A Saint-Hernin, l’épicerie «Chez Eliane» est un incontournable du commerce local. Pensez donc, cela fait 55 ans que son magasin est ouvert! Et Eliane Louarn, avec ses 76 printemps, n’entend pas s’arrêter là.

Un demi-siècle plus tôt, ses beaux-parents tenaient une boulangerie et elle a donc acheté le bâtiment attenant pour en faire une épicerie.

Bien sûr, elle a vu une évolution des modes de consommation durant cette longue période. «Quand j’ai commencé, se souvient-elle, j’ai vu des clients venir avec leur charrette tirée par un cheval. Beaucoup venaient à pied faire leurs courses. A l’époque, il y avait surtout des aliments de base au magasin et les gens achetaient en plus grande quantité. Ils faisaient toutes leurs courses ici.»

L’avènement de la voiture et des supermarchés a obligé Eliane Louarn à s’adapter.

Pourtant, en entrant dans l’épicerie –dont la façade vient d’être entièrement refaite par un peintre de Plévin–, on pourrait avoir l’impression que rien n’a changé. Le mobilier est encore largement d’origine, avec le comptoir en Formica et le carrelage à petits carreaux. Sur certaines étagères semble régner un joyeux désordre… Mais cette apparence est bien trompeuse: la commerçante s’est évertuée depuis des années à proposer une gamme de produits locaux, de qualité, qui attire des clients de toute la région.

C’est ainsi que légumes, fromages, viandes viennent directement de producteurs du Poher (par exemple, la Bêle Chèvrerie de Tréogan ou le Pot’Âgé de Saint-Hernin), certains vins sont livrés en direct du vigneron. Elle a une gamme de souvenirs ou de produits d’hygiène produits localement, tels les savons de Cow Parsley à Trébrivan. Pour trouver ces producteurs, Eliane n’utilise pas Internet («Ce n’est pas de ma génération!») mais fait confiance au bouche-à-oreille. Elle est ainsi toujours à l’affût de nouveautés qui renouvellent son offre et mettent en avant les producteurs locaux. Ceux-ci l’apprécient particulièrement. «Avec Eliane, c’est du sérieux, c’est carré», confiait ainsi une agricultrice dont elle vend les produits.

Elle tient aussi beaucoup au rôle social non négligeable que joue son commerce. Tout d’abord, elle est ouverte tous les jours (sauf le mercredi) et elle est toujours prête à dépanner et rendre service. En cas de besoin, on trouve une gamme de produits de première nécessité, depuis les produits ménagers et la papeterie jusqu’aux piles, en passant par le pain et les semences…

Elle connaît aussi bien sa clientèle qui n’hésite pas à se confier. Elle est parfois témoin de situations difficiles qu’elle essaie d’atténuer de son mieux… «Si vous n’étiez pas là, je n’aurais pas à manger», lui confiait ainsi une personne traversant un moment délicat. Alors, quand vous parlez de retraite à Mme Louarn, elle vous regarde avec un grand sourire: «Le travail c’est la santé! Préparer les commandes, gérer les stocks… Tout ça m’oblige à réfléchir et me maintient en forme. Et à partir du moment où on aime bien son travail, ce n’est pas une contrainte!».

Olof Alexandersson