il a contribué à faire revivre en 2015. Par contre, il a renoncé à vendre dans les supermarchés: « Le conditionnement était très contraignant et chronophage, et les pertes élevées, pour une marge très faible ». En cas de surplus, le maraîcher donne l’excédent à des associations caritatives.

« Même après huit ans, on sent que l’acquis reste fragile. Après la crise du covid, il y a eu un fort engouement pour le bio et le local, mais les gens se sont également habitués au drive, et les supermarchés ont développé leur rayon bio. On ressent aussi durement l’inflation, qui fait que les clients rognent leurs dépenses alimentaires. » Malgré ces difficultés, Giovanni reste persuadé d’avoir fait le bon choix : « chaque récolte réussie est source de profonde satisfaction ».