«Le passé n’était pas le «bon vieux temps»! Prenez un domaine comme la santé… J’ai perdu un frère et deux sœurs. Ma sœur Mélanie était partie à l’âge de 4 ans, emportée par la «grippe espagnole». Lisa est morte à 12 ans de la tuberculose; et Yves à 15 ans, de la mucoviscidose. Et ma sœur Joséphine a bien failli mourir aussi de la «grippe espagnole».

J’ai vu des familles entières victimes de la tuberculose, comme nos voisins de Quénéquillec: toutes les filles sont mortes de la tuberculose, à part une.
Alors, non, ce n’était pas le «bon vieux temps»! La vie était dure…», nous a confié Arsène Robin.

Quel dynamisme et quelle santé pour un centenaire !

A voir et à entendre Arsène Robin, l’on a vraiment l’impression de se trouver face à un «jeune homme» de 101 ans.

Le pied sûr, le voici qui vient à votre rencontre d’un pas encore alerte, monte les escaliers sans pause, tenant à peine la rampe, et – sinon quatre à quatre – en enchaînant rapidement marche après marche!

Même vigueur quand ses mains fermes manient la bêche au jardin potager…
Et que dire de la conversation qui, ponctuée de gestes vigoureux, révèle une mémoire précise des faits, lieux et dates, quand bien même ceux-ci remontent aux années 20 ou 30 du siècle passé…

Les yeux d’un bleu limpide n’ont pas besoin de lunettes pour observer et montrer les photos des nombreux albums de famille qui égrènent un siècle de vie au cœur de la Bretagne paysanne.

Car Arsène Robin est aussi une mémoire vivante: mémoire de cette phénoménale évolution qui vit les campagnes basculer dans un nouveau monde, lui qui a été témoin de l’arrivée, dans les bourgs et fermes, de l’eau courante, de l’électricité, des premiers tracteurs et voitures, et qui – par ses métiers – a vécu les fulgurantes mutations de l’agriculture, au cœur même de ce monde agricole.

Mémoire de sa «petite» commune centre-bretonne de Pont-Melvez, aussi, dont il fut longtemps l’un des édiles, de ceux que l’on consulte encore pour un avis éclairé par la sagesse des ans et par une réflexion chargée de bon sens et d’expérience humaine.

Un entretien avec «Arsène» – ainsi que tout le monde l’appelle à Pont-Melvez, et ailleurs – c’est emprunter avec autant de plaisir que d’intérêt les chemins parfois oubliés de notre propre histoire, marchant sur les pas de nos anciens, entre souvenirs et réflexions, avec un «vieux Breton» du Poher, qui est né et a longtemps vécu aux portes de Carhaix, en Carnoët…


Voudriez-vous vous présenter brièvement?

«Je suis né à Kerguenou, en Carnoët, le 28 mars 1916, dans la ferme familiale. J’étais le neuvième et dernier enfant de la famille. Mais trois de mes frère et sœurs sont décédés en enfance…
J’ai vécu à Carnoët jusqu’à l’âge de 33 ans. Je m’y suis marié en juin 1942, avec Francine Lay, qui était aussi de la commune de Carnoët. Ses parents tenaient une ferme à Loch Masson, à la lisière de la commune de Plounévézel.
Je suis allé à l’école au bourg, puis j’ai fait une année en classe de sixième à Carhaix, après quoi je suis resté travailler à la ferme, de 1931 à 1935, année où mon père est mort, et où mon frère aîné, Jean, a repris la ferme.
Ensuite, je suis allé travailler pendant un an à Paris, où une de mes sœurs aînées tenait un commerce. J’avais un emploi dans un grand restaurant, où j’étais en quelque sorte sommelier, ou caviste.
Après cela, j’ai fait trois ans de service militaire, au 13e Dragons de Melun, où j’étais conducteur de char d’assaut. Puis, ce fut la Guerre, suivie de la démobilisation en 1940 et du retour à Carnoët pour travailler dans l’agriculture.
Après mon mariage, j’ai repris la ferme de mes beaux-parents, à Loch Masson, que j’ai tenue pendant 5 ans.
Et en 1949, nous sommes venus vivre à Pont-Melvez, petite commune entre Callac et Guingamp, où nous avons ouvert un petit commerce. On faisait de tout: épicerie, bar-tabac, restaurant… Et je travaillais aussi comme livreur-transporteur pour Coopagri –la Coopérative de Landerneau– pour laquelle je faisais les tournées de ramassage de la crème et de livraison d’engrais dans les fermes de la commune, puis dans tout le canton de Callac: 17 communes…
La crème était destinée à la fabrication du beurre: je faisais trois tournées de ramassage dans la semaine, et livrais la crème à Guingamp, à la Coopérative. Le camion ne roulait jamais à vide: à l’aller, il était chargé des grands pots de crème de 20 litres, et au retour d’engrais (etc.). Je ne chômais pas!
J’en ai fait du kilométrage! Par tous les temps, y compris dans la neige quelquefois…
J’ai pris ma retraite en 1980.
J’ai une fille, Marie-Louise, trois petits-enfants et six arrière-petits-enfants. Mais si je compte mes arrière-arrière-petits-neveux, j’ai vu six générations de la famille!»

