La houe est un outil qui existe depuis le Néolithique pour briser le sol. Comment Gareth Lewis –Gallois venu s’installer en 1994 en Bretagne– s’est-il donc passionné pour cet outil qui paraît anachronique ?
Lorsqu’il arrive d’Angleterre avec sa famille, il restaure une longère dans la campagne de Duault. Ancien professeur, il fait classe à la maison pour ses trois enfants et ils commencent à cultiver leur modeste potager. Puis l’achat d’une parcelle d’un hectare va lancer leur petite ferme. Ce terrain est découpé en 15 petits champs, avec des talus.
« Ce microbocage permet de planter toutes sortes d’arbres, fruitiers ou non, explique G. Lewis. Une petite surface se travaille aussi aisément en une journée. Cela crée beaucoup d’espaces agréables, riches en biodiversité ».
Aidé aujourd’hui par ses enfants Samuel et Bethan, G. Lewis a appris beaucoup au contact des anciens du village, heureux de transmettre leurs savoirs.
Le travail à la houe permet de restaurer la fertilité du sol, en évitant de tasser la terre comme le font les engins agricoles. De plus, il ne requiert aucun investissement coûteux. Travailler à la main, c’est aussi plus convivial, beaucoup plus silencieux et meilleur pour la santé. Alors autant que possible, Gareth et Samuel se passent de machines: pour labourer et semer, c’est donc la houe ; la moisson se fait à la faux…
Evidemment, ce n’est pas ainsi que la famille Lewis fait fortune. Mais grâce à leur production sur environ 4 hectares, ils arrivent à être autosuffisants pour l’alimentation. Leurs principales cultures sont le seigle (pour le pain cuit dans un four à pain construit par Samuel), la pomme de terre, le blé noir (pour les crêpes, en bons Bretons d’adoption !) et les haricots secs. Ils ont aussi deux grands potagers.
Pour financer leurs dépenses, ils éditent depuis 2004 un journal, Central Brittany, à destination de lecteurs anglophones. Ils auto-éditent aussi le livre de G. Lewis, Agriculture du 21e siècle : Le travail à la houe, un antidote à la globalisation, ainsi que les livres illustrés de Samuel, qui traitent de son attachement à « sa » terre.
Ces connaissances et ce plaisir à travailler la terre, Samuel les partage depuis peu par des journées de formation, gratuites. « C’est très simple, on apprend en travaillant ensemble, on échange des façons de faire et non un savoir théorique. Vivre autonome, oui, mais pas tout seul : le travail doit rassembler les gens!»
Olof Alexandersson