C’est par hasard que Jean-Michel Dran est devenu poissonnier.

«Je travaillais dans une grande surface de Gourin quand on m’a demandé de remplacer un collègue au rayon poissonnerie. J’ai appris sur le tas la vente et la préparation du poisson», explique le sympathique quadragénaire. Pendant 10 ans, il poursuit son apprentissage, devenant même responsable du rayon: «passer les commandes, fixer les prix… c’était très formateur! Seulement, les conditions de travail se sont dégradées… C’est grâce à mon beau-père que j’ai osé me lancer à mon compte, en reprenant l’activité de M. Larsonneur, poissonnier itinérant, qui partait en retraite. Je ne l’ai pas regretté !»

Depuis sept ans, Jean-Michel sillonne donc les campagnes du Poher à bord de son camion.

«Je commence ma journée à 4h30 du matin, en allant à la criée de Concarneau acheter mon poisson. La vente aux enchères, c’est génial! Les caisses de poissons défilent sur des tapis roulants, on n’a que peu de temps pour enchérir… J’achète également mes filets chez un mareyeur, et un ostréiculteur de La Forêt-Fouesnant me livre les coquillages.»

Pour chaque jour, les tournées sont bien rodées: ainsi, le mardi, mercredi, vendredi et samedi, la poissonnerie itinérante passe par Spézet pour s’arrêter ensuite sur la place du champ de foire à Carhaix. Selon les jours, c’est aussi à Gourin, Cléden-Poher, Paule, Plévin, Kergloff ou Glomel que Jean-Michel se rend, au bourg ou dans les hameaux, jusque 19h…

«Je m’attache beaucoup à mes clients, on discute souvent. Certains me confient leurs problèmes, surtout les personnes seules ou qui traversent des temps difficiles. Il m’arrive même de m’arrêter chez quelqu’un qui ne prendra pas de poisson, mais qui avait besoin de parler…»

Jean-Michel ne regrette pas son choix: «c’est sûr que je ne compte pas mes heures, mais je me plais énormément. Dans le contexte économique actuel, on sent que les gens font de plus en plus attention, mais j’arrive à équilibrer mes comptes parce que je suis seul et que je n’ai que mon camion à payer».

Avec l’expérience, il arrive mieux à gérer les périodes stressantes, comme les fêtes de fin d’année, et apprécie d’avoir trouvé un meilleur équilibre familial, tout en se sentant utile au quotidien.