Vous avez eu 101 ans au mois de mars… Quels sentiments et impression cela vous laisse-t-il?

«Oh!… pas grand-chose. Non… vraiment. C’est comme ça!»

Si l’on vous avait dit Avant-Guerre que vous atteindriez cet âge, qu’auriez-vous dit et pensé? Aviez-vous imaginé vivre plus d’un siècle?

«Non, bien sûr! C’est quand même assez rare. Je suis le premier de la commune à arriver à cet âge-là, depuis très longtemps. Je suis aussi le doyen du canton. Mais une ou deux doyennes me dépassent…»

Comment envisagez-vous l’avenir?

«Depuis quelques mois, j’ai moins de dynamisme, quand même.
Je trouve que les forces baissent. J’ai un peu plus de mal à faire mon jardin. Pourtant, je dors bien: bonnes nuits, bonnes siestes. J’ai bon appétit, mange bien, je fais à 101 ans le même poids que je faisais à 25 ans!…»

Quels souvenirs marquants gardez-vous de votre enfance vécue au lendemain de la Guerre 1914-1918…?

«De bons souvenirs! Même si la vie était dure, beaucoup plus dure que maintenant. Les travaux de la ferme étaient tous manuels. Aujourd’hui, c’est mécanique, tout est automatisé.
Nos parents devaient travailler dur pour nourrir une grande famille comme la nôtre. Mais nous n’avons jamais manqué.
Cette époque était aussi encore marquée par la Guerre 14-18 ; et tous ses morts. Pensez qu’une petite commune comme Pont-Melvez y a perdu cent jeunes hommes!… Ça a été une terrible tuerie! Un désastre. On a envoyé des millions de jeunes au massacre…
J’espère qu’on ne verra jamais plus cela!»

De quoi était faite votre vie quotidienne alors? Et les années, le rythme des saisons…? Voudriez-vous évoquer l’école, les travaux agricoles, mais aussi les relations humaines et les conditions de vie…?

«J’allais à l’école au bourg de Carnoët, à pied, naturellement et par tous les temps. C’est dans cette école que j’ai passé mon Certificat d’Etudes, que j’ai obtenu avec mention.
Pendant mon année de 6e à Carhaix, j’étais logé chez une de mes sœurs aînées, Joséphine Quenerch’du – appelée Fine – dont le mari travaillait dans le Réseau Breton, et qui habitait un peu au-delà du pont de la gare. J’allais donc aussi à l’école à pied.
Je me souviens d’ailleurs avoir vu paver la grand’rue de Carhaix, en 1930. Par la suite, tout cela a été goudronné. J’ai aussi connu l’époque où la route Carhaix-Callac n’était pas encore goudronnée…
J’étais le dernier enfant de la famille, et je ne faisais pas beaucoup les travaux de la ferme en rentrant de l’école, le soir.
Par contre, le jeudi et les vacances, il fallait aller garder les vaches, par tous les temps aussi! Le dimanche, on jouait avec les petits camarades des fermes d’alentour…
Et pour les moissons, les fenaisons, les récoltes et tous les grands travaux agricoles, les enfants étaient de la partie, même très jeunes; il fallait travailler!
A la maison, comme partout dans les campagnes, il n’y avait ni eau courante, ni électricité. Nous avions un puits au coin de la cour de la ferme, et l’éclairage se faisait à la lampe à pétrole ou au carbure, dans la maison comme dans les étables…
La cuisine se faisait sur feu de bois ou au charbon.
Les gazinières sont venues plus tard, dans les années cinquante…
La table était moins garnie qu’aujourd’hui! Il n’y avait guère de fromage, par exemple. Mais nous avions de la viande, car on «tuait le cochon», et du beurre, du lait, à volonté, des pommes de terre, de la bouillie d’avoine, du pain, bien sûr…»

Quelle impression vous reste, globalement, de cette époque d’Avant-Guerre (39-45), et quelles réflexions vous suggère-t-elle?

