Le Dr J. Irving Sands, s’adressant à un congrès annuel de médecins, déclarait :
«Il est peut-être bon de rappeler que changement et progrès ne sont pas nécessairement synonymes; que tout ce qui est nouveau n’est pas nécessairement bon, ni que ce qui est ancien n’est pas obligatoirement mauvais».
L’attrait de la nouveauté !
Jamais peut-être ce désir du «nouveau» n’a été aussi fort, et ce en tous domaines !
Les publicitaires le savent et usent et abusent du terme nouveau ou de qualificatifs semblables.
«La mode» si changeante en apporte la démonstration.
«Être à la mode», vestimentaire, de coiffure… est quasi obligatoire dans certains cercles, sous peine d’être taxé de passéiste, archaïque, «pithécanthrope», ou d’autres amabilités, moqueuses ou caustiques!
Et pourtant le propre de la mode n’est-il pas d’être, très vite, «démodé» ?
La mode ou les modes en tous genres ne sont pas toujours dépendantes des diktats des couturiers parisiens et autres « faiseurs de mode ».
…Les signes de reconnaissance du milieu ou d’une coterie, qu’ils se veuillent aristocratiques ou symboles des «blousons noirs» ou autres jeans déchirés… d’une certaine jeunesse, et de moins jeunes, sont autres, mais quels qu’ils soient, ils sont obligatoires, pour être reconnus et acceptés…
Sinon c’est le rejet, l’ostracisme des regards ou des faits !
Il faut une grande force d’âme pour choisir ou subir d’être différent.
Peu de jeunes s’y risquent et même beaucoup d’adultes ne l’oseraient pas!
Pourtant combien relatifs sont les us et coutumes,
et des fraises du temps d’Henri IV aux perruques des Louis XIV et autres prétendus grands,
en feuilletant les pages si diverses de la mode des civilisations, on s’étonne de découvrir les accoutrements souvent inconfortables, ridicules parfois… qui étaient la norme obligée de ces générations…
On en rirait, parfois avec raison et sans malice! si en considérant notre époque nous n’avions pas au moins autant de raisons de sourire devant le spectacle des tenues (ou du manque de tenue !), des oripeaux qui se succèdent au gré des fantasmes ou des calculs financiers ou autres de décideurs connus ou en retrait.
«Comment peut-on être persan ?»
La réaction des gens du XVIIIe siècle devant l’étranger n’était pas une preuve d’intelligence ni de modestie… pas plus que de l’élémentaire «savoir-vivre» !
Les chansons et ritournelles ont très souvent une popularité éphémère, tout comme les mots argotiques et postures «de saison»…
Mais l’attrait, ou la dictature du «nouveau» s’exerce aussi dans le domaine, si vaste, des objets…
et parmi eux l’automobile n’est pas absente de cette course à la vanité…
Non point que de réelles avancées techniques en ce domaine comme en d’autres soient à mépriser, bien évidemment, mais la soif de nouveauté, «le besoin» du changement ne se matérialisent pas que dans l’utile, le confortable ou le beau et l’harmonieux…
Saluons tous vrais progrès, infimes ou considérables, et soyons reconnaissants envers les chercheurs, découvreurs et concepteurs… Mais ne nous laissons pas abuser par le factice.
Il en est de même quant aux mœurs, aux modes de vie… «autre temps, autres mœurs» dit un dicton…
L’observation est pertinente.
Mais, sans devenir ermite ou un original qui se targue de l’être,
il est possible de garder une distance de bon sens et de liberté.
Les critères de choix et de décisions ne devraient pas être «la mode», «la peur du qu’en-dira-t-on », le mimétisme grégaire… mais ce qui est adapté aux réalités, non ostentatoire, décent… et peut-être aussi d’un coût raisonnable !
La raison ne se trouve pas toujours à ces rendez-vous-là !
Que de bouleversements sont intervenus en quelques décennies !
Parfois heureux, parfois sans grand intérêt, parfois hypothéquants, voire nocifs.
Telle une marée ininterrompue, ils déferlent…
Quelles vigilance et volonté il faut pour demeurer un être libre !
Les Amish, à l’ancestrale expérience, ont établi une règle qui les amène à prendre le temps d’éprouver «les modernités» avant d’éventuellement les adopter.
La passion, l’envie, la convoitise, ne supplantent pas la sagesse.
Bien des traditions ont disparu… et dans certains cas, c’est une libération de préjugés ou de contraintes que le temps avait sacralisés. Mais pour certaines, il y a lieu d’émettre doutes et parfois regrets.
Parmi les conséquences plus que bénéfiques des «changements», toutes les avancées sociales, souvent résultats de luttes persévérantes, sont à marquer d’une pierre blanche sur le chemin de notre humanité.
Tout n’est pas achevé, et il demeure de grands objectifs à atteindre…
Les soubresauts de l’histoire nous enseignent que les biens supérieurs, dont la liberté est l’un des fleurons, sont fragiles.
Il faut veiller afin que d’autres «changements» ne soient retour en arrière…
Dans notre vie personnelle comme dans la société,
la parole du Dr Irving Sands – tel un devoir de philosophie – est un rappel précieux !
Un regard attentif sur les civilisations passées et présentes,
une réflexion profonde sur le sens de l’existence, et sa finalité,
une écoute attentive du message toujours actuel, car intemporel, de la Bible
aideront qui veut ne pas «gâcher» sa vie, d’autant qu’il n’y a pas ici-bas de seconde chance.
«Nouveau» ? «Ancien» ?
L’Ecclésiaste concluait :
«Il n’y a rien de nouveau sous le soleil !
Ce qui a été, c’est ce qui sera, ce qui s’est fait se fera.»
Alors, laissons au Dr J. Irving Sands la conclusion :
«Les Dix Commandements sont anciens, en effet, et cependant ils constituent le plus grand code d’hygiène mentale et le meilleur ensemble de règles morales jamais énoncé.»