La question se pose – très sérieusement – dans les milieux dits animalistes, et plus particulièrement antispécistes, où elle fait parfois l’objet de débats enflammés.
Et certaines des solutions avancées laissent pour le moins songeur. Ainsi, d’aucuns étudient comment apporter de la nourriture végane aux prédateurs carnivores… mais aussi comment éloigner ceux-ci de leurs proies en les cantonnant dans de vastes sanctuaires ; ou veulent contrôler la reproduction à la fois des prédateurs et des proies, afin de limiter leur nombre ; ou transformer la génétique des premiers afin de leur faire passer le goût de la chasse, voire de les muer en herbivores génétiquement modifiés…
La lutte contre la souffrance animale est une fort louable avancée de ce siècle, et la «cause animale», qui attire aujourd’hui la sympathie, a le vent en poupe…
Mais l’antispécisme va bien au-delà de cette noble cause. Il plonge ses racines dans des concepts idéologiques profondément inquiétants, et souvent ignorés du grand public.
Affirmant que l’homme est un animal comme tout autre, cette idéologie déclare par exemple que toutes les vies se valent, celle du moustique autant que celle de l’être humain, avec toutes les conséquences pratiques que ses promoteurs exigent d’en tirer.
Ainsi, un mouvement tel que RWAS (Reducing Wild Animal Suffering) prône-t-il l’élimination pure et simple des prédateurs ; d’autres «écoles» de cette mouvance militent pour une «extinction volontaire de l’humanité»…
Le philosophe australien Peter Singer, auteur de «La Libération animale» et véritable gourou de l’antispécisme a écrit : «La vie que mène un être de notre espèce dont les capacités intellectuelles sont gravement diminuées (handicapés mentaux, personnes malades) a intrinsèquement moins de valeur que la vie d’un animal non humain»…
Et ce P. Singer d’affirmer qu’il est à ses yeux plus éthique de mener des expérimentations scientifiques sur les handicapés que sur des animaux !
L’un des dangers de cette idéologie vient de ce qu’un nombre croissant de ses tenants veut l’imposer, non seulement par la propagande, le harcèlement et les intimidations, mais également par la violence, comme le font tous les totalitarismes…
Or, l’histoire du XXe siècle, notamment, nous enseigne qu’idéologie et coercition réunies peuvent conduire aux pires errements, et aux plus horribles tragédies !
L’humanité, même quand elle se croit la plus évoluée, n’est pas à l’abri de la déraison et de ses dérives mortifères… C’est pourquoi il est toujours périlleux de fermer les yeux sur les aveuglements de son époque !