J’ai sous les yeux la photographie d’un grand joueur de tennis qui brandit le poing, le visage dur…

Que s’est-il donc passé?

En fait, rien de particulier:

depuis qu’un autre champion, Ivan Lendl, a vanté «l’instinct de tueur»(!), cette pratique s’est répandue, et pas seulement sur les courts de tennis.

Une enseignante me disait, navrée, que dans les cours d’école, les enfants aussi brandissent le poing, en parfaits imitateurs de ce qu’ils voient à la télévision et ailleurs…

Et cette violence n’est pas qu’apparente, de plus en plus d’arbitres, de football et autres sports, sont pris à partie et parfois molestés…

Mais alors, que reste-t-il du sport, cette discipline agréable et utile, qui fut marquée, durant des décennies, par ce que l’on appelait «le fair play»: l’attitude respectueuse de l’adversaire, du concurrent, de l’autre,

qui enseignait à tous, enfants et adultes, la maîtrise de soi, la retenue, l’observation des règles établies, et de gagner ou de perdre avec le sourire, et même en félicitant les gagnants…

«Autre temps, autres mœurs»,

et ceci est bien dommage et dommageable…

L’intrusion massive de l’argent, du «sponsoring» en particulier, avec ses attentes et ses exigences «de retour sur investissement», a beaucoup contribué à cette dérive.

Dans la vie quotidienne se perçoivent trop souvent ce même état d’esprit, les mêmes attitudes…

Il n’est pas étonnant que la violence sous toutes ses formes s’impose, et les très graves « incidents » récents au stade de France en sont, parmi bien d’autres, une preuve accablante.

«Le poing brandi» est une triste et condamnable caricature du comportement du sportif.

C’est pourquoi, sans attendre une hypothétique évolution du «haut niveau» et des grands médias, nous pouvons, dans notre petit cercle: familial, à l’école, dans le scoutisme et les lieux d’accueil des enfants et adolescents…,

rappeler que seul le respect des règles donne à la victoire son sens et sa grandeur,

et que le «fair play» est élégance, dignité, grandeur d’âme…. face à ce que l’on peut appeler «la barbarie». Une très belle mission que tous nous pouvons effectuer.

Yvon CHARLES