Décidément notre époque est étonnante! En tous domaines ou presque, on assiste à une remise en question des valeurs établies et des convictions reçues…

La réhabilitation du travail et de l’effort en est une preuve éloquente.

Dans son livre remarquable, et qui peut-être en «dérangera plusieurs» (!), l’universitaire Olivier Babeau dénonce «la tyrannie du divertissement», et souligne que le mauvais usage du temps libre altère notre existence et amplifie les inégalités.

Le travail représentait, au XIXe siècle, 70% du temps de vie (le sommeil mis à part), tandis que de nos jours il en est réduit à 15%!

La progression rapide de l’utilisation de «l’intelligence artificielle» devrait accentuer encore la différence.

Les loisirs et les multiples sollicitations des jeux, amusements et offres en tous genres, entraînent un déséquilibre croissant, au détriment du travail, de l’effort…

Ce n’est pas sans conséquence sur la vie des personnes, des familles, de la société!

«Le travail c’est la santé, rien faire c’est la conserver…»

Cette affirmation popularisée dans un chant qui eut son heure de gloire résonnait ce jour-là dans toute la rue…

Manifestement les quatre ou cinq joyeux personnages endimanchés qui le scandaient de toutes leurs forces, attablés dans un café, fêtaient un événement qui leur tenait à cœur…

 Les vacances? Non! Tout au contraire, le résultat de leur labeur persévérant et celui de leurs collègues qui donnait à leur agence bancaire la première place dans l’accumulation des fonds collectés…

Et cette réussite allait être officialisée par une assemblée générale en présence de nombreuses personnalités.

«Le travail c’est la santé, rien faire c’est la conserver…»

La joie compréhensible de ces jeunes employés ne faisait que souligner le contraste amusant entre leur glorification du repos et l’ardeur qu’ils avaient déployée durant des mois, en ne comptant pas leur peine pour atteindre l’objectif chiffré…

Sympathiques… mais surprenants !

Ils auraient très bien illustré la volonté d’Olivier Babeau de réhabiliter le travail!

Il faut un certain courage et une indéniable objectivité intellectuelle pour parler au XXIe siècle de «la tyrannie du divertissement», alors que ce divertissement sous toutes ses formes règne en maître incontesté et est quasi « plébiscité » !

Et pourtant l’auteur a raison de rappeler la nécessité de l’effort, du travail…

Non seulement dans le but financier de pourvoir à ses besoins et à ceux des siens, mais également quant à la nécessaire discipline que l’on doit s’imposer !

C’est pourquoi l’éducation des enfants, si elle est également ludique, ne saurait se passer du sens et de la réalité de l’effort…

L’ignorer ou le refuser, c’est hypothéquer l’avenir de ces futurs adultes…

Certes, tout doit être proportionné à l’âge, aux capacités physiques comme intellectuelles de chacun, mais l’apprentissage de l’effort, du travail, de la responsabilité envers soi-même et les autres, doit être en permanence présent.

«L’oisiveté mène au vice» apprenait-on à l’école du passé!

Ces proverbes et autres dictons étaient empreints de bon sens et de saine pédagogie…

Dommage que cette manière d’éveiller les consciences ait été souvent abandonnée!

Evidemment, il ne saurait aucunement être question de légitimer les abus du passé et du présent, loin s’en faut !

Les pauvres enfants employés dans les mines de charbon à 7, 8 ans… ou les adolescents maltraités, «bizutés»… les adolescentes exploitées, harcelées sexuellement… les hommes et femmes ne gagnant qu’à peine de quoi se nourrir… et tant d’autres réalités terribles qui ont engendré tant de souffrances… Que de pratiques qui révoltent et appellent la condamnation…

Les lois sociales ont heureusement mis un terme dans nos pays à ces abus scandaleux… mais ils perdurent en certaines régions du monde…

Et puis, même dans nos pays dits civilisés, tous ne le sont pas, au sens profond du terme: le comportement entre autres de ces «petits chefs» ou grands chefs, patrons ou patronnes… « adjudants » ou entraîneurs… et même parfois de dits pédagogues… qui font encore souffrir et couler des larmes, pourrait être évoqué…

L’éducation des responsables eux-mêmes n’est pas toujours effectuée!

Certes chaque homme ou femme digne de sa vocation d’humain devrait s’y astreindre et s’y conformer… mais hélas, ce n’est pas toujours le cas!

Au-delà de la réflexion sur «la tyrannie du divertissement», et de «la tyrannie du travail », ne faudrait-il pas que chacun, quel qu’il soit, réexamine son comportement tant «à la maison», «dans la rue» que sur les lieux de travail et de loisirs…

La Bible, tout particulièrement, nous y invite, et tel un miroir nous révèle qui nous sommes et nous enseigne quels nous devons devenir.

Une lumière douce venue d’en haut,

et un appel sans concession.

Il y va de notre avenir terrestre et éternel.

Yvon Charles