«L’argent ne fait pas le bonheur!» disent sentencieusement de doctes personnages. D’autres, se voulant plus réalistes ajoutent: «Non! Il ne fait pas le bonheur, mais il y contribue…»

La nuance semble être un trait de sagesse qui pourrait rallier tous les suffrages… mais une question fondamentale s’impose:

«De quel bonheur s’agit-il?»

Est-on heureux parce que l’on possède des biens matériels en abondance?

Ou quand on obtient la situation sociale désirée, ou tel diplôme, tel honneur, telle décoration, ou la satisfaction de ses sens, ou…

Bonheur et jouissances ne sont pas synonymes.

La notion du bonheur varie selon les individus et, s’il existe un certain consensus sur les bases nécessaires pour y tendre, les conceptions demeurent diverses et parfois opposées.

Une chanson qui en son temps fut populaire affirmait: «Le pêcheur au bord de l’eau, abrité sous son chapeau, est heureux et trouve la vie belle…»

Sympathique évocation d’un moment paisible et loin de tous soucis… mais auquel ne souscriraient pas nombre de personnes de tous âges et de toutes conditions…

Cependant le plus grand nombre continue à associer bonheur et argent.

«L’or» a tout au long des siècles fait rêver des multitudes et pour l’obtenir certains ont tout sacrifié, leur santé, leur vie, leur famille, leur dignité, leurs amitiés… tout ce qu’ils avaient et étaient.

Et ce ne sont pas les conquistadors de José-Maria de Heredia qui seuls étaient possédés du désir ardent de «conquérir le fabuleux métal».

Beaucoup d’autres hommes et femmes aux destinées et possibilités bien plus banales ont toute leur existence espéré obtenir richesse et gloire.

Du billet de la Loterie Nationale aux autres multiples jeux d’argent,

en passant par les calculs boursiers et tentatives de toutes sortes,

«la soif d’argent et d’or» a toujours été présente et l’est tout autant aujourd’hui!

Est-ce une critique?

Non! Seulement une constatation et une réflexion quelque peu étonnée.

Et pourtant, finalement, et pas seulement aux portes de la mort où presque tout ce qui a de la valeur aux yeux des humains est alors relativisé, hormis les valeurs morales et celles du dévouement et de la foi: «l’argent ne fait pas le bonheur!»

Peut-être était-ce l’avertissement que l’auteur des lignes qui suivent voulait donner:

«On peut acheter le plaisir, mais pas les sentiments…

On peut acheter un spectacle, mais pas la joie…

On peut acheter un esclave, mais pas un ami…

On peut acheter une femme, mais pas une épouse aimante…

On peut acheter une maison, mais pas un foyer…

On peut acheter des aliments, mais pas l’appétit…

On peut acheter un médicament, mais pas la santé…

On peut acheter des diplômes, mais pas la culture…

On peut acheter des livres, mais pas l’intelligence…

On peut acheter l’instruction, mais pas l’éducation…

On peut acheter des tranquillisants, mais pas la paix…

On peut acheter des indulgences, mais pas le pardon…

On peut acheter la terre, mais pas le ciel.»

«La crise» dont on parle tant depuis des mois et qui peut tout, ou presque, bouleverser, contraindra à réviser l’échelle des priorités et des valeurs…

Quand le nécessaire est difficile à obtenir, on supprime le superflu et davantage encore l’inutile et «le vain»…

Souhaitons cependant que la leçon, si leçon il y a, ne soit pas trop rude, et en particulier pour les plus modestes…

La fin d’un certain gaspillage,

une plus sage utilisation des ressources de la nature,

un mode de vie plus équilibré,

une revalorisation du bon sens… seraient une très bonne chose, surtout si l’entraide, le partage, l’assistance aux plus démunis, l’aide aux plus défavorisés, s’y trouvent associés.

Peut-être, également, que beaucoup redécouvriront les «vertus» du travail et de l’économie…

2023! que sera cette année…?

Nul ne peut le dire… ni le prédire!

Espérons que les valeurs essentielles qui fondent notre humanité, seront bien présentes…

L’Évangile, avec simplicité et clarté, les rappelle sans cesse.

Et ces valeurs-là sont toutes aussi sûres pour la vie ici-bas que face à l’éternité.

Yvon Charles