«Ecole rurale, école vitale! […] Cette année c’est nous, l’année prochaine c’est peut-être vous!»

Symbole d’une lutte parfois acharnée, cette expression «refleurit» petit à petit sur les bords de nos routes et dans les journaux de la région. En effet, depuis plusieurs semaines, les contours de la prochaine carte scolaire pour la rentrée 2023 ont été annoncés, prévoyant la fermeture de quelques classes dans le Centre Ouest Bretagne.

Notons tout d’abord qu’il y a là comme un air de déjà vu… car tous les ans ou presque, à la même époque, élus, enseignants et parents d’élèves sont dans l’incertitude, voire dans une certaine inquiétude, au sujet du devenir des postes maintenus ou non par l’éducation Nationale. Car si le Poher semble, a priori, relativement préservé cette année, il s’agit d’un mouvement de fond à l’œuvre depuis plusieurs années déjà. D’ailleurs, la suppression de postes comme au RPI Plusquellec-Carnoët-Plourac’h en est un signe indubitable qui doit nous conduire à demeurer particulièrement vigilants.

Car si la baisse du nombre d’élèves ne peut être ignorée, on constate néanmoins, avec une certaine irritation, une lecture parfois purement comptable et non humaine de la situation de nos écoles rurales.

En effet, au lieu de profiter de ces baisses d’effectifs, parfois uniquement conjoncturelles, pour améliorer les conditions d’apprentissage des élèves et les conditions de travail des enseignants, des décisions guidées uniquement par des choix budgétaires nous sont imposées, au détriment de l’éducation de nos enfants.

Il y a aussi, dans cette situation, un paradoxe difficile à cerner… Depuis plusieurs années, il est question de revitalisation des territoires ruraux, du besoin de repeupler les campagnes en attirant notamment les jeunes et les familles, etc. Et en parallèle l’éducation Nationale supprime des classes ou regroupe massivement les écoles… Or, on sait bien que l’école est indispensable pour fixer la population et attirer de nouveaux habitants et nous connaissons tous aussi la dimension structurante de ces petits établissements «à taille humaine» pour les territoires, ainsi que leur rôle important dans la création de liens sociaux.

Ne devrait-on donc pas plutôt privilégier la réduction du nombre d’élèves par classe, afin de préserver ces petites écoles, qui présentent de nombreux avantages comme ceux d’offrir de meilleures conditions d’enseignement et un meilleur accompagnement des élèves?

Il y a quelques années, Gauvain Sers chantait, en soutien à ces territoires en difficulté: «On est les oubliés, la campagne, les paumés, les trop loin de Paris, le cadet de leurs soucis…»

Alors, après la quasi disparition des petits commerces et d’une offre de soins accessible et de proximité, assistera-t-on bientôt à la fin de nos petites écoles rurales?

J.G