«Comme je l’ai dit, la vie était dure. Mais on n’était pas malheureux. Et il y avait beaucoup d’entraide entre les gens. On se réunissait pour s’aider aux gros travaux des champs.
Il n’était pas question de vacances – on n’en parlait même pas – ni des 35 heures!
Mais il y avait des veillées le soir, et on allait aux festoù noz et aux fêtes de la contrée: Carhaix, Poullaouën, Huelgoat, Callac…
Les campagnes étaient bien peuplées à cette époque-là, et à l’école, les classes étaient nombreuses. A Carnoët, l’école communale des garçons avait quatre classes, celle des filles trois classes, et l’école privée – celle des «Bonnes Sœurs» – en avait aussi trois, soit dix classes, toutes bien garnies!
Je garde un bon souvenir de l’école. Cela se passait bien. Il faut dire que j’étais bon élève. Sans me vanter, j’étais toujours dans les premiers, même à Carhaix, où seul un dénommé Le Bec, de Trébrivan, me devançait…»

Comment avez-vous vécu la Guerre 39-45, l’Occupation et ses événements tragiques?

«En 1940, mon régiment de chars d’assaut du 13e Dragons a reçu l’ordre de monter à l’attaque en Belgique. Il a été anéanti et les hommes rescapés ont dû être évacués par l’Angleterre, par Dunkerque…
Dès la première attaque, les chars, de très bons tanks modernes, tout neufs – des Hotchkiss et des Somua – sont restés bloqués en rase campagne, en panne sèche, et se sont fait encercler et pilonner!
J’ai sauvé mon char, comme deux ou trois autres, parce qu’il est tombé en panne sur le pont de Charleroi: un cardan cassé. J’ai donc été remorqué vers l’arrière, à Maubeuge, pour réparation dans un garage…
Ensuite, une fois la réparation faite, j’ai reçu l’ordre de ramener le char à Aulnay-sous-Bois, où il a été mis dans un profond souterrain… Les troupes allemandes ont dû le récupérer.
J’ai rejoint mon régiment qui avait été rapatrié en zone libre, dans le Midi, où nous avons été démobilisés le 16 août 1940.
Je suis rentré à Carnoët. Je me souviens que c’était le lendemain du pardon de Pénity…
Dans un premier temps, mon beau-frère, mari de ma sœur Marie, ayant été fait prisonnier, je suis resté l’aider jusqu’à mon mariage dans sa ferme de Quénéquillec, là où se trouve maintenant «la Vallée des Saints». Puis, après mon mariage, j’ai donc repris la petite ferme de 6 ou 7 hectares que mon beau-père avait récupérée, à Loch Masson.
L’Occupation n’a pas été trop dure pour nous, dans la campagne de Carnoët; pas pire qu’ailleurs…»

Il est courant de dire que le «monde» rural, la vie dans les campagnes – mais aussi les villes – a commencé à changer rapidement Après-guerre, notamment dans les années 1950-1960… Est-ce votre souvenir, et également votre sentiment?

«Oui, j’ai vu toute cette modernisation des campagnes: l’arrivée de l’électricité, de l’eau courante, des machines agricoles, des premières automobiles… Tout cela a changé la vie comme on n’en n’a pas idée aujourd’hui!
Quand j’étais jeune, on allait vendre des bêtes aux foires de Callac ou de Carhaix à pied: 13 kilomètres en guidant les vaches et les veaux, de Carnoët à Callac.
J’ai connu les chars à bancs et les chevaux…
Même quand je suis arrivé ici, à Pont-Melvez, en 1949, le bourg avait l’électricité, mais pas les campagnes. Après l’électrification, on a installé l’adduction d’eau, tracé des routes, fait le remembrement, transformé les terres. J’étais conseiller municipal à l’époque…
Non, on ne peut pas imaginer comme la vie a changé en quelques années!
Dans les fermes, maintenant, l’homme travaille la terre souvent seul, grâce aux machines agricoles. La femme a son emploi et son salaire en dehors de l’exploitation. De mon temps, ça se faisait en famille, et dans les grandes fermes, il y avait des ouvriers agricoles, des «domestiques», comme on disait alors…»

Quelles transformations ont été les plus marquantes, et ont alors changé le plus la vie quotidienne?

«Je crois que c’est quand même l’électricité qui a le plus changé la vie quotidienne et le travail! Quand on voit aujourd’hui tout ce qu’on fait grâce à elle… Et ce qui ne marche plus quand il y a des coupures!
Et voyez tout ce qui fonctionne actuellement avec une simple petite pile électrique!… C’est formidable!
C’est à Carnoët que j’ai vu un tracteur pour la première fois de ma vie. Il n’avait pas de pneus, mais des roues en acier, avec des crampons, comme tous les tracteurs d’alors. Il appartenait à un agriculteur nommé Hervé, et je me souviens qu’il servait à défricher les landes, à arracher les ajoncs pour faire des parcelles cultivables… Puis, assez rapidement, on a vu de plus en plus de tracteurs dans les campagnes, et toutes les machines agricoles.
Et je suis vraiment épaté de voir les machines qui existent maintenant, et le travail qu’elles peuvent faire; surtout quand on compare avec ce que nous devions faire à la main, à la faucille ou la faux, à la bêche, à la pioche et à la pelle…!
Quand je suis arrivé à Pont-Melvez, il n’y avait que trois automobiles dans toute la commune, en 1949! Celles des deux bouchers et du marchand d’engrais, à la gare…
Maintenant, il y en a deux, ou trois, par maison!»

Que diraient les anciens, ceux de votre jeunesse, s’ils pouvaient voir ce grand bouleversement que les «techniques» ont apporté dans la manière de vivre: eau courante, chauffage central, téléphone, auto…?

«Ils n’en croiraient pas leurs yeux! Ils seraient «fous» à voir tout cela!
Et si on nous avait raconté toute cette évolution quand j’étais jeune, on ne l’aurait jamais cru non plus.»

Les objets de toutes sortes se multiplient… Y en a-t-il trop?

«C’est un peu vrai. Trop de choses inutiles, du moins…»

Quand vous comparez les conditions de vie que connurent vos parents à celles que vous avez aujourd’hui, quelles réflexions vous faites-vous?

«Je pense que la vie est beaucoup plus facile aujourd’hui; la vie pratique, du moins.»

Outre l’évolution technique, il y a aussi eu une grande évolution des mentalités, des pensées… Les hommes et femmes d’aujourd’hui ressemblent-ils à ceux des premières générations que vous avez connues? En quoi sont-ils semblables? En quoi sont-ils différents? Les comportements ont-ils changé?

«Je crois qu’il y a moins d’entraide de nos jours. C’est resté un peu plus dans les campagnes et les petits bourgs comme ici…
Mais dans les grandes villes, bien souvent, les gens ne connaissent même pas leurs voisins!»

«Hier» était-il «le bon vieux temps» selon l’expression populaire souvent répétée ? Êtes-vous nostalgique de certaines réalités d’autrefois?

«Non, pas du tout!
Prenez un domaine comme la santé… Je vous ai dit que j’ai perdu un frère et deux sœurs. Ma sœur Mélanie était partie à l’âge de 4 ans, emportée par la «grippe espagnole». Lisa est morte à 12 ans de la tuberculose; et Yves à 15 ans, de la mucoviscidose. Et ma sœur Joséphine a bien failli mourir aussi de la « grippe espagnole».
J’ai vu des familles entières victimes de la tuberculose, comme nos voisins de Quénéquillec: toutes les filles sont mortes de la tuberculose, à part une.
Alors, non, ce n’était pas le «bon vieux temps»! La vie était dure…»

Parvenu à plus de cent ans, les amis d’enfance ne sont plus aussi nombreux; n’est-ce pas un vide difficile à vivre?

«C’est vrai! On n’a plus beaucoup de copains d’enfance, ni même d’amis de jeunesse… Et ils manquent.
Mais ici, j’ai des amis partout. Tout le monde connaît Arsène, forcément, depuis le temps que je «traîne» par là!
Je vais aux repas, aux fêtes, à des réunions… Je suis invité un peu partout, même par des amis anglais qui vivent ici depuis longtemps, et qui viennent de fêter leurs noces d’or…
Je suis un peu la mémoire de la commune; on a encore besoin de moi!»

Malgré les inévitables tracas dus au grand âge, vous vivez chez vous, autonome… Quel est le secret de ce dynamisme? Avez-vous une «recette» pour «vivre vieux», et qu’est-ce à vos yeux que «rester jeune»?

«J’ai une bonne santé, même si depuis cinq ans, j’ai une «pile» – comme on dit – pour aider un peu le cœur… Mais j’ai toujours été actif. Dans ma vie, j’ai «bossé»!
J’ai travaillé avec courage, et j’ai aimé ma vie. J’ai toujours eu un bon moral. Je suis allé de l’avant avec dynamisme…
Je n’ai jamais bu. Un peu de cidre, ou un peu de vin, très peu… Une vie saine!
Je continue à faire mon jardin potager, j’ai planté mes pommes de terre, mais un peu plus tranquillement cette année: quelques rangs par jour. Et jusqu’à l’an dernier, je faisais aussi le jardin de ma voisine, qui est bouchère.
Je me suis toujours intéressé à la vie municipale, et je continue à la suivre. Je m’intéresse aussi à l’actualité, à tout ce qui se passe ici et là…
Je vis chez moi, dans ma maison qui est maintenant un peu grande pour moi tout seul, mais une aide ménagère vient me donner un bon coup de main une fois par jour…
Voilà, on fait aller!»

Vous avez pris une part active à la vie communale en étant élu municipal pendant de nombreuses années. Quel souvenir en gardez-vous?

«J’ai été conseiller municipal pendant 18 ans, dont 6 ans premier adjoint. J’ai même fait fonction de maire pendant un an, parce que le maire, lui, était tombé malade…
Mais j’ai aussi été délégué de la M.S.A. pendant 17 ans, et président du comité de l’équipe de football locale pendant 18 ans…
Je me suis occupé de beaucoup de choses, et cela me laisse beaucoup de très bons souvenirs. Mais pas seulement des souvenirs: on vient encore souvent me voir pour discuter de choses et d’autres…»

Quel regard jetez-vous sur la politique nationale en ces temps d’élections?

«Ah! Cette fois-ci, je n’ai rien compris à cette campagne électorale!
Ça n’a ressemblé à rien. Je me demande où on va, et comment la France va sortir de là…»

Vous êtes breton, et de famille anciennement bretonne! Que représente la Bretagne pour vous? Et la langue bretonne?

«J’ai l’occasion de parler breton, de temps en temps, entre «vieux», mais moins que par le passé. J’aime bien parler breton, mais pas plus que cela, depuis le temps que je parle français!
Mais à Carnoët, à la maison puis dans ma jeunesse, c’est le breton qui était parlé partout…»

Auriez-vous aimé vivre dans une grande ville?

«Non! J’ai travaillé un peu boulevard Saint-Germain à Paris, et cela m’a suffit. La vie dans la grande ville ne m’aurait vraiment pas plu…
Ma jeune sœur, Jeanne, s’est plu à Paris, où elle tenait un commerce, avec son mari originaire de Brennilis. Mais elle est revenue en Bretagne finir ses jours. Elle a vécu jusqu’à 97 ans…»

La «doyenne de l’humanité», l’Italienne Emma Morano, est récemment décédée, à l’âge de 117 ans. Elle était restée autonome jusqu’à 115 ans, vivant dans son petit appartement, après avoir travaillé jusqu’à ses 75 ans… Espérez-vous une telle longévité?

«Effectivement, j’ai vu les informations sur cette doyenne. Mais je ne crois pas que j’irai jusque-là! J’ai eu la force pour travailler très bien jusqu’à l’âge de cent ans, mais j’en ai moins maintenant.»

Quel message adresseriez-vous aux jeunes et moins jeunes?

«Qu’est-ce que je pourrais leur dire? Qu’ils fassent bien leur travail… J’ai toujours voulu bien faire ce que j’avais à faire.
Et la famille a toujours été quelque chose de très important pour moi.»

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