Depuis plusieurs semaines, les Carhaisiens ont le plaisir d’observer que la « Maison du Sénéchal » a retrouvé son apparence et ses couleurs d’antan suite à l’impressionnant chantier de restauration mené par la municipalité. Si ces travaux ont peut-être causé quelques désagréments à certains, « le jeu en valait sans doute bien la chandelle » tant le résultat final suscite l’admiration.

Situé au cœur de Carhaix, à la croisée des deux grands axes de la ville, l’édifice emblématique de la « capitale » du Poher, construit vers 1584, a fait peau neuve et symbolise à lui seul le glorieux passé judiciaire de la cité. En effet, au XVIe siècle, Carhaix était le siège d’une cour royale de justice importante.

La fonction judiciaire y faisait vivre de nombreux auxiliaires, procureurs, mais aussi des dizaines d’avocats, des huissiers ou encore des notaires. Ainsi, en 1565, la juridiction de la sénéchaussée couvrait environ 60 paroisses réparties en 5 barres de justice: Carhaix, Duault, Huelgoat, Landeleau et Gourin. Sous l’Ancien Régime, la ville jouissait également du statut de ville relais de l’administration royale et concentrait le Bureau de la Maîtrise des Eaux et Forêts, le Bureau du Contrôle des Actes, etc., et députait aussi aux Etats de Bretagne. Mais en 1815, Carhaix sort appauvrie des périodes révolutionnaires et impériales et perd ses prérogatives administratives et judiciaires, qu’elle n’a d’ailleurs jamais retrouvées depuis.

Contrairement à ce que laisse penser le nom de l’édifice, rien ne prouve qu’un sénéchal (officier de justice du roi) y ait résidé. En revanche, ses décorations, sa taille et surtout sa localisation indiquent qu’il s’agissait bien d’une maison de notable qui a pu probablement héberger un magistrat.

Bien sûr, depuis, la « Maison du Sénéchal » a accueilli de nombreuses autres activités, dont les plus anciens se souviendront sans doute, comme par exemple une boulangerie, le Bazar d’Ahès dans les années 1930 et plus récemment l’office du tourisme communautaire.

Restaurée une première fois en 1606, la maison à colombage de la rue Brizeux a connu un certain nombre d’opérations de restauration au cours de ces dernières décennies, comme en 1964 suite au rachat du bâtiment par la mairie. Les récents travaux ont permis notamment à cette maison à pans de bois et à encorbellement, caractéristique de l’époque médiévale, de retrouver l’apparence rouge-orangé des origines.

Il convient donc de saluer largement le travail remarquable effectué tant par la municipalité que par les équipes en charge de la restauration qui a permis de préserver et de valoriser ce joyau du patrimoine bâti carhaisien.

Nul doute que la prochaine inauguration suscitera l’intérêt et la curiosité des Carhaisiens et visiteurs, impatients de redécouvrir ce lieu remarquable, en attendant la prochaine rénovation de la maison Thomas (qui la jouxte) et surtout le Musée national de l’habitat breton.

J.G.