A Kerlannet, au Moustoir, d’étonnantes plantes attirent l’attention du passant : dans un champ poussent d’immenses tiges, semblables à du bambou et dépassant les 3 mètres.

Le miscanthus, ou « herbe à éléphant » est une graminée originaire d’Asie. Cela fait cinq ans qu’Yvon Couteller la cultive. «C’est par curiosité que j’ai commencé cette culture, explique-t-il avec un grand sourire. C’est une plante qui demande très peu de travail, je voulais la tester!»

En effet, le miscanthus a un rhizome, qui se plante comme des pommes de terre. La première année il faut laisser la plante s’enraciner. Dès la seconde année, on peut récolter. «Au mois d’avril, quand les tiges sont jaunies, on passe l’ensileuse, comme pour le maïs», détaille M. Couteller.

Les restes de tiges vont former un paillage naturel qui empêche les mauvaises herbes de pousser. Grâce à son système racinaire, cette plante permet à l’eau de mieux s’infiltrer dans le sol. Les tiges broyées seront valorisées de différentes façons : chauffage, paillage, isolant…

«J’en récolte environ 60 m3 par hectare, quand tout va bien». En effet, l’an passé, une importante colonie d’étourneaux a installé son dortoir dans les 6 hectares de miscanthus. Ils ont cassé beaucoup de tiges, le rendement a donc été très réduit…

«Je trouve mes clients par petites annonces. Ce sont donc souvent de petits volumes. Toutefois, un centre équestre m’en a acheté 90 m3 pour remplacer la paille, parce que le miscanthus a un fort pouvoir absorbant. Cela peut aussi fonctionner pour une étable, à condition de le dépoussiérer, car c’est une poussière qui « accroche »!».

Plusieurs artisans en ont aussi commandé pour remplacer le chanvre comme isolant naturel. Il revient moins cher que ce dernier et s’utilise mélangé avec de la chaux pour rénover des maisons. De plus, ses propriétés de matériau renouvelable et biodégradable le rendent intéressant dans une perspective de construction durable et locale. On commence même à faire du béton de miscanthus…

Une fois que la récolte est faite, il n’y a plus qu’à attendre que de nouvelles tiges repartent des rhizomes et poussent pendant l’été. Si la variété cultivée est non traçante (ce qui évite qu’elle devienne invasive), elle demande par contre de rester en place pendant une vingtaine d’années. C’est donc un choix de culture innovant, mais qui implique de s’engager pour une certaine durée !

Olof Alexandersson