Jane Mickelborough et son mari Peter sont arrivés en Bretagne en 2003. Bien qu’enseignants à l’Université de Manchester, ils ont tout quitté pour s’installer à Pempoulrot, en Kergrist-Moëlou. Ils ne regrettent pas leur vie outre-Manche, malgré les 3 ans mis pour restaurer la vieille ferme, et les démarches pour être naturalisés Français (1 kg de documents à fournir, entre les copies de copies et les traductions assermentées!).

Jane exerce comme kiné pendant 7 ans, mais surtout, elle s’initie à la sculpture de cuillères en bois. «J’ai toujours aimé créer quelque chose avec mes mains», confie-t-elle. Elle est enthousiasmée en découvrant les cuillères utilisées en Basse-Bretagne jusqu’au début du 20e siècle: «Certains modèles, réservés aux moments de fête, étaient richement décorés. Celles de Cornouaille sont vraiment étonnantes, avec de la cire de couleur incrustée dans les fines gravures.»

Elle s’inspire donc de ce savoir-faire ancestral pour créer de véritables objets d’art, impressionnants par la précision des sculptures et des dessins. «Il me faut un jour pour faire la cuillère et un à trois jours pour la décorer. Les cuillères anciennes étaient souvent pliantes. Pour réussir ces assemblages très précis, mon doctorat en biomécanique, qui m’a appris à bien visualiser en 3D, m’est finalement bien utile!», explique-t-elle avec un grand sourire.

Comme outils, Jane a récupéré un paroir de sabotier pour dégrossir le travail, puis utilise toute une gamme de couteaux à sculpter. Elle ne travaille que le bois vert, stocké au congélateur pour garder sa fraîcheur. Ses plus belles cuillères sont faites en buis, comme autrefois. Mais pour des modèles plus simples, elle aime varier les essences: érable, pommier, prunier, noyer aux jolies veines noires… ce qu’elle trouve autour de chez elle!

Son savoir-faire l’amène à proposer des formations en France, mais aussi aux Etats-Unis, en Angleterre, en Suède… Elle vend ses créations, qui valent plusieurs centaines d’euros pour les plus élaborées, lors de festivals ou par internet.

Jane a référencé sur son site internet de nombreuses cuillères anciennes et projette de publier un livre sur le sujet. Elle lance aussi un appel à ceux qui en auraient dans leur famille: «N’hésitez pas à me contacter, pour que je puisse les photographier et qu’on ne perde pas la mémoire de ce patrimoine trop méconnu.»

Olof Alexandersson