En franchissant la porte de la médiathèque de Paule, le mardi en soirée, vous auriez presque eu l’impression de rentrer dans le scriptorium d’un moine copiste, tant le silence quasi monacal était observé par la dizaine de personnes présentes. 

Élément perturbateur d’une soirée de travail intensive, j’ai certainement, après quelques minutes d’observation d’un travail délicat, ponctué de quelques conseils judicieusement donnés, fait se délier les langues, relâcher la concentration d’une poignée d’habitués à un travail d’une rigueur pertinente.

C’est dans cette salle que tous les deux mardis de chaque mois une dizaine de calligraphes se retrouvent autour des tables dressées pour l’occasion, maniant plume plate, plume calame, plume d’oie ou angle, plume biseautée en main, agissant avec une maîtrise experte pour la «beauté d’écrire», émanation représentative de la calligraphie devenue un «art de la belle écriture.»

 Cela fait quasiment 20 ans que Mme Maryannick Hémon conduit ces cours de calligraphie dans une bonne humeur qui ne se dément pas mais avec une concentration qui demeure toujours présente. 

Fi des gens pressés et agités, c’est avec un calme serein qu’il faudra remplir des pages entières de lettres sobres ou ornementées, écrites avec une plume trempée dans l’encrier (les plus anciens se souviendront des plumes Sergent Major) exécutant des pleins et des déliés, en écriture caroline, gothique ou autres.

C’est sous le règne de Charlemagne, un passionné de calligraphie semble-t-il, que sera fondé le grand scriptorium de Tours. L’abbé Alcuin, responsable du monastère, fut le conseiller de Charlemagne sur la maîtrise de l’écriture caroline.

 Des planches reproduisent aujourd’hui chaque lettre avec la mesure exacte du tracé. Un exercice difficile à acquérir en début d’année lors de la découverte d’une nouvelle police d’écriture. Parfois la concentration du geste est telle qu’une des lettres d’un mot disparaît inopinément. La page est alors à refaire car l’écriture réalisée au brou de noix ne pardonne pas l’erreur, dur travail pour les moines copistes du passé !

Au fil du temps, les participants améliorent leurs performances et se permettent quelques envolées artistiques discrètes du plus bel effet. En France, la calligraphie est peu usitée, mais dans d’autres pays européens et aux USA, cette discipline est davantage pratiquée. 

Chaque année, une exposition est prévue au début de juin, où le travail des participants est exposé à la médiathèque. Des cartes de vœux pour Noël sont aussi réalisées avec un mélange de texte et de couleur valorisant l’engagement des adhérents qui, pour quelques euros chaque année, continuent de faire vivre une passion : «celle de l’amour des belles lettres».