C’est pendant ses études en BTS agricole que Morgane Dahirel a découvert l’élevage de chèvres, peu pratiqué traditionnellement en Bretagne à cause de l’humidité du climat. L’animal lui a tout de suite beaucoup plu pour sa forte personnalité.

«La chèvre est attachante, car elle est très intelligente; trop même, car elle fait beaucoup de bêtises!»

Alors depuis deux ans, à Tréogan, sur des terres appartenant à ses parents, Morgane s’est lancée dans un élevage qui compte aujourd’hui 50 chèvres, de plusieurs races, dont de magnifiques Pyrénéennes, race à faible effectif, avec une toison très fournie. Elle les connaît toutes par leur nom et nourrit les chevreaux au biberon pour les sociabiliser.

Les chèvres produisent du lait de mars à décembre, après la mise bas. Morgane a choisi de ne faire qu’une traite par jour, le matin, ce qui lui laisse du temps pour transformer le lait obtenu. Celui-ci est aussi plus riche en matière grasse, ce qui donne de meilleurs fromages. Elle a choisi de s’installer en agriculture biologique, en essayant au maximum de produire sur la ferme ce dont ses chèvres ont besoin: foin, orge…

«La mise en route de mon laboratoire, de la flore bactérienne, n’a pas été simple, car je travaille avec du lait cru, donc non aseptisé: c’est du vivant!», explique-t-elle. «Il a fallu trouver le coup de main, surtout que le lait de chèvre est très peu gras, donc plus difficile à travailler. Au début, j’ai dû jeter pas mal de fromages… ou les manger moi-même.»

Par ses qualités, le lait de chèvre convient bien à ceux qui veulent un apport faible en calories ou aux intolérants au lait de vache.

Sa gamme s’est bien étoffée puisqu’elle décline son chèvre frais dans une dizaine de recettes: aux fines herbes, aux noix, aux épices… en plus de proposer des yaourts, des bûches ou de la tomme de chèvre. Elle associe aussi le miel ou la figue au cœur de ses fromages frais.

La vente de ses produits se fait beaucoup sur les marchés de la région: «C’est très riche d’avoir le retour du client en direct. Je peux adapter mes produits en fonction de la demande. C’est ainsi que je développe actuellement un camembert de chèvre.»

Bien sûr, pour réussir à assumer toutes ces tâches, Morgane ne compte pas ses heures. Il faut bien une dizaine d’heures chaque jour pour tout faire. De plus, l’année 2022 a été particulièrement difficile pour elle. Tout d’abord, seules 25 chèvres sur les 40 escomptées ont eu un petit, ce qui a réduit la quantité de lait disponible. Ensuite, la sécheresse a impacté la production, car l’herbe n’avait plus du tout la même qualité nutritive pour les animaux. Mais malgré ces différents aléas, Morgane garde intacte sa flamme et accueille volontiers stagiaires, scolaires ou visiteurs pour faire découvrir cet animal attachant et curieux qu’est la chèvre

Olof Alexandersson