Les habitants du Poher, comme ceux qui fréquentent régulièrement ce territoire, savent qu’ils disposent d’un atout touristique majeur, générateur de flux et de retombées économiques: les voies vertes et en particulier la Vélodyssée.

Longue de 1300 km, cette dernière correspond à la partie française de l’EuroVélo 1, une véloroute européenne qui relie le nord de la Norvège au Portugal, et parcourt la Bretagne en passant directement par Carhaix, qu’elle traverse du nord au sud avant de rejoindre le chemin de halage et les berges du canal de Nantes à Brest. En 2022, la plus longue véloroute française aménagée fêtait ses 10 ans.

Cependant, chose qui peut paraître quelque peu étonnante, depuis quelques années, à la période estivale cette voie cyclable stratégique fait l’objet d’une interdiction de circulation pour une durée d’une à trois semaines, sur le tronçon reliant le Glenmor à la route de Kerlédan, voire jusqu’à la rue de Pont Daoulas.

Cette interdiction, imposée par arrêté du Conseil départemental, se fonderait sur une volonté de faciliter l’installation du festival et de sécuriser l’accès au site pendant l’événement. Si ces arguments peuvent plus ou moins s’entendre, il est regrettable que cette décision soit prise au détriment des cyclotouristes, des itinérants, mais aussi des nombreux Carhaisiens qui empruntent fréquemment cette section de la Vélodyssée.

Une déviation est proposée, me direz-vous, mais la solution diminue la sécurité des usagers, rend la circulation moins agréable et affecte certainement la fréquentation de la voie. De plus, l’arrivée d’un second festival à Kerampuilh pendant le mois d’août ne devrait sans doute pas améliorer la situation.

En revanche, il semble intéressant d’étudier le prolongement de la voie verte vers l’ouest du Glenmor –en passant par l’ancienne aire d’accueil des gens du voyage de Kerlédan– pour rejoindre le boulevard Jean Moulin au niveau de la rue Daniel Trellu, qui fait aussi partie de la Vélodyssée.

Ainsi, en plus de résoudre ce problème de «conflit d’usage», l’aménagement d’une telle voie permettrait d’une part de garantir une certaine continuité, qui disparaît actuellement lorsque les cyclotouristes atteignent le Glenmor, et d’autre part de sécuriser le cheminement, qui s’avère dangereux lorsque l’on circule le long de la rocade, notamment avec des enfants.

Enfin, la création de cette nouvelle voie valoriserait l’ancienne aire de Kerlédan tout en permettant d’envisager le réaménagement de cet espace qui se revégétalise progressivement et qui se prêterait volontiers à l’exercice d’activités sportives et de loisirs comme c’est déjà le cas pour le site de Kerampuilh.

Aussi, à l’ère du «slow tourisme» (tourisme lent) et du développement de la pratique du vélo, il est indispensable de développer et de valoriser la Vélodyssée (ainsi que l’offre touristique afférente), dont l’impact économique direct est très significatif et estimé à plus de 80000€ par km et par an en moyenne.

J.G.