C’est dans les Alpes qu’Anthony Fiard a connu les patous (chiens de montagne des Pyrénées) comme auxiliaires pour protéger les troupeaux. Lorsqu’il a eu l’opportunité d’acheter son propre troupeau de brebis, en Bretagne, il a tout naturellement continué à travailler avec ces imposants chiens blancs de 40 à 50 kg.

Aujourd’hui, Anthony a cinq patous pour accompagner ses 300 brebis. «Mes chiens naissent dans la bergerie. Dès qu’ils ont 15 jours, une trappe leur donne accès aux agneaux, aux brebis… Ils se familiarisent dès leur plus jeune âge avec les bruits, les odeurs… et passeront ensuite toute leur vie au milieu du troupeau», explique-t-il.

Le caractère calme du patou et une stricte éducation vont en faire le compagnon idéal des brebis. Ainsi, si un agneau lui bondit dessus, il ne va pas réagir vivement. Face à une menace, le chien aboie pour donner l’alerte, puis intervient si l’intrus ignore l’avertissement. «Ici, ce sont surtout les renards ou les corbeaux qui s’en prennent aux jeunes agneaux. Il y a parfois des chiens errants, et maintenant le loup qui est de retour», détaille l’éleveur. Il précise aussi que les incidents qui surviennent parfois entre des promeneurs et les chiens de protection sont fréquemment dus à l’ignorance des humains qui continuent à avancer rapidement vers le troupeau sans prendre garde aux aboiements. Le chien risque alors de mordre pour défendre son troupeau.

La présence du loup incite certains éleveurs à adopter des chiens de protection. Mais c’est tout le système qui doit être revu, car il faut installer des clôtures électriques (autant pour dissuader les loups d’entrer que pour empêcher les chiens de sortir des enclos). Ces clôtures ont un coût certain, partiellement pris en charge par des aides, selon les endroits. La lourdeur des démarches administratives est aussi un frein à la mise en place de ces défenses.

Anthony est devenu référent local auprès de l’Idele (Institut de l’élevage avec une section chien de troupeau). Il peut conseiller ses collègues sur l’utilisation d’un chien de protection. «Par exemple, acheter un chiot qui n’a pas connu tout petit les brebis serait une source de difficultés…»

Il a aussi six border collies qui aident à la conduite du troupeau, un choix de vie qui s’accorde avec sa vision d’une agriculture à taille humaine.

O.A.