Quel merveilleux cadeau pour cette enseignante qui achevait ses 37 années au service des enfants…

Alors que la maman d’un élève de l’école maternelle cherchait quel cadeau elle pourrait offrir à l’institutrice très aimée et si dévouée, elle interrogea son petit garçon:

«Sais–tu ce que ta maîtresse aime?»

Plissant les yeux, après un moment d’intense réflexion, l’enfant convaincu, hochant la tête,  répondit:

«Maîtresse… elle aime les enfants!»

Il n’avait pas compris le sens véritable de la question… La maman pensait «cadeau»… et lui, allant au-delà de l’intérêt pratique du moment, cerna avec un sérieux et une volonté d’exprimer son sentiment profond, ce qui l’avait marqué tout au long de l’année, ce qui était essentiel pour lui!

«Sa maîtresse aimait les enfants!»

Nul doute en effet que cette anecdote authentique ait illuminé le départ à la retraite de l’enseignante, bien plus que toutes «les festivités» quelque sympathiques qu’elles aient été, qui accompagnaient ces dernières heures d’enseignement.

«Maîtresse… elle aime les enfants!»

Ce témoignage d’enfant m’a profondément touché; et ce d’autant plus que cette parole émanait d’un petit de quatre ans, fruit d’une intense réflexion, reflétant ce qu’il pensait réellement et qu’il voulait communiquer.

La fraîcheur, l’authenticité de cette conclusion enfantine force le respect.

Dans notre monde où la flatterie, le mensonge, masquent souvent les sentiments, où le vrai est si rare, il est réconfortant de savoir que la vérité peut encore sortir «de la bouche des enfants».

Oh! Certes, les enfants, eux aussi, fabulent, inventent, mentent…

Mais l’on n’attend pas d’eux qu’ils saisissent toujours la réalité des êtres et des faits, ni qu’ils en fassent écho avec rigueur.

D’ailleurs les enfants ont une perception tout autre de la vie et en particulier de celle des adultes.

Il est important de s’en souvenir, et s’ils travestissent volontairement la vérité, et veulent tromper, il suffit de les reprendre, si nécessaire sévèrement, et de leur expliquer la lâcheté et les dangers du mensonge.

Il n’en est pas de même du «monde» des adultes.

Rouerie, escroquerie, fausseté, dissimulation… sont les conséquences d’une mentalité, d’un état d’esprit dangereusement faussé.

L’expression biblique: «C’est ce qui existe en abondance dans le cœur qui s’exprime par la bouche…» peut être utilisée à ce propos…

Un cœur menteur influencera les pensées, les paroles et les actes…

Et s’il existe heureusement des hommes et femmes de totale droiture, de profonde intégrité qui veillent jusqu’aux moindres de leurs paroles,

la tendance générale, l’ambiance de la société est trop souvent plus proche de «la non-vérité» que de la transparence et l’objectivité.

Il est même de «bon ton» dans certains milieux de dissimuler ses véritables pensées et sentiments pour flatter…

Ainsi cette anecdote qui pourrait servir de «modèle» dans certains milieux mondains:

cette relation libre d’un texte oublié met en évidence l’ambiance artificielle de certaines soirées mondaines ou… autres!

Un homme d’un certain âge, genre séducteur, s’approche d’une dame quelque peu guindée:

–Oh! Chère madame, comme vous êtes belle ce soir !

La femme, d’un ton revêche, réplique:

–Je ne peux pas en dire autant de vous!

Réponse assassine de l’homme éconduit:

–Faites comme moi! Mentez!

La première réaction est d’en rire, notant l’habile répartie de «l’homme du monde»…,

puis, en méditant… il est permis de juger pitoyables, voire méprisables ces artifices mondains… ces attitudes, comportements et langages convenus qui engendrent des relations faussées.

Non point qu’il faille être «rustre» ou d’une franchise blessante… La sagesse inciterait alors à se taire…

Non point que le savoir–vivre soit à bannir… Loin s’en faut!

L’authentique savoir-vivre, celui du cœur et d’une éducation respectueuse des autres, est une richesse facilitant les rapports sociaux…

Mais la vérité ne doit jamais être sacrifiée sur l’autel de la flatterie, du calcul, des intérêts, ou plus simplement des conventions sociales, fussent-elles aristocratiques, bourgeoises ou diplomatiques…

Utopie? Oui, peut-être… Mais je préfère l’attitude réfléchie de l’enfant et sa conclusion mûrie, à toutes les envolées lyriques des discours, brillants peut-être, mais vides de sens et d’humanité.

«Maîtresse aime les enfants!»

Puissions–nous, nous aussi, être de ceux qui aiment…

Dans un monde égoïste et souvent «dur»… ceux qui aiment semblent peu nombreux et paraissent naïfs ou d’incorrigibles idéalistes.

Cependant, naïfs ou idéalistes, ou au contraire ayant fait le choix, en dépit de tout, d’aimer –certes avec lucidité et mesure car nos sociétés peuvent se révéler redoutables– ceux qui aiment ont mille fois raison.

Ils répandent autour d’eux une chaleur humaine, une douce lumière qui élèvent les âmes, réchauffent les cœurs, ennoblissent les contacts humains.

Aimer! N’est-ce pas le message de Noël?

Celui de l’amour de Dieu envers tous les êtres qu’Il a créés…  et auxquels par le don d’amour de son fils, Jésus-Christ, Il rappelle leur véritable vocation, leur destinée éternelle.

Yvon Charles