Des abîmes souterrains aux sommets les plus vertigineux, en passant par les sports «outdoors» et les travaux en hauteur, Petzl veille sur votre sécurité et votre confort. Saviez-vous que derrière la consonance germanique de son nom, se cache un fleuron français de l’industrie à la pointe de la technologie et de l’innovation? L’entreprise est, en effet, devenue l’un des leaders mondiaux des équipements de sécurité pour les loisirs extrêmes (spéléologie, escalade, alpinisme, …) et certains travaux périlleux (notamment sur cordes).
L’histoire commence au début des années 1930 quand le jeune Fernand Petzl, alors âgé de 17 ans, se passionne pour la spéléologie. Le jeune homme, fils d’un immigré allemand et d’une mère française, explore les grottes et galeries souterraines caractérisant le massif de la Dent de Crolles, où il réside.
Il s’illustrera notamment en participant aux premières explorations du Trou du Glaz, et lorsqu’en 1956, son équipe établira un record mondial en atteignant -1122m dans le gouffre Berger, dans le Vercors.
Un passionné ingénieux !
Mais à cette époque, il n’y avait pratiquement pas de matériel spécifique. Ce mécanicien modeleur de profession va donc s’ingénier à adapter le matériel existant, mais aussi à concevoir et fabriquer son propre matériel pour lui et ses amis. Il fabriquera ainsi par exemple des échelles de spéléologie avec du câble et des vieux bâtons de ski recoupés pour les transformer en barreaux. Il développera aussi des cordes en nylon qu’il utilise à la place des échelles encombrantes.
En 1968 il commence à commercialiser ses premiers produits. Fernand Petzl dépose la marque éponyme en 1970 et fondera quelques années plus tard la société Petzl.
Au début des années 1970, avec son ami Bruno Dessler, ils vont inventer les systèmes de descendeurs à poulie et de bloqueurs, permettant de faire un «bond en avant» dans le domaine de la sécurité et des déplacements sur corde.
Il sera également l’un des pionniers dans le développement des lampes frontales (afin d‘avoir les mains libres pour escalader, tenir les cordes, etc.).
Une entreprise familiale…
Il donne alors, avec ses fils, une nouvelle dimension à l’atelier familial situé au pied de la Dent de Crolles. En effet, le matériel qu’il utilise sous terre intéresse fortement un autre secteur voisin bien plus en vogue: celui de l’escalade et de l’alpinisme. D’ailleurs, un certain nombre de spéléologues les pratiquent également.
Que ce soit sur les vertigineuses parois du massif alpin ou dans les entrailles de la terre, les contraintes sont les mêmes: il faut être en mesure de monter, et de descendre dans des conditions périlleuses tout en assurant autant de sécurité que possible.
En 1975 l’entreprise familiale est officiellement créée et embauche 5 salariés. La cible est la suivante: «Nous rendons plus sûre la progression dans les environnements périlleux».
Les lignes directrices sont quant à elles de demeurer une société familiale stable (elle ne souhaite pas être cotée en bourse), d’encourager l’esprit pionnier, le développement, l’innovation avec une politique de zéro défaut misant sur la qualité des produits, leur fiabilité, et leur praticité. Pour ce faire, la marque crée des communautés autour des utilisateurs de leurs produits, afin de bénéficier des «retours du terrain» dans une logique d’amélioration continue.
Une diversification ciblée…
L’entreprise va alors développer toute la gamme du matériel de grimpe depuis les cordes aux harnais, en passant par les mousquetons, les crampons, les piolets, les casques, les bloqueurs, etc., sans oublier l’un de ses produits phares: les lampes frontales.
Mais la marque ne s’arrête pas aux sports-loisirs, elle investigue rapidement le champ des professionnels exerçant en hauteur, comme les élagueurs, les constructeurs d’antennes, d’éoliennes, les secouristes en montagne ou intervenants sur les tours en milieux urbains.
D’ailleurs son invention EXO, en 2006, à destination des pompiers de New-York, lui vaudra d’être primée outre-Atlantique «meilleure invention de l’année» par le Times Magazine. (EXO est un système de grappin intégrant un bloqueur, permettant aux pompiers de s’extraire très vite et de façon sécurisée de n’importe quel environnement en hauteur).
Dirigée par des passionnés, la société Petzl va rapidement convaincre les utilisateurs et gagner des parts de marché grâce à la qualité et la fiabilité de ses produits. Dès la fin des années 1980, elle va porter son offensive à l’international.
En 1991 elle crée une filiale aux états-Unis (qui sont d’ailleurs devenus son principal marché devant la France et l’Allemagne), puis ouvre une seconde unité de production en France l’année suivante. Au milieu des années 1990, l’entreprise compte 77 salariés en France.
Le volet «professionnel» de la clientèle connaît alors un important essor avec la croissance des exigences de sécurisation des travaux en hauteur. Il représente d’ailleurs aujourd’hui 55% des ventes, contre 45% pour le sport-loisir (en part de chiffre d’affaires).
La croissance des établissements Petzl se poursuit, recherchant toujours la pleine satisfaction (et sécurité) de ses clients, allant même jusqu’à proposer des formations.
L’innovation comme ADN
«L’entreprise voit toujours plus loin et souhaite constamment apporter des améliorations. Un produit, c’est entre deux et trois ans de recherche et développement. Et avec la solution Petzl, tout est accompagné par du texte, des schémas, de la modélisation 3D, des photos voire des vidéos», explique la marque.
L’innovation restera d’ailleurs l’ADN de l’entreprise: en 2020 elle comptait plus de 600 brevets déposés depuis sa création en 1975! (Soit entre 10 et 15 par an en moyenne.)
Fernand Petzl passera les rênes de la société à son fils Paul, et décédera en 2003.
Aujourd’hui, l’entreprise est présente dans 55 pays, compte plus de 1 000 employés, et des filiales ou des agences dans une dizaine de pays. Elle possède quatre sites de production, dont trois en France (et un en Malaisie, pour les textiles).
La marque a fait une telle percée à l’international qu’elle réalise maintenant 85% de son chiffre d’affaires (approchant les 200 millions d’euros) en dehors de l’Hexagone.
Elle estime vendre plus de 7 millions de produits dans le monde par an, et que près de 10 millions de personnes utilisent ses équipements chaque jour.
Quand «tout va bien» chez Petzl…
Mais la marque ne s’arrête pas à la satisfaction des clients seulement. Par sa «Fondation Petzl», elle œuvre à la préservation et à la sécurisation de la montagne. Ses salariés ne sont pas non plus oubliés; la gestion y est décrite comme «familiale», et 20% des dividendes leur sont reversés chaque année.
A en croire les paroles d’un délégué syndical dans L’Express en 2016: « Tout va bien: chaque année on embauche, et si j’ai quelque chose à dire au patron, je vais directement dans son bureau », assure-t-il.
Fernand Petzl était loin d’imaginer cette ascension quand il commença à fabriquer son matériel dans le petit atelier familial au cœur des Alpes. Et pourtant aujourd’hui, grâce à une stratégie de diversification bien ciblée, sa société est considérée comme le plus grand fabricant européen d’équipement de protection individuelle du monde de la «verticalité», voire le leader mondial du domaine!
Si la crise COVID lui a fait un peu «marquer le pas», elle semble déjà bien repartie. Nul doute que celui qui a su se hisser des antres de la terre aux sommets montagneux saura poursuivre son ascension… en toute sécurité !
Guillaume Keller