«Il est de rares produits qui connaissent une existence aussi longue.» Cela fait plus de 3500 ans que ce savon, sans doute le plus vieux fabriqué au monde, à Alep en Syrie, se vend sur les places et marchés de nos communes. 

Depuis 3 ans, M. Jacques Le Garrec parcourt les marchés de la région, profitant de l’action menée par l’association « Mon Bourg mon Cabas » afin de présenter ce savon intemporel. Un savon à la recette pourtant fort simple qui a atteint l’Europe au XIIe siècle lors des croisades et qui a surmonté les guerres et les modes. 

Mille tonnes de savon étaient produites en 2018 à Alep contre 20000 tonnes en 2010, conséquence des guerres affaiblissant le pays. Guerre économique aussi, par les enjeux marketing, lancée par les producteurs de savons parfumés, colorés, les gels douche hydratants aux packagings toujours plus attrayants mais qui n’ont cependant pas écrasé le parcours d’un savon plusieurs fois millénaire, symbole de toute une région. 

Loin des multiples ingrédients de nos savons, quatre éléments suffisent à fabriquer ce dernier: de l’huile d’olive, de la soude uniquement d’origine végétale (à partir d’une plante: la salicorne), de l’eau et enfin de l’huile de baie de laurier qui détermine le pourcentage inscrit sur le pain de savon de 5 à 55%. La saponification se réalise après trois jours de chauffe dans d’immenses chaudrons. 

Durant 2 ans, M. Le Garrec a étudié les atouts de ce savon, on ne peut plus naturel. Pour cela, il s’est appuyé sur les connaissances de sa fille, docteur en biologie, complétées par de nombreux contacts avec des maîtres savonniers de Syrie. 

«Il me semblait difficile d’imaginer qu’un produit aussi ancien n’ait pas quelques effets bénéfiques pour la santé». Les résultats de ses recherches finissent de le convaincre. Il crée alors sa société «Bretagne Bien Être» à Plounévézel et s’attache les services d’un importateur basé à Lyon, la société Saryane, travaillant en lien direct avec les savonniers d’Alep. 

Afin d’enrichir son offre, M. Le Garrec commercialise aussi d’autres savons, produits localement à froid, très doux, surgras, enrichis d’huiles végétales comme le calendula. Associé à d’autres artisans, il vend aussi ses produits à Carhaix, rue Brizeux.

«En fait, très peu de savons ont une origine vraiment naturelle, on peut citer le véritable savon de Marseille qui est apparu à la fin du XVe siècle. L’apport d’huile de baie de laurier dans le savon d’Alep lui confère des propriétés antibactériennes et l’huile d’olive hydrate les peaux sèches et fragiles.»

Une des particularités de ce savon provient de son temps de séchage. Neuf mois sont nécessaires durant lesquels il est entreposé dans de vastes espaces aérés. Chaque savonnier estampille de son sceau les pains de savon découpés à l’aide de grands peignes. De couleur brune sur l’extérieur, avec une forte coloration verte au cœur, le savon d’Alep est mal protégé par le droit international. Alors, pour vous assurer de ne pas être trompé, il ne vous reste qu’à plonger votre savon dans l’eau, s’il flotte, vous avez fait le bon choix.