Cette question, posée par sa petite-fille, émeut toujours autant Jojo Lozac’h. Il partage bien volontiers, avec bonne humeur et non sans émotion, l’histoire de cette singulière « maison » perchée à 6 mètres de haut…
Pendant 40 ans, ce pré situé au lieu-dit Perentez, à Callac, était resté en friche. M. Lozac’h avait toutefois repéré une particularité du terrain : quatre beaux chênes formaient un carré de 4 m et semblaient tout indiqués pour construire une cabane là-haut.
En 2017, à 70 ans, c’est l’annonce par son médecin d’une polyarthrite qui va tout déclencher. Le mal risque d’évoluer et de le rendre incapable de bricoler. «C’est maintenant qu’il faut y aller», se dit M. Lozac’h, qui tient à respecter la promesse faite à ses petits-enfants de leur faire une cabane. Il tient d’autant plus à sa famille que son épouse est décédée quelques années auparavant…
Tous les jours, il va s’atteler à la tâche, oubliant ainsi la douleur, tant son enthousiasme est grand. «J’attendais avec impatience que le jour se lève… Et le soir, j’étais en « boule« parce que j’avais encore des choses à faire», se rappelle-t-il. Son principe de construction est simple: essayer de recycler un maximum de choses, car il a horreur du gaspillage. Il se fournit chez un ferrailleur ou récupère ce qu’on lui donne.
Avec la diversité des matériaux utilisés, la cabane présente certes un aspect hétéroclite, mais son ingéniosité impressionne. L’escalier d’accès utilise une branche maîtresse pour déboucher sur la pièce principale. On y trouve une cuisine, une douche, des toilettes, une vaste terrasse, un barbecue, une mezzanine, trois lits… Un chariot élévateur hors d’usage devient un ascenseur pour monter les lourdes charges, un vieil insert propulse de l’air chaud à l’étage! La cabane n’est reliée à aucun réseau: l’électricité est fournie par des panneaux solaires ou de vieilles batteries, l’eau provient d’une source du terrain. La sécurité est bien réfléchie : détecteur de fumée, extincteur…
La mise au point de la structure en bois n’a pas été simple, à cause des torsions dues au vent. Mais maintenant, la cabane résiste si bien aux tempêtes hivernales que lorsque le vent souffle fort, notre bricoleur vient y dormir: les craquements donnent l’impression d’être à bord d’un vieux gréement.Juste à côté se dresse fièrement un tipi de 13 mètres de haut, dont l’armature est composée de plusieurs jeunes peupliers, toujours bien vivants, qui ont été courbés pour se rejoindre au sommet. De nombreux aménagements insolites, tout en récupération, parsèment son terrain : cuisine d’été avec une immense table (un toit d’abribus brestois!), tyroliennes..
Olof Alexandersson