Récemment monsieur de Kervasdoué, économiste de la santé, jugeait avec condescendance, fort de ses titres et de son expérience passée au ministère de la Santé, le maire de Carhaix, Christian Troadec, qui osait défendre «son hôpital de proximité»! Ce ne serait selon lui pas un service rendu à sa population…!
Et ce monsieur de rêver d’une carte hospitalière revue, dans laquelle il faudrait tendre vers un modèle nordique tel qu’en Suède, pays dans lequel il ne reste plus que 300 hôpitaux, dénonçant la «folie» française avec ses 3000 hôpitaux!
Si les constats qu’il énumère dans son analyse du système de santé sont assez largement partagés, la « solution miracle » qu’il propose, celle des tenants des regroupements et de la concentration hospitalière, a de quoi effrayer!
Une autre réalité qu’il oublie de considérer est que la France compte tout de même 6,5 fois plus d’habitants que la Suède…
A n’en pas douter, ce système est idéal pour des économistes et peut-être certains directeurs, mais il ne semble malheureusement pas pensé pour le bien-être des patients! De plus en plus de patients suédois semblent d’ailleurs déchanter depuis quelques années de leur modèle vanté par nos élites.
Selon ses dires, la France conserverait aujourd’hui des «services d’urgences sans issue» dans lesquels les patients sont accueillis pour les «premiers soins», mais seraient ensuite transférés vers des établissements où l’on peut «vraiment» les soigner… Il faudrait donc les conduire systématiquement et directement dans les grands centres, tout comme les professionnels de santé qui seraient «économisés» par la fermeture des petits hôpitaux !
Voilà bien une vision lointaine du terrain, d’un personnage qui semble considérer les soignants comme des «pions», et qui n’a peut-être pas approché un service d’urgences de «proximité» depuis bien longtemps! S’il venait observer la réalité du terrain aux urgences de Carhaix, il remarquerait que les patients y sont effectivement et efficacement soignés et que le taux de transfert vers les grands centres y est extrêmement faible!
Les maisons médicales pluridisciplinaires prônées seraient sans doute d’indéniables atouts pour la prise en charge des patients en zone rurale, mais en complément des services d’urgences afin de les désengorger et non en remplacement…
Y aura-t-il donc bientôt une institutionnalisation de la santé à deux vitesses? Celle des citoyens des grandes villes qui auront accès à tous les soins et celle des habitants des campagnes qui devront se contenter des soins de base, ou d’attendre désespérément durant la fameuse «heure d’or» l’arrivée d’une ambulance qui lui sera dépêchée d’un centre de soins distant de 100km…?
Alors, oui, le maire de Carhaix rend service à sa population quand il se bat pour le maintien de «son hôpital de proximité